73e anniversaire de la présentation du Manifeste de l’indépendance par le PCM

Grand succès de la journée commémorative à Marrakech

DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef

Un événement mémorable qui restera gravé dans les mémoires. Un rendez-vous avec l’Histoire ! La journée commémorative qui a eu lieu samedi 27 juillet à la ville ocre, Marrakech, à l’occasion du 73e anniversaire de la présentation du Manifeste de l’Indépendance par le Parti Communiste Marocain (PCM) a tenu toutes ces promesses.

Cette commémoration, organisée par le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), a été présidée par le Secrétaire général Mohamed Mohamed Nabil Benabdallah, avec la participation de Mustapha El Ktiri, Haut commissaire aux anciens résistants et membres de l’armée de libération, et Jamâa Baida, Directeur des archives du Maroc.

Le moment ce fut historique. Une première! En outre, cette journée commémorative placée sous le slogan «la libération nationale avec un contenu démocratique» a réussi son pari. Elle a été marquée par la présence des membres du Bureau Politique, du Comité central, des sections régionales du Parti et des citoyennes et citoyens qui ont afflué des quatre coins du pays.

Il est 18h. La salle est archi-comble. A l’entrée, l’œil peut y apprécier une belle exposition retraçant les moments phares du Parti et le mouvement national, les dirigeants historiques du Parti communiste marocain, des portraits, des publications.

Mohamed Nabil Benabdallah: Mettre la lumière sur les zones d’ombre de notre Histoire

Dans son intervention, le Secrétaire Général  du Parti a salué les camarades de la section provinciale du PPS à Marrakech d’avoir accueilli cet événement. «C’est une réalité, il faut avouer que c’est pour la première fois dans l’histoire du Parti que nous fêtons la présentation de ce Manifeste», a-t-il dit. Le Bureau Politique a répondu immédiatement et favorablement à cette initiative qui a été proposée par la dite section, a-t-il ajouté.  Pour le SG, cet événement sera désormais une tradition dans les festivités nationales du PPS.

Mohamed Nabil Benabdallah  a mis l’accent sur des deux témoignages et interventions qui ont été présentées par Mustapha El Ktiri et Jamâa Baida.

A travers les deux imminents intervenants, a-t-il ajouté, l’on dédie le rôle majeur et fondamental qu’avaient joué les communistes marocains et les communistes au Maroc dans la lutte pour la libération et l’indépendance du pays, ainsi que  le combat pour la démocratie, le progrès et  l’égalité sociale.

«C’est une fierté de s’arrêter sur les rôles des socialistes marocains depuis les années 20 du siècle dernier, depuis la création des premières cellules des communistes au Maroc dans plusieurs villes marocaines notamment industrielles et dans des régions agricoles», poursuit-il. Et d’ajouter : «Au PPS, surtout lors de plusieurs occasions et manifestations, nous parlons de la création du Parti communiste en revenant  à la date du 14 novembre 1943. Or, le Parti Communiste au Maroc existait déjà,  et il a été censuré dans la fin des années 30 du siècle dernier avant d’être créé de nouveau en novembre 1943 avec le leader Léon Sultan et d’autres communistes essentiellement français, mais aussi marocains en l’occurrence de Ali Yata, Abdeslam Bourquia, Abdelaziz Lamghari.

Après la mort de Léon Sultan, il a été remplacé par Ali Yata comme secrétaire. Selon lui, la première revendication de l’Indépendance a été parue dans le journal «Al Watan» même avant la parution du manifeste de l’indépendance du 11 janvier 1944.

Selon lui, le Parti Communiste Marocain a lié l’appel  à l’indépendance et la revendication démocratique, politique, sociale et économique pour que toutes les couches sociales profitent des richesses du pays, et pour la gestion des affaires marocaines d’une manière démocratique par des institutions marocaines.

Un autre point essentiel, évoque-t-il, c’est que le Sultan Mohammed ben Youssef qui a reçu une délégation du Parti communiste marocain. «C’est une reconnaissance de ce Parti dans la libération nationale pour l’indépendance. Et pour dire aussi que c’est un parti qui milite dans le respect des institutions dans notre pays.

Le parti a milité sur tous les fronts», a-t-il souligné.  Le parti a continué sa lutte et il a eu sa légitimité sous le nom du Parti de la Libération et du socialisme (PLS) en 1968, et il a été interdit de nouveau en 1969.

Le Parti du Progrès et du Socialisme a eu sa légitimité sous la direction d’Ali Yata. Il a milité pour  bâtir «l’Etat national démocratique». Il continue toujours sa lutte pour une économie nationale indépendante, solide et puissante, capable de produire les richesses dans tous les secteurs afin de créer des postes d’emplois et des opportunités pour tous les Marocains notamment pour les couches sociales les plus démunies et dans toutes les régions», poursuit-il.  Le PPS, dira-t-il, continue son combat pour une société épanouie puisée dans les valeurs universelles, tout en respectant son patrimoine et son  identité plurielle et collective.

Fiers des réalisations et des efforts de El Ouardi et Doukkali

Lors de son intervention, le SG du PPS n’a pas manqué de mettre le point sur certaines questions d’actualité, entre autres celle de l’enseignement.

«La réforme de l’enseignement est liée essentiellement à la qualité de l’école publique comme un espace pour l’égalité des chances» a-t-il affirmé.

Ainsi, en passant au secteur de la Santé, le SG a enregistré la fierté du Parti des réalisations et des efforts déployés par les camarades Houcine El Ouardi et Anas Doukkali dans ce secteur. «Des chantiers et des réalisations  importantes  en témoignent. Certes, il y a encore un long chemin à parcourir et des attentes, mais nous y travaillons pour surmonter les difficultés et lacunes», a-t-il expliqué.

Le Maroc sur le devant de la scène…

Cet événement coïncide  avec le 20e anniversaire de l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Maroc, a rappelé Mohamed Nabil Benabdallah, est revenu sur le devant de la scène sur le plan continental et international, et ce à travers la politique éclairée de Sa Majesté et sa présence dans le continent africain sur tous les plans politique, économique, social  et culturel.

Selon lui, plusieurs réalisations, notamment en matière du régime marocain de protection sociale et des avancées sur les plans des valeurs culturelles commençant par la reconnaissance de l’amazighe depuis le discours d’Ajdir, la lutte contre le terrorisme, le redéploiement du champ religieux. Le SG a appelé  à la nécessité de renforcer les efforts pour assurer l’emploi, la bonne  gouvernance, la réforme de la justice et de l’administration. D’où, dit-il, l’importance d’un nouveau modèle de développement.

 

Mustapha El Ktiri: «Le Manifeste de l’Indépendance du Parti Communiste n’a pas eu sa part qu’il mérite»

Le Manifeste de l’Indépendance du Parti Communiste n’a pas eu sa part qu’il mérite, et il faut qu’il soit étudié et analysé comme les quatre manifestes, a souligné Mustapha El Ktiri, Haut commissaire aux anciens résistants et membres de l’armée de libération. Intervenant à cette occasion, El Ktiri a présenté en outre le parcours militant des communistes marocains à l’ère du protectorat français. Il a évoqué en outre  les grandes batailles du peuple marocain pour la libération et l’Independence, en l’occurrence de la bataille de Saghrou, Bougafer, Anoual, Lehri et bien d’autres.

Il a souligné en effet que parmi le mouvement national, il y avait  le Parti communiste marocain dirigé par Ali Yata qui a présenté le Manifeste de l’indépendance, et qui a rencontré le Roi Mohammed V, chose qui a soulevé la colère du protectorat français qui avait peur de la coordination entre les composantes politiques du mouvement national d’une part et du Sultan d’une autre part.

Cette crainte du protectorat français l’a poussé à condamner à maintes reprises feu Ali Yata à l’exil, avant que la coordination entre les composantes du mouvement national contribue à la réalisation de l’Indépendance et au retour du Roi Mohammed V de son exil et la création de l’armée marocaine, et, d’autre part, l’arabisation des instituions nationales, a-t-il précisé.

Pour ce qui est du Manifeste du PCM, l’intervenant a souligné que ce document historique n’a pas eu la place qu’il mérite, et il a besoin en outre d’une étude approfondie. Dans ce cadre, il a appelé à l’organisation d’une conférence phare pour étudier les quatre documents et Manifestes de l’Indépendance, soulignant ainsi l’importance de ces documents retraçant une partie de l’histoire du Maroc.

 

Jamâa Baida : L’Histoire contre l’amnésie et l’oubli

Si la mémoire est une proie de l’amnésie, de l’oubli, l’Histoire est toujours là pour la sauvegarder. Baida, dans son intervention, a remonté le temps en arrière notamment aux années 20 du siècle dernier avec les événement du Rif qui ont connu une émergence des communistes marocains qui ont mené une guerre sans merci contre  le protectorat.

Les années 20, a-t-il ajouté, a connu une effervescence  du mouvement communiste dans le monde en général et le Maroc en particulier où les communistes avaient rencontré de véritables problèmes avec Lyautey, avant qu’ils se renforcent avec la guerre du Rif entre 1921 et 1926 menées par les résistants Mohamed Amezyane et Mohamed ben Abdelkrim el-Khattabi. Selon lui, la présence des communistes au Maroc a été forte au sein du Parti communiste français, soulignant à l’occasion que le premier Manifeste de l’Indépendance a été présenté et distribué discrètement sous forme des tracts par les communistes marocains, après avoir été programmé pour publication dans la page 6 du journal «Al Watan».

Selon lui toujours, le premier manifeste de l’Indépendance est paru discrètement par le bais du journal «Al Watan» et distribué par les militants communistes, avant d’être présenté officiellement en 1946. Il sera l’objet d’une parution dans le journal francophone «Espoir», un journal (NDLR : du PCM) destiné à l’élite, au moment où il a été censuré dans le journal arabophone «Hayat Achaab» (la vie du peuple).

Baida a souligné que le moment de la publication de ce document et sa présentation au protectorat français et son arrivée au Sultan Mohammed V, ce dernier a reçu une délégation du parti communiste marocain composé de Ali Yata, Ahmed Almadi et Michel Mazila.

 

Ahmed Mansouri : Remémorer les combats des communistes marocains

De son côté Ahmed Mansouri, secrétaire provincial du PPS à Marrakech et modérateur cet  événement, a souligné que cette commémoration constitue une date importante pour célébrer les luttes et les combats des communistes marocains qui ont contribué à la libération et l’indépendance du pays des mains du protectorat. A cette occasion, un grand tableau portant le texte du Manifeste de l’indépendance du PCM a été présenté au Secrétaire Général du PPS.

Il est à rappeler que cette journée commémorative a été marquée par la lecture devant le public de ce document historique par Mohamed Amine Lamrani, la projection d’un témoignage enregistré du militant et résistant Moulay Abdeslam Jebli et une soirée musicale animée par le groupe musical  mythique, Jil Jilala.

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