Somalie : Vers la tenue de nouvelles élections présidentielles

Attendons pour voir….

Nabil El Bousaadi

La Somalie, ce petit pays d’un peu plus de 15 millions d’habitants situé à l’extrémité orientale de la Corne de l’Afrique, est dans la tourmente  pour n’avoir pas pu organiser de nouvelles élections présidentielles après l’expiration, le 8 Février dernier, du mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed alias « Farmajo ». Mais si, pour sortir de cette impasse, le Parlement, tout acquis à la cause du chef de l’Etat, avait  décidé le 12 Avril dernier, de proroger de deux années supplémentaires le mandat présidentiel, ce mardi, deux des cinq Etats semi-autonomes qui composent le pays  – à savoir, Galmudug et Hirshabelle – s’y sont fermement opposé et ont exigé la tenue d’élections présidentielles.

Cette crise politique a rapidement donné lieu à des affrontements armés dans plusieurs quartiers de la capitale, Mogadiscio, entre les forces de l’ordre et des représentants de l’opposition qui avaient installé des barrages en divers endroits de la ville. Ces échauffourées qui se sont soldées par la mort de trois personnes – ce qui n’avait plus été observé depuis plusieurs années dans ce pays à l’équilibre instable déjà confronté à la rébellion des islamistes « Shabab » affiliés à « Al Qaïda » – ont ramené, aux esprits, le spectre des combats urbains qui, au plus fort de la guerre civile, avaient ravagé la capitale. 

Lundi, chaque camp avait consolidé ses positions et Abdi Ali Abdi, un jeune père de famille, dira, la peur au ventre : « des hommes armés, vêtus d’uniformes militaires sont venus vers nous (…) et nous ont dit de partir avec nos femmes et nos enfants ».

Shamis Ahmed, une mère de cinq enfants, ajoutera « Nous craignons pour nos vies parce qu’il y a des forces à la fois du gouvernement et de l’opposition. Nous avons choisi de partir avant qu’il ne soit trop tard ».

La tension était tellement vive, ce mardi, que, par crainte de nouveaux heurts, les habitants de plusieurs quartiers de Mogadiscio, pris de panique, n’eurent pas d’autre échappatoire que celui de quitter la ville en entassant leurs affaires à bord de moyens de locomotion de fortune.

Au vu de tout cela et sur l’insistance de ses alliés, le président Mohamed Abdullahi Mohamed a annoncé, lors d’une allocution retransmise par la télévision nationale tard dans la soirée de mardi, son acceptation de la tenue d’une élection présidentielle, appelé la classe politique du pays à engager des « discussions urgentes » sur la manière de conduire le vote et annoncé qu’il s’adressera au Parlement, ce samedi, afin d’ « obtenir son approbation pour le processus électoral ». 

Dans son intervention, le chef de l’Etat a tenu à rappeler que ses partisans et lui-même avaient « toujours été prêts à organiser des élections pacifiques et au moment approprié dans le pays » mais que cette initiative avait été « entravée par des individus et des entités » dont le seul souci était « de déstabiliser le pays et de le ramener à l’ère de la division et de la destruction afin de créer un vide constitutionnel ».

Saluant la déclaration du président, le Premier ministre Mohamed Hussein Roble a, de son côté, exigé des commandants militaires de « ramener leurs forces à leurs bases » et exhorté les leaders de l’opposition à « arrêter les actes et mouvements qui peuvent générer un conflit violent » pour permettre la tenue, dans les plus brefs délais, « d’élections justes et libres ».

Ces appels vont-ils être entendus par les opposants au pouvoir de « Farmajo » et le crépitement des armes va-t-il cesser ? Attendons pour voir…

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