Attendons pour voir…
Nabil Bousaadi
L’annonce, le 6 décembre dernier, par le président congolais Félix Tshisekedi, de la fin de la coalition au pouvoir en RDC n’avait pas été du goût de l’ensemble de la classe politique du pays et avait même été considérée par le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila comme constituant une grave violation de la Constitution.
Aussi, la décision prise par le Chef de l’Etat avait-elle, dès le lendemain, donné lieu à un déferlement de violences dans l’enceinte du Parlement de Kinshasa. Dans une vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux, on voit des députés jetant des chaises et des fauteuils en direction de la tribune. Ces actes de vandalisme ont fait tellement de bruit bien au-delà des frontières du pays, qu’ils ont poussé Leila Zerrougui, l’émissaire de l’ONU pour la République Démocratique du Congo, à saisir l’occasion de la tenue de la session du Conseil de Sécurité consacrée à l’examen du mandat de la MONUSCO qui arrive à échéance le 20 décembre prochain, pour mettre en garde la communauté internationale contre les fâcheuses répercussions que cette crise pourrait avoir « sur la situation économique et sécuritaire du pays ».
Considérant, par ailleurs, que « la situation politique que traverse la République Démocratique du Congo est très incertaine » et qu’elle « a besoin d’institutions stables et fonctionnelles se remettant au travail le plus vite possible et se concentrant sur le relèvement économique national et la stabilisation de l’est du pays avant les élections générales prévues en 2023 », l’émissaire onusienne en a profité pour appeler le Conseil de Sécurité à « jouer un rôle important pour encourager une résolution négociée de cette crise politique ». L’émissaire onusienne appelle donc à une reconduction du mandat des 15.000 Casques Bleus de l’ONU déployés dans le pays au titre du maintien de la paix.
Pour rappel, le président Félix Tshisekedi gouverne, depuis Janvier 2019 avec le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila dans lequel ce dernier occupait le poste de Premier ministre, « les deux-tiers des quelques 65 ministères et la majorité à l’Assemblée et au Sénat ».
Le moins que l’on puisse dire c’est donc que le Chef de l’Etat se trouvait dans une situation vraiment inconfortable. Il le rappellera, d’ailleurs, en prenant la parole, ce lundi, devant les deux chambres du Parlement. Se disant soucieux de tourner la page des « humiliations » qu’il aurait subi de la part de la coalition héritée de l’ère Kabila, le Président Félix Tshisekedi reconnaîtra qu’il n’était pas parvenu à « faire fonctionner harmonieusement cette coalition » en dépit des « efforts déployés » et des « sacrifices consentis ».
Aussi, après avoir proposé la formation d’un nouveau gouvernement d’«union sacrée de la nation qui travaillera en harmonie avec le chef de l’Etat », le président de la République Démocratique du Congo a promis de se conformer à « la feuille de route » qui sera élaborée par la nouvelle coalition gouvernementale.
Ce dernier discours du président de la République Démocratique du Congo va-t-il calmer les ardeurs de l’opposition et ouvrir la voie à la tenue de négociations soucieuses de la quiétude et du bien-être des congolais ou, au contraire, replonger le pays dans les affres de l’affrontement et des querelles intestines inhérentes à une nouvelle guerre civile dont il aura bien du mal à se relever ? Attendons pour voir…