«Pour fuir leur «marginalisation», des scénaristes amazighs recourent à la langue de l’autre»

Mohamed Zeroual,  écrivain et critique de cinéma

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

Malgré la reconnaissance de l’amazighe dans la nouvelle constitution de 2011, le rythme de la production du film amazigh est resté stable dans un film ou deux maximum, estime  Mohamed Zeroual,  écrivain et critique de cinéma.  Selon lui, l’officialisation et la reconnaissance de l’amazigh dans la constitution n’ont  pas encore changé la donne pour ce cinéma parce que les Fonds d’aide gardent la même  méthode du traitement des dossiers au sein des commissions c’est-à-dire la situation de l’amazigh n’a pas changé sur ce volet.

Al bayane : Comment définissez-vous  le  cinéma amazigh?

Mohamed Zeroual : Au Maroc, La problématique dans la définition du film ou du cinéma amazighs est relative  à la question de l’identité. En effet, si on n’a pas encore  tranché avec la question de  notre identité marocaine;  ça sera difficile de donner une définition ferme et définitive  de la création. Par ailleurs, quand on parle du film amazigh, on trouve également  le film amazigh en Algérie, en Tunisie, en Libye,  et en Mauritanie.  Qu’elle est la place alors du film amazigh algérien au Maroc vis-versa ?  Il faut reconnaitre aussi  la présence d’un film amazighophone  au sein du cinéma marocain.

Comment évaluez-vous l’état de santé du film amazigh depuis 2011 jusqu’à nos jours surtout avec l’officialisation de l’amazigh dans la constitution?

A mon avis, aucun changement !  Le rythme de la production du film amazigh est resté stable dans un film ou deux maximum. Ainsi, l’officialisation et la reconnaissance de l’amazigh dans la constitution n’ont  pas encore changé la donne pour ce cinéma parce que les Fonds d’aide gardent la même  méthode du traitement des dossiers au sein des commissions. Donc la situation de l’amazigh n’a pas changé sur ce volet. Par ailleurs le nombre des projets de films amazighophones présentés la Commission d’aide à la production des œuvres cinématographiques a augmenté.

Quid de la distribution est bête noire du film amazigh au Maroc?

La question de la distribution ne touche seulement le film amazigh ou amazighophone,  mais c’est un problème du cinéma d’une façon générale surtout après le recul des salles de cinéma. Donc, la seule issue pour les films pour êtres vus, ce sont les festivals. Les longs métrages les plus réussis, ce sont ceux des films de très  bonne qualité sur le plan cinématographique et artistique.

Certes, le langage cinématographique est universel, mais pensez-vous que les films en langue amazighe ont une chance de briller dans d’autres cieux?

Avec les nouvelles technologies, le sous titrage, la langue ne constitue pas une véritable entrave pour le film amazigh. Or, ce qui est important, c’est la qualité.

Selon vous pourquoi certains scénaristes et écrivains amazighs écrivent dans la langue de l’autre?

De prime abord, le problème du scénario dans notre pays  est relatif à la formation des scénaristes. Pour ce qui est des sujets, la culture marocaine en générale  et amazighe en particulier constituent une source inépuisable ayant  besoin de nouvelles formes d’écritures. C’est vrai, il y a des scénaristes amazighs qui écrivent dans la langue de l’autre pour fuir la marginalisation.

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