L’Unesco appelle à considérer le vaccin comme un bien public mondial

Lutte contre le Covid-19

L’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco), a appelé, mercredi, à considérer le vaccin contre le Covid-19 comme «un bien public mondial».

Dans une Déclaration, le Comité international de bioéthique de l’UNESCO (CIB) et la Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies (COMEST) ont appelé à «un changement de cap dans les stratégies actuelles de vaccination contre le Covid-19, en demandant instamment que les vaccins soient considérés comme un bien public mondial».

L’objectif serait, selon ces deux instances qui ont une longue expérience en matière d’orientation éthique sur les questions sensibles, de garantir que la mise à disposition des vaccins soit équitable dans tous les pays et ne constitue plus un privilège réservé aux États les plus offrants.

La déclaration du CIB-COMEST, prononcée au cours d’un événement en ligne rassemblant à la fois les organes traitant de l’éthique à l’Unesco, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, et le Professeur Jeffrey Sachs de l’Université Columbia, met en lumière trois messages essentiels.

Premièrement, l’industrie pharmaceutique a la responsabilité de partager la propriété intellectuelle obtenue avec le soutien des pouvoirs publics, afin de permettre aux laboratoires dans tous les pays de fournir un accès universel aux vaccins, ces derniers devant être considérés comme un bien public mondial. Le CIB et le COMEST rappellent également que ces industries ont une responsabilité en ce qui concerne l’investissement dans des usines capables de produire les vaccins ayant l’efficacité la plus élevée et en facilitant une distribution rapide là où c’est nécessaire.

En second lieu, le CIB et le COMEST affirment que l’accès au vaccin par le plus grand nombre d’individus ne saurait être le seul critère moral. L’égalité, l’équité, la protection contre la vulnérabilité, la réciprocité, ainsi que l’intérêt supérieur des enfants doivent également être pris en compte. En outre, les décisions à prendre en vue d’une distribution équitable, tout comme la définition des priorités devraient être prises en charge par un groupe multidisciplinaire d’experts en bioéthique, droit, économie et sociologie, et de concert avec des scientifiques.

Enfin, selon le CIB et le COMEST, les stratégies de vaccination devraient être fondées sur un modèle non-punitif et non-obligatoire, reposant sur l’information et l’éducation, et nourri de dialogues avec des individus susceptibles d’être réticents ou hostiles. Le refus d’être vacciné ne devrait pas porter atteinte aux droits fondamentaux des individus et, en particulier, aux droits d’accès aux soins ou à l’emploi.

Parmi les autres questions abordées par la déclaration figurent la coopération internationale des différents secteurs travaillant sur le COVID-19 dans le but de partager les bénéfices de la recherche ; les problèmes de durabilité favorisant l’émergence de maladies zoonotiques ; la confiance en la science et dans les autorités de la santé ; et l’impératif capital de dialogue entre les sciences, l’éthique, la politique et la société civile.

«L’annonce des campagnes de vaccination de par le monde a été accueillie par un soupir de soulagement général», a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. «Un tel objectif ne saurait être atteint sans solidarité ; or, plus de 130 pays n’ont pas encore reçu une seule dose de vaccin et jusqu’à présent, les plus vulnérables ne sont pas protégés.»

«Si certains pays industrialisés ont suffisamment de vaccins pour protéger toute leur population à deux, trois voire cinq reprises, le Sud est laissé pour compte, quant à lui», a déploré la Directrice générale de l’Unesco.
Elle a également regretté qu’en l’état actuel des choses, les habitants de nombreux pays en développement n’auront pas accès aux vaccins avant le courant de l’année 2022. «Si les dernières annonces du G7 sont encourageantes, elles doivent se traduire par la distribution concrète de vaccins dans les pays en développement», a estimé Mme Azoulay.

« Nous n’éradiquerons la pandémie nulle part si nous ne l’éradiquons pas partout», a déclaré de son côté le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

«En fin de compte, l’équité en matière de vaccins ne constitue pas seulement une action juste mais le meilleur moyen de contrôler la pandémie, de rétablir la confiance et de relancer l’économie mondiale. C’est pourquoi je me réjouis de la déclaration des comités d’éthique de l’UNESCO quant à l’équité et la solidarité en matière de vaccins. Elles arrivent à point nommé. (…) Ensemble, nous pouvons mettre fin à la pandémie !», a-t-il dit.
Pour sa part, le Pr Sachs a demandé au Fonds monétaire international (FMI) d’autoriser les pays en développement à recourir aux droits de tirage spéciaux afin de financer le développement des vaccins, ajoutant que les pays développés devaient faire preuve d’une plus grande solidarité et contribuer au financement de la Facilité COVAX. « Il s’agit d’une minuscule fraction vis-à-vis des milliers de milliards de dollars déboursés dans la lutte contre la pandémie mais c’est le dernier kilomètre à parcourir afin de garantir la disparition concrète du COVID-19», a-t-il ajouté.

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