«L’activité des bureaux de change est agonisante»

Entretien avec Younes Al Honsali, secrétaire général de l’association casablancaise des bureaux de change

Propos recueillis par Karim Ben Amar

La pandémie liée au nouveau coronavirus Covid-19 a porté un coup dur à l’économie mondiale. Le Maroc est tout aussi touché par cette crise sanitaire qui impacte durement l’économie planétaire. Pour cause de baisse considérable des exportations mais aussi du tourisme en berne, le secteur des bureaux de change traverse une crise sans précédent. Ces bureaux de change représentent environ 800 points de vente au Maroc, avec un capital social total de 1.6 milliards de dirhams travaillant en temps élargi (24 h /24) et (7 jours /7) pour offrir un service de qualité aux MRE, touristes et résidents. Mais par les temps douteux que traverse le monde, cette activité est en souffrance. Pour connaître l’ampleur de la crise dont pâtissent les bureaux de change,  l’équipe d’Al Bayane a contacté Younes Al Honsali, gérant de la société Qualité de change, Secrétaire général de l’association casablancaise des bureaux de change, et trésorier adjoint de la fédération nationale des bureaux  de change. Quel est l’impact de la pandémie sur la situation du marché de change ? La baisse des devises a-t-elle impacté l’économie nationale ? L’État a-t-il pris des mesures pour pallier à cette situation ? Il se livre sans détour.

Al Bayane: Quel est l’impact de la pandémie sur la situation du marché de change ? (export et tourisme en forte baisse…).

Younes Al Honsali: La pandémie a battu de plein fouet ce secteur, surtout que les bureaux de change ont une  activité unique qui consiste  à l’achat et vente des devises, Malgré la réouverture partielle depuis  juillet  des frontières, ces derniers n’ont pu réaliser que 10% de leur chiffre d’affaires par rapport aux années précédentes. Ces chiffres sont loin de couvrir les charges quotidiennes pour entretenir les portes ouvertes de ces bureaux.

L’activité de ces bureaux est presque morte et elle ne peut plus assurer les salaires de ses 5000 familles. Ceci peut entraîner un licenciement massif,  surtout que les aides des fonds covid se sont arrêtés en fin juin en considérant que cette activité ne rentre pas dans le secteur du tourisme.

Est-ce-que l’équilibre entre le marché parallèle et le marché légal a été rompu?

Le marché parallèle est de plus en plus présent  et augmente l’aggravation de la crise sur le  marché légal, surtout que le 1er arrache une plus grande partie de devises entrant sur le marché marocain en cette période.

Cette situation de baisse de devise peut-elle impacter l’économie nationale?

Oui, bien sur que l’économie national a été impactée, tout en sachant que les bureaux de change collectent 80% des billets de banque étrangère qui rentrent au Maroc, soit autour de 50 Milliards de dirhams chaque année et ces chiffres ont baissé de plus ou moins de 90% à partir de la fermeture des frontières en mars 2020.

Quelles sont  les mesures que l’État peut prendre en ce sens?

Pour palier à cette situation, la fédération nationale des bureaux de change s’est  réunie à plusieurs reprises avec leur tutelle de la direction de l’Offices des changes pour trouver des solutions en élargissant le champ d’activité à titre d’exemple ; de nous autoriser à exercer une activité de transfert d’argent, de vente de produits d’assurance, de réaliser des opérations de vente de devises pour les dotations d’affaires, professionnelles, médicales et exceptionnelles , à ouvrir des comptes en devises auprès des banques pour y loger leurs excédents à l’instar de ce qui se pratique en Tunisie et création d’une salle des marchés inter-bureaux de change.  L’Office des Changes a opté pour donner son accord de principe pour trouver des conventions avec les sociétés de paiement. A cet effet, la FNAR a signé une convention qui est en phase d’étude par l’Office des changes pour donner son accord définitif.

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