Dades
Mariem Berdouzi (journaliste en stage)
L’association 1001 Shakels et celle d’Agmmad ont organisé un échange culturel, à Dades, au profit des jeunes issus de l’émigration maghrébine résidant en Belgique et marocains vivant dans la région de Dades au sud-est du royaume, et ce du 9 au 14 septembre 2021. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre les deux associations après avoir exprimé leur volonté respective de réagir, en vue de promouvoir les valeurs universelles de l’Islam et lutter contre les idées extrémistes et ce en se basant sur ces trois champs d’action : le soutien scolaire, la formation spirituelle se fondant sur les valeurs universelles, et la création d’activités culturelles et citoyennes.
La précaution vaut mieux que repentir !
L’association 1001 Shakels est née en 2015 en réaction au phénomène de départ d’un grand nombre de jeunes vers la Syrie à l’époque. C’est l’expression d’une colère de quatre femmes, aussi mères, et toutes originaires du Maroc, contre la non action. «Nous avons alors essayé de tourner cette colère, cette indignation en une formulation positive. Nous avons essayé de comprendre ce phénomène, en étant pas spécialiste ni de la politique, ni de la géopolitique. Ce qui nous intéressait spécifiquement, c’est de regarder la source. Le pourquoi des choses ! Pourquoi un jeune décide délibérément un jour au lendemain d’aller au fond pour une cause qui lui était étrangèr ? », nous confie Fatima El grandi, co-fondatrice et directrice de 1001 Shakels. L’association a fait, depuis sa création, le choix de ne pas traiter la radicalisation en elle-même, mais de s’attaquer aux différentes raisons qui pourraient être à l’origine de ce phénomène, de traiter les sources de la vulnérabilité des jeunes qui vont être les leviers de demain. Le devoir de s’investir, de montrer aux enfants d’aujourd’hui, adultes de demain, le bon chemin et semer les graines de l’amour, du respect et d’acceptation de l’autre dans leurs esprits, c’est dans cette logique que l’association œuvre afin d’éradiquer ce fléau qui continue de détruire les sociétés. La prévention pourrait donc être un moyen efficace pour ne pas tomber dans l’obscurité de l’extrémisme, et « Chaque enfant qu’on enseigne, est un homme qu’on gagne », Victor Hugo
A cet égard, les deux associations, chacune à son échelle, misent sur le discours positif et alternatif. Elles essayent d’offrir aux jeunes des deux rives de la méditerranée d’autres perspectives, et développer leurs talents et compétences. Surtout l’esprit critique qui leur sera nécessaire pour pouvoir faire la part des choses. L’installation d’un climat de convivialité se passe à travers plusieurs palettes de différents canaux artistiques, en organisant des ateliers culturels, comme par exemple ; la photographie, le théâtre, l’écriture…Un espace bien veillant où ils peuvent exprimer leurs frustrations et émotions. C’est dans cette atmosphère que les liens se tissent, et l’allée vers l’autre commence, cet autre avec lequel on vit, et qui n’a pas forcément un Background tel que le nôtre. La thématique d’identité est également présente, l’homme ne peut pas aller vers l’autre, s’il ne se connait pas soi-même. C’est d’ailleurs pourquoi l’association a un public majoritairement d’origine marocaine. La construction des ponts vers la mère patrie et des grands parents. Puisque pour beaucoup de ces jeunes, se sont leurs grands-parents qui ont immigré vers l’Europe, et cette reconnexion aux différentes composantes de leur identité est essentielle dans la construction de leur personnalité et à la contribution de l’élargissement de leurs horizons, « cette thématique est très importante quand on vit à l’étranger, on essaye de leur expliquer que l’identité, ce n’est pas un élément, c’est quelque chose de très large et qu’elle est ouverte et inclusive. Nous avons tous le potentiel d’être des citoyens du monde », souligne Fatima El grandi. Cette vision était alors le fil rouge tout au long des six jours de l’échange, une vraie occasion pour découvrir la vallée de Dades, et rencontrer les artistes de la région. Un voyage certes, mais aussi une rencontre pour briser les stéréotypes des deux côtés comme nous l’affirme Ihssane Mrabert-Fahsi, vice-présidente du comité de jeunes. « Je suis originaire de Tanger et j’ai grandi en Belgique. Pour moi, c’est la toute première fois que je viens à ce coin de mon pays natal. Les stéréotypes que j’ai changés, c’est par rapport à l’éducation. Je découvre que les gens d’ici sont en différents domaines, en sociologie ; économie, histoire-géo, contrairement à ce que je pensais auparavant. Chaque conversation est remplie de joie et de bonheur, d’espoir pour un demain meilleur », a-t-elle affirmé.
Il est à rappeler que le Maroc déploie des efforts énormes dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en optant depuis toujours pour un Islam modéré, et en promouvant de créer un dialogue entre les cultures.