4ème conference nationale de l’EIMP

– Afailal : La lutte contre le réchauffement climatique requiert une justice environnementale

– Pr Mokssit : Le Maroc dispose de la volonté politique requise, de cadres compétents et de projets pilotes pour donner l’exemple et défendre le dossier des pays du sud lors de COP22.

L’Espace de l’Ingénieur de la modernité et du progrès (EIMP), secteur parallèle du Parti du progrès et du socialisme (PPS), réuni samedi en sa 4ème Conférence nationale, a procédé à la réélection de ses structures (Conseil national, Bureau exécutif et coordonnateur national).

A l’issue de l’adoption du rapport moral de l’organisation, l’ingénieur Mohamed Amine Ourahhou a été élu à l’unanimité nouveau coordonnateur de l’EIMP, un espace ouvert à tous les ingénieurs pour fédérer leurs efforts en vue de défendre les intérêts de la profession et proposer tout ce qui est de nature à servir le secteur. Il se propose aussi d’être un tremplin du Parti du Progrès et du Socialisme et une force de proposition corporative, syndicale et autre, en contrepartie du soutien politique que le PPS lui apporte.

SYMPOSIUM SCIENTIFIQUE SUR L’INGENIERIE

VERTE ET LA DURABILITE DU DEVELOPPEMENT

Au cours de sa 4ème Conférence nationale, l’EIMP a choisi de contribuer au débat public initié par le PPS en prévision de l’élaboration participative de son programme national électoral pour les échéances du 7 Octobre prochain par un séminaire intitulé «l’ingénierie verte et la durabilité du développement».

Intervenant dans ce cadre, la ministre déléguée chargée de l’eau Charafat AFAILALA et membre du Bureau politique du PPS a souligné l’importance de ce thème dont le choix intervient dans le cadre de la dynamique en cours au Maroc où les préparatifs de la COP22 prévue en Novembre prochain à Marrakech se poursuivent, après l’accord historique ayant sanctionné la COP21 de Paris.

Après avoir arrêté les objectifs à atteindre lors de la COP21 en termes de réduction de CO2 et des gaz à effet de serre, il s’agit maintenant pour la Communauté internationale de passer à l’action pour appliquer les accords signés pour limiter les émissions tout en tenant compte de la situation des différents pays, en faisant preuve de justice environnementale à l’égard des pays non émetteurs de CO2 dont en premier les pays d’Afrique subsaharienne et les pays insulaires menacés de disparition dans les Océans.

Au cours de ce rendez-vous de Marrakech, le Maroc a pris l’engagement de défendre le droit au développement de l’Afrique subsaharienne et des autres pays du sud pour subvenir aux besoins de leurs populations en termes d’eau potable, d’électricité, de communication, d’industrie, d’agriculture, de culture, d’éducation, d’infrastructures, etc…

Pour le Maroc, la réussite de l’action de la Communauté internationale en matière de lutte contre le réchauffement climatique requiert davantage de justice environnementale pour ne pas priver les pays du sud de leur droit au développement, a-t-elle dit, estimant qu’il est absurde de demander aux pays du sud de ne pas procéder à leur industrialisation pour arrêter le réchauffement climatique, eux qui n’émettent en l’état actuel des choses que des quantités infimes et négligeables de CO2.

Pour leur développement et le bien-être de leurs populations qui émigrent en masses vers le Nord pour fuir la misère, les famines et les guerres, les pays du sud ont pleinement le droit de procéder à l’industrialisation de leur économie, de construire des usines, de mécaniser leur agriculture, et de se doter des moyens nécessaires à la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion, a-t-elle dit.

Il s’agit aussi de remettre en question le mode de production et le modèle de développement en place, lesquels ont accompagné le réchauffement climatique, qui met actuellement en péril l’avenir de l’humanité tout entière, a-t-elle expliqué.

Selon la ministre, les engagements pris dans l’accord de Paris nécessitent pour leur application des financements colossaux devant être pris en charge par les pays gros producteurs de CO2, sans oublier d’en accorder une partie au développement des pays du sud, pour sortir de leur misère.

Au Maroc, a-t-elle rappelé, il est nécessaire de rappeler que cet événement a déjà enclenché une dynamique très positive au sein de tous les secteurs et départements gouvernementaux, les organisations de la société civile et les élites du pays dont font partie les ingénieurs, qui doivent s’impliquer dans cette action.

C’est pourquoi, il est peut être nécessaire de procéder à l’amélioration du cursus de formation de l’ingénieur marocain pour lui permettre de saisir l’importance de l’ingénierie verte dans le développement durable du pays.

ABDELLAH MOKSSIT : l’ingénieur doit indiquer à son pays

le modèle de développement à promouvoir

Pour sa part, l’expert international Abdellah Mokssit, DG de la Météorologie nationale et membre du CESE et de l’Académie Hassan II ainsi que d’autres organismes internationaux a présenté un exposé scientifique intitulé « les changements climatiques : rôle de l’ingénieur dans la compréhension, l’orientation pour la réduction de la vulnérabilité, le renforcement de la résilience et l’installation de la durabilité ».

Selon lui, les études scientifiques ont montré que le changement climatique est inéluctable et qu’il est causé par l’activité humaine. Le réchauffement climatique n’est pas une hypothèse mais une inéluctabilité, a-t-il dit.

Ce sont de telles vérités scientifiques, contenues dans de nombreux rapports soigneusement préparés par les scientifiques qui ont poussé à l’adoption de l’accord de Paris, conclu lors de COP21, a-t-ilajouté,notant que ces changements climatiques sont à l’origine de nombreuses catastrophes naturelles qui mettent actuellement à genou de nombreux pays développés (dernières inondations en France et en Europe par exemple, sans oublier d’autres phénomènes extrêmes aux Etats Unis et ailleurs). Les activités humaines sont à l’origine des dérèglements de l’adaptation naturelle au développement du monde, a-t-il expliqué.

D’après lui, la questionenvironnementale doit être intégrée dans toutes les politiques publiques dans le but de faire de la gestion de la connaissance du risque une priorité.

Si la COP21 s’est soldée par de bonnes intentions, la COP22 se propose de passer à l’action et à l’application de ce qui a convenu par la communauté internationale pour sauver la planète, a-t-il fait savoir.

Pour ce qui le concerne, le Maroc dispose de tous les atouts pour contribuer à la réussite de cet évènement d’autant plus qu’il ne manque ni de volonté politique dans ce domaine, ni de cadres compétents, ni de projets pilotes pour donner l’exemple et défendre le dossier des pays du sud.

Pour sa part, l’ingénieur Mohammed ben Hafoune, membre du Comité central du PPS a présenté dans un exposé intitulé «lutte contre la sécheresse et la désertification : les réponses probantes de l’Oriental marocain» l’expérience réussie de régénération des parcours pour l’amélioration des conditions de vie des éleveurs.

Ces exposés ont suscité un riche débat au cours duquel, il a été notamment avancé que la question de l’environnement, qui focalise aujourd’hui plus que jamais l’attention de la communauté internationale n’est peut-être qu’un prétexte pour les gros producteurs de CO2 de s’accaparer les ressources des pays pauvres dont l’Afrique. Des intervenants sont allés jusqu’à douter de la véracité et de la crédibilité des données avancées par les comités scientifiques, alors que d’autres ont pointé du doigt le modèle libéral de développement, qui est le principal ennemi de l’environnement, car seul le profit compte dans un tel système, abstraction faite des moyens utilisés pour y parvenir, y compris ceux qui provoquent la destruction de l’environnement.

M’Barek Tafsi

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