Le doute et le désarroi s’installent

Pandémie et communication

Le pays semble dans l’incertitude et le doute. Les citoyennes ne savent plus ce qui se passe, face à des chiffres inexpliqués, des ordres jugés plus arbitraires qu’utiles.

Et si le gouvernement, pour prolonger les restrictions prises deux semaines avant dans Casablanca,  a «communiqué» par anticipation (4 jours SVP contre 14 heures auparavant !), il a prêché par légèreté, par un communiqué laconique qui renvoie à son précédent communiqué… Allez y comprendre quelque chose!

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que les pouvoirs publics avaient bien géré la période de confinement. Le Maroc était même donné comme exemple par des nations bien avancées et envieuses.

Mais, depuis le déconfinement en juin dernier, l’Exécutif ne sait plus sur quel pied danser.

Les ministères impliqués dans la gestion de l’épidémie ressassent des éléments dont on ne sait plus l’utilité.

Les chiffres avancés, au lieu qu’ils soient convaincants, sont destinés à faire peur aux citoyennes comme s’ils n’étaient pas acquis à la cause contre la pandémie.

Mais le commun des mortels ne se connait pas en chiffres et «analyses «savantes». Mais il veut comprendre ce qui se passe dans le pays (et à Casablanca, poumon de l’économie nationale).

Le gouvernement semble vivre dans un autre monde, extraterrestre, et ne daigne pas répondre aux nombreuses interrogations légitimes du peuple.

Aussi, à lire les chiffres avancés, apparemment sans grande conviction, l’on se demande si leurs auteurs ne disposent pas de la capacité intellectuelle et scientifique pour donner une idée précise sur la situation épidémiologique du pays. Ou bien, au contraire, ils utilisent l’opacité, au niveau de l’information, pour laisser se propager l’incertitude et le doute, le désarroi et la peur.

Dans les deux cas, il faudra savoir que l’on ne peut gouverner par la peur, sous peine de provoquer, à dieu n’en plaise, des convulsions sociales, la situation économique et matérielle (à côté du moral) est devenue inquiétante, insoutenable pour des pans entiers de la nation.

La laissera-t-on pourrir encore et encore pour réagir, en pompiers, et éteindre la colère citoyenne?

Car, valeur d’aujourd’hui, sur le plan de la communication, le gouvernement ne sait pas (ou ne veut pas ?) expliquer, par la didactique et la pédagogie, afin que les citoyens comprennent, d’abord, pour se convaincre des mesures décidées.

A ce titre, rappelons quelques principales failles officielles.

D’abord, si l’on avance que le virus circule fortement, il faudra préciser, en même temps et longuement, son opportunisme, qui veut qu’il soit dangereux et mortel pour les personnes âgées qui ne disposent pas d’une bonne immunité, mais aussi pour toutes les catégories d’âges qui présentent des maladies chroniques.

Face à cette grande menace, il est aberrant de continuer à occuper les foyers par une télévision publique à domination «feuilletons» turcs, mexicains ou autres (plages de grande audience !) … sans les entrecouper par des spots intelligents de communications répétitifs sur la Covid-19.

Ensuite, les citoyens ne comprennent pas pourquoi les personnes testées négativement ce mercredi ne le seront pas, automatiquement, vendredi ! Une explication grand public est, dès lors, exigée.

Aussi s’il y a de plus en plus de tests, il est normal que le nombre de nouveaux cas augmente, sachant que le virus circule vite. Et plus l’on fera de tests, plus nous aurons une situation virale qui croît. Alors pourquoi bombarder les Marocaines avec des chiffres alarmistes sans distinction des cas asymptomatiques des cas actifs, sans précision aucune des détails des hospitalisations, au niveau national et de chaque région et localité, et des situations dans les réanimations et les soins intensifs???

Enfin, il suffit de regarder le contenu du communiqué des autorités de Mohammédia sur les nouvelles restrictions, alors que, selon le tableau officiel, la ville n’a connu, lundi, que 5 nouveaux cas et aucun décès. !

Alors pourquoi toutes ces mesures et que croire et, surtout, quelle leçon en tirer?

Mohamed Khalil

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