12e dition de la World Policy Conference (WPC)

Paul Kagame, président rwandais : «Le développement de l’Afrique relève de la responsabilité des Africains»

«Il est de notre responsabilité, en tant qu’Africains, de prendre en main nos propres intérêts et de développer notre Continent pour atteindre son plein potentiel », a affirmé, samedi soir à Marrakech, le Président rwandais Paul Kagame.

Dans une allocution prononcée à l’occasion d’un dîner-débat organisé dans le cadre de la 12ème édition de la World Policy Conference (WPC), M. Kagame a souligné que «Nous avons attendu beaucoup trop longtemps, en fait pendant des siècles », ajoutant que « l’Afrique n’est le prix à gagner ou à perdre pour personne».
Relevant que le commerce contribue grandement à la performance de l’économie de chaque pays, M. Kagame a indiqué que la recherche d’un avantage comparatif conduit généralement à des gains en termes de compétitivité et de richesses. «C’est pourquoi, à un moment donné, le concept d’aide au commerce a gagné en popularité», a-t-il dit.
L’idée, a-t-il poursuivi, était de renforcer les capacités commerciales d’un pays afin qu’il puisse passer de la dépendance à l’auto-suffisance et enfin à la prospérité. «Cela aurait dû être l’approche depuis le début», a-t-il noté.
Et le président Kagame de soutenir que l’Afrique entretient aujourd’hui de «solides relations commerciales» avec le monde entier, que ce soit avec l’Europe, l’Inde, l’Amérique du Nord ou avec la Chine, précisant que le Continent aspire «à plus d’investissements et d’échanges commerciaux avec tout le monde, car nous en profiterons tous».
Dans ce cadre, le président rwandais a mis l’accent sur l’importance pour les pays africains de se réunir en tant qu’ensemble régional, faisant remarquer que les barrières intérieures qui entravent la libre circulation et le commerce sur le Continent continuent de tomber, même s’il reste encore beaucoup à faire à ce sujet.
A ce propos, M. Kagame a noté que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) est maintenant en vigueur et que les échanges commerciaux commenceront en juillet 2020, estimant que cet Accord modifiera radicalement la façon de faire des affaires en Afrique et avec le reste du monde.
Evoquant le «ton d’inquiétude et de défaitisme » qui domine les débats politiques actuels, le président du Rwanda a considéré qu’il s’agit par-dessus tout de « la peur de perdre quelque chose plutôt que de l’ambition de faire plus et mieux».
«Même la science et la technologie -les moteurs mêmes du progrès humain- sont de plus en plus perçues comme problématiques, comme c’est le cas par exemple avec l’intelligence artificielle ou les cultures génétiquement modifiées», a-t-il enchaîné.
Et M. Kagame d’affirmer que « ce pessimisme ne résonne pas en Afrique», ajoutant qu’il existe « une détermination à vivre une vie meilleure pour nous-mêmes».
«Nous avons déjà constaté des signes de progrès considérables en particulier dans les domaines de la santé, de la connectivité, de la gouvernance et des revenus», s’est-il félicité, affirmant qu’il est très essentiel de «retrouver ce sentiment d’espoir et d’optimisme, chaque fois qu’il est perdu».
Le président rwandais a également expliqué que «Nous pouvons être de meilleurs partenaires, ce qui signifie que nous tous, ici présents et ailleurs, travaillons ensemble».
«C’est ce qui nous permettra de nous remettre sur la voie d’un monde meilleur où tout un chacun en profite», a-t-il dit en conclusion.
Le Président Kagame a également tenu à saluer les organisateurs pour la qualité distinguée de la WPC, qui se veut un forum axé sur l’anticipation et le façonnement de l’avenir plutôt que sur les tentatives de freiner le changement.
Par la suite, une séance de questions-réponses a été ouverte entre l’assistance et le président Kagame qui a saisi l’occasion pour jeter la lumière notamment sur le modèle de développement très réussi de son pays.
M. Kagame a, dans ce sens, expliqué que la philosophie dont puise le modèle rwandais peut être applicable partout en Afrique et ailleurs, ajoutant que ce modèle fonctionnera car il place l’élément humain au cœur de toutes les actions à entreprendre et veille à impliquer les gens dans leur réalisation.
Il a, par ailleurs, insisté sur l’importance du changement des mentalités, rappelant que les autorités du Rwanda avaient opté pour l’ouverture de débats et de discussions avec la population dans toutes les régions du pays en vue de l’informer des différents problèmes qui se posent et des moyens susceptibles de les résoudre.
Le président rwandais a aussi indiqué que son pays a investi dans la santé et l’éducation des femmes, qui représentent 52% de la population, ajoutant que la gente féminine a commencé à apporter sa contribution au développement de l’économie du pays, ce qui a eu un grand impact sur la société locale.

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