Listes régionales et représentation féminine : «L’égalité des genres est une question de société»

Trois questions à Amina Toubali

Propos recueillis par A. CHAHBOUN- MAP

Initiative « audacieuse », la proposition de listes régionales des femmes en prévision des prochaines élections est perçue par le mouvement féministe comme un pas en avant vers la parité.

Telle est l’analyse d’Amina Toubali, membre de la Coalition « Parité maintenant », pour qui le prétexte du manque de compétences des femmes n’est plus tenable, un fait qui interpelle à ses yeux les partis à faire davantage en faveur des candidatures féminines.

Quelle est votre lecture de l’introduction des listes régionales de femmes dans le système électoral ?

En premier lieu, Je me permets d’exprimer à quel point je suis heureuse des projets de loi et des propositions juridiques présentés par l’exécutif en vue d’une plus grande présence de la femme dans les conseils électoraux. Nous considérons que cette initiative audacieuse tire sa force de la supervision de sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui pense toujours des stratégies pour soutenir la femme et maintenir l’égalité des genres.

La présence de la femme dans les listes régionales facilitera sa présence davantage dans les instances élues. Un résultat que nous considérons comme très positif, dans le sens où il prend en considération une partie de nos revendications pour notre combat en faveur de la parité.

En outre, ces réglementations donneront l’opportunité à toute femme marocaine, en zone urbaine ou rurale, de participer à la gestion locale, car sa présence est nécessaire par la force de la loi. Ceci n’est qu’un pas en avant pour encourager la démocratie participative.

Les partis politiques sont-ils prêts à relever le défi consistant à réserver le tiers des sièges au moins aux femmes dans le cadre d’une liste spéciale ?

Aujourd’hui les partis politiques doivent encourager à leur tour la présence de la femme dans les listes électorales, du fait qu’une proportion de 90 femmes sur un total de 395 membres de la Chambre des représentants demeure insuffisante. De même, il sera avantageux d’investir dans les expériences des anciennes femmes parlementaires en les intégrant à nouveau dans l’institution législative.

Cette étape encouragera non seulement la participation des femmes dans les listes régionales, mais permettra aussi une normalisation de la présence de la femme aux cotés des hommes pour lutter contre la discrimination.

La parité ne paraît-elle pas encore hors de portée sachant que les formations politiques ne sont pas suffisamment ouvertes aux compétences féminines ?

L’impossible n’existe pas face à la volonté collective. L’égalité des genres est une question de société qui nécessite des réformes juridiques, des messages de sensibilisation, une éducation à la culture de l’égalité et une lutte contre les discriminations au sein de la famille et à l’école. Il convient de mettre à contribution les hommes de foi pour corriger toutes les idées fausses sur les textes religieux. C’est dans l’intérêt de l’existence d’un climat approprié pour raviver la culture de l’égalité au sein des sociétés.

En outre, les partis politiques, un véritable miroir de la réalité sociale, doivent contribuer à cette fin. Ils disposent des outils nécessaires pour encourager la présence des femmes dans toutes les institutions et organes élus.

Aujourd’hui nous n’accepterons pas le prétexte du manque de compétences des femmes, car les chiffres démontrent le contraire. Les partis reçoivent des fonds publics pour former les citoyennes et les citoyens sur un pied d’égalité, et ce n’est pas dans leur intérêt d’admettre qu’ils n’attirent que des hommes qualifiés.

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