A cheval entre «passés complexes» et «futurs divers»

Journée internationale des monuments

Par Sofia El Aouni (MAP)

La Journée internationale des monuments et des sites, célébrée le 18 avril, offre l’opportunité d’explorer le patrimoine culturel de l’humanité et sensibiliser les communautés locales à son importance et au besoin pressant de le mettre en valeur.

Pour ce 40è anniversaire célébré dans un contexte particulier de crise sanitaire généralisée, le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) a retenu comme thème «passés complexes, futurs divers», très significatif tant le monde a besoin aujourd’hui plus que jamais de se projeter vers un avenir prometteur, tout en gardant un œil sur un passé assez complexe. Au Maroc, précisément, la riche architecture portant la trace de maintes civilisations ne manque ni de beauté ni de variété.

Murailles fortifiées, médinas, minarets, portes monumentales ou encore ksar et kasbahs, ces monuments et sites constituent une cheville ouvrière de l’identité du Royaume, qui ne ménage aucun effort pour mettre en relief ses «mille et un trésors».

La médina de Tétouan (ancienne Titawin) figure sur la liste du patrimoine, au côté de Rabat, moderne et historique, choisie comme ville lumière et capitale culturelle du Maroc.

Sont inscrits également la ville d’El Jadida (Mazagan), le site archéologique de Volubilis, exemple exceptionnellement bien préservé d’une grande ville coloniale romaine. La médina de Fès, modèle de cité islamique protégée, figure aussi dans la liste du patrimoine mondial, au côté de la médina de Marrakech, Ksar d’Ait-Ben-Haddou. La médina d’Essaouira, Mogador, exemple remarquable et bien préservé de ville portuaire fortifiée de la fin du XVIIIe siècle et la ville historique de Meknès.

L’inscription de la capitale de Moulay Ismaïl dans la liste du patrimoine mondial a été salué par le comité chargé d’inscrire le bien proposé, qui s’est réjouit de l’inscription de cette ville, “renforçant ainsi la cohérence de la série des médinas du Maghreb». Ceci démontre le grand effort déployé par le gouvernement marocain dans la préservation des sites et monuments, en veillant à ce qu’ils conservent leur caractère exceptionnel notamment en protégeant les façades des médinas ainsi que les abords.

C’est ainsi qu’un nouveau projet a vu le jour, visant à inscrire les Iguidar (sg.agadir) ou Ighermane (sg.ighrem) traduits communément par Greniers Collectifs, au patrimoine mondial de l’UNESCO. Sur le site du ministère de la Culture, le document du projet explique à cet égard que le domaine des Iguidar a perduré au Maroc en conservant son authenticité.

Avec 554 édifices recensés sur l’ensemble du territoire national, ces éléments identitaires saillants “méritent une attention particulière pour les protéger et les promouvoir davantage afin de les ériger en patrimoine universel reconnu par l’UNESCO”, relève-t-on.

Cependant, malgré ces avancées en matière de protection et de promotion de cet héritage culturel, la réalité mondiale des monuments et des sites historiques et culturels semble ondoyante. Cette mutation constante, selon le professeur de droit à l’université de Limoges, Michel Prieur, résulte “à la fois du fait d’évolutions propres à ce patrimoine (…pression du tourisme culturel, coûts des travaux d’entretien et de restauration) et du fait d’événements extérieurs tels que la décentralisation en marche”.

“Avec la Convention de Paris de 1972 sur le patrimoine mondial naturel et culturel, une approche nouvelle des monuments est apparue…la protection des monuments remarquables est désormais mondialement admis”, a souligné M. Prieur dans son introduction du livre “Les monuments historiques, un nouvel enjeu?”, paru aux éditions L’Harmattan. Suivant cette nouvelle donne, le 11éme Objectif de développement durable (ODD), Villes et communautés durables, a inclu dans son 4éme point, le renforcement des efforts de protection et de préservation du patrimoine culturel et naturel mondial.

Néanmoins, la reconsidération de la place que les monuments historiques occupent est désormais devenue une nécessité au vu de l’intérêt qui dépasse les considérations locales et nationales. Il est ainsi devenu essentiel de reconnaître et consacrer le patrimoine culturel notamment les monuments et sites historiques, comme une valeur fondamentale et lui donner une place centrale au niveau des politiques publiques.

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