La Cour Suprême appelée à la rescousse

Elections présidentielles polonaises

Après avoir mis en cause les irrégularités ayant entaché l’élection présidentielle du 12 Juillet dernier et notamment l’impartialité de la télévision publique, la Plateforme civique (PO), principale coalition de l’opposition polonaise dont le candidat Rafal Trzaskowski, maire libéral de Varsovie, a perdu ce scrutin, d’une courte-tête, face au président sortant Andrzej Duda – 49% contre 51% – a annoncé, ce jeudi, avoir déposé un recours auprès de la Cour Suprême.

Affirmant que cette élection n’était ni «équitable» ni «honnête» dans la mesure où «l’ensemble de l’appareil d’Etat» avait «enfreint la loi» en apportant un soutien clair et net au président sortant, le chef de la Plateforme civique, Borys Budka, a annoncé avoir demandé à la plus haute juridiction du pays d’invalider ce scrutin. Selon la Constitution polonaise, la Cour Suprême a jusqu’au 3 Août pour se prononcer sur la validité de cette élection.

Le recours en annulation déposé par l’opposition est appuyé par les plaintes pour «irrégularités» émanant de 2.000 personnes et ayant trait à des problèmes liés à l’inscription sur les listes électorales dont, principalement, la non-transmission aux électeurs qui résident à l’étranger des documents requis pour participer au scrutin.

Des observateurs de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (O.S.C.E.) ont indiqué, lundi,  que ce scrutin a été «terni» par une couverture très partiale par la télévision publique. Dans un communiqué du bureau de l’OSCE chargé des Institutions démocratiques et des droits de l’homme (ODIHR), Thomas Boresup, le chef de la mission spéciale d’évaluation des élections, a reconnu que, d’une part, la campagne électorale et «la couverture par les médias publiques ont été marquées par une rhétorique homophobe, xénophobe et antisémite» et que, d’autre part, «la polarisation politique était telle que le manque d’impartialité dans la couverture des médias publics a nui à des élections bien conduites».

Pour rappel, durant la campagne électorale, le président sortant, Andrzej Duda soutenu à bouts de bras par Jaroslaw Kaczybski, le chef du parti conservateur nationaliste, «Droit et Justice» (PiS) avait dénoncé, avec des accents à forts relents populistes, «l’idéologie LGBT» et les adoptions par les couples homosexuels.

Accusé par l’opposition d’avoir fait reculer les libertés acquises après la chute du communisme quand bien même il se targue d’avoir accordé aux agriculteurs, aux ouvriers, aux chômeurs et aux retraités les importantes aides sociales préconisées par le PiS, le président sortant avait, de son côté, reproché à son rival de la Plateforme civique son intention de raffermir les liens avec cette «communauté imaginaire dont il y a peu à tirer» qu’est l’Union Européenne et d’avoir promis à ses électeurs de donner une suite favorable aux demandes de compensations des juifs persécutés sur le sol polonais durant la deuxième guerre mondiale alors que leurs requêtes devraient être adressées à l’Allemagne.

La Cour Suprême polonaise va-t-elle invalider les résultats du scrutin présidentiel du 12 Juillet et appeler à l’organisation d’une nouvelle consultation ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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