Asie Centrale : Combats entre le Tadjikistan et le Kirghizistan

Attendons pour voir…

Si ces deux pays d’Asie Centrale que sont le Kirghizistan et le Tadjikistan s’affrontent, depuis des décennies, pour des terres où coule l’eau douce que chacun revendique comme étant siennes, il y a lieu de signaler que, ce jeudi, la tension a atteint son paroxysme et que leur affrontement a pris une tournure dramatique.

Les désaccords frontaliers entre le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan qui se partagent la fertile vallée de la Fergana découlent des démarcations qui, à l’époque soviétique, avaient séparé certains groupes de leur pays d’origine. Raison pour laquelle, près d’un tiers de la frontière kirghizo-tadjike fait l’objet de contestations entre les deux pays. C’est le cas notamment de la zone entourant l’enclave tadjike de Vorukh qui est régulièrement la pierre d’achoppement de revendications territoriales liées notamment à l’accès à l’eau.

Les deux pays se sont mutuellement rejeté la responsabilité des accrochages qui ont éclaté, ce jeudi, et qui ont  été les plus violents de ces dernières années puisque d’après un représentant de la police de la région de Batken, frontalière avec le Tadjikistan, les tirs se sont poursuivis pendant une bonne partie de la nuit même s’ils n’avaient pas eu lieu de «manière intensive».

Mais si, à en croire le Comité national de sécurité kirghize, c’est le Tadjikistan qui aurait « délibérément provoqué ce conflit frontalier» après avoir «installé des positions pour effectuer des tirs de mortiers», le Conseil national de Sécurité Tadjike affirme, pour sa part, que c’est l’armée kirghize qui a ouvert le feu sur des soldats tadjikes après que la veille des civils kirghizes aient blessés sept tadjikes à l’aide de jets de pierres.

Aux dires des autorités kirghizes, les affrontements entre les soldats des deux bords se seraient soldés par 13 morts dont une jeune enfant de 13 ans, 134 blessés dont deux dans un état très grave et par le déplacement, dans des  lieux spécialement aménagés à cet effet ou chez des membres de leurs familles, des 11.500 personnes qui habitaient dans les deux districts de la région de Batken.

Mais si les autorités du Tadjikistan n’ont fait état que de deux personnes blessées par balles, l’agence de presse russe Ria-Novosti, citant une source proche de la mairie de la ville frontalière d’Isfara, a rapporté, de son côté, la  mort d’au moins 3 personnes et 31 blessés.

Ce qui est certain c’est que ce jeudi après-midi, la diplomatie kirghize a annoncé que les ministres des Affaires étrangères des deux pays avaient convenu d’ « une trêve complète » à partir de 20 h (14 h GMT) et du «retour des troupes vers leurs lieux de déploiement» et que le vendredi matin un communiqué du Service d’Information de l’Etat du Tadjikistan a affirmé, pour sa part, que les deux parties étaient parvenues «à un accord mutuel pour mettre fin au conflit armé et retirer le personnel et l’équipement militaire vers leurs lieux de déploiement permanent»; autrement dit, pour renvoyer les soldats à leurs casernes.

Pour rappel, en dépit de la poignée de mains symbolique en Juillet 2019 entre le dirigeant tadjik Emomali Rakhmon et son homologue kirghize de l’époque Sooronbai Jeenbekov, trois garde-frontières tadjiks et un kirghize avaient été tués lors d’échanges de tirs deux mois plus tard et, à ce jour, les discussions sur la «délimitation des frontières  (et) le règlement des conflits frontaliers» n’ont toujours pas abouti.

Ces négociations aboutiront-elles un jour prochain et permettront-elles aux deux pays d’enterrer la hache de guerre et d’œuvrer ensemble pour la préservation de la concorde et de la paix ?

Attendons pour voir…

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