En état d’alerte face à la menace de deux variants plus contagieux du Covid-19, la France, où la campagne vaccinale s’accélère, s’apprête à étendre les couvre-feux, alors que les bars, restaurants et lieux culturels restent fermés et dans le flou.
«La situation sanitaire n’est pas revenue à la normale, elle est même devenue plus fragile au cours des dernières semaines», a résumé le Premier ministre Jean Castex, lors d’une conférence de presse jeudi.
Musées, cinémas, théâtres, salles de sport (sauf pour les mineurs): tous ces établissements et équipements fermés depuis le 30 octobre «le resteront encore jusqu’à la fin de ce mois» au moins, a prévenu le chef du gouvernement. Pas de réouverture non plus avant au moins début février pour les remontées mécaniques dans les stations de ski.
Quant aux bars et aux restaurants, ils ont vu l’échéance reculer à mi-février a minima.
Dès vendredi, une décision sera prise sur l’extension possible à dix nouveaux départements du couvre-feu dès 18H00, déjà en vigueur dans quinze autres depuis une semaine, surtout dans l’est de la France. A Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin a pris les devants en annonçant vendredi matin que le département passerait en couvre-feu à 18h00 dès dimanche.
Sans prononcer le mot de «reconfinement», et tout en prévenant que les écoles ne devaient fermer qu’en cas de situation «gravissime», Jean Castex n’a pas exclu d’aller encore plus loin et de prendre des «mesures nationales supplémentaires».
Depuis trois jours consécutifs, le nombre de cas positifs quotidiens comptabilisés dépasse les 20.000 et l’agence Santé publique France a relevé une «nette augmentation du nombre de cas confirmés» durant la semaine du 28 décembre (96.743 cas, contre 82.734 la semaine précédente, +17%).
Avec près de 24.448 patients Covid-19 hospitalisés, dont 2.573 en services de réanimation, la charge pour les hôpitaux reste élevée. La France a enregistré cette semaine près de 2.000 décès de personnes atteintes du Covid-19, à l’hôpital ou en Ehpad, soit un total de 66.841 morts depuis le début de l’épidémie.
Et alors que le retour des fêtes et des rassemblements familiaux faisait déjà craindre un rebond de l’épidémie, la menace de deux variants du Covid-19, vraisemblablement plus contagieux, est prise «très au sérieux» par les autorités sanitaires, a indiqué jeudi soir le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Pour l’instant, deux potentiels «clusters à risque» du variant «VOC 202012/01», qui flambe depuis plusieurs semaines au Royaume-Uni, ont été détectés dans un établissement pour personnes âgées près de Rennes, et en région parisienne. Toutefois, la première contamination au sein du cluster à Rennes, sur neuf cas suspects, ne correspond pas au variant britannique, a annoncé vendredi l’Agence régionale de Santé (ARS) Bretagne.
Trois cas de contamination par la variante «501.V2», repérée initialement en Afrique du sud, ont aussi été détectés en France.
«URGENCE. Coup de tabac COVID19 annoncé: recroissance exponentielle des contaminations», s’est alarmé le président de la Ligue contre le cancer, le généticien Axel Kahn, qui avait déjà recommandé fin décembre d’accélérer la campagne de vaccination. Sur Facebook, ce grand nom de la médecine a de nouveau appelé à «faire flèche de tout bois» pour «vacciner un maximum, mobiliser la réserve sanitaire, des étudiants et des retraités» avant un «reconfinement presque certain».
Très critiqué pour sa campagne qui a démarré au compte-gouttes, le gouvernement a accéléré le tempo depuis plusieurs jours et changé de ton. «Faites-vous vacciner, aidez vos proches à se faire vacciner», a lancé Olivier Véran.
Concrètement, Jean Castex a annoncé que les plus de 75 ans, soit environ 5 millions de personnes, pourront se faire vacciner dès le 18 janvier dans un centre en ville, avec une procédure simplifiée.
L’exécutif avait déjà opéré un tournant en ouvrant la vaccination à tous les professionnels de santé de plus de 50 ans ou présentant des fragilités, en plus des résidents et personnels à risque dans les Ehpad, qui demeurent prioritaires.
Afin d’accélérer les opérations, dans un contexte de vaccins en nombre limité, le gouvernement a aussi décidé, à l’instar d’autres pays, de différer jusqu’à six semaines l’injection de la 2e dose du vaccin Pfizer/BioNTech, pour permettre de multiplier dès à présent le nombre de premières piqûres.
La France approchait jeudi soir un total de 50.000 personnes ayant reçu l’injection, alors que le gouvernement s’était fixé pour objectif d’achever la première phase de vaccination dans les Ehpad, qui concerne environ 1 million de personnes, courant janvier et février.