2022, Année des professionnels de santé
Ouardirhi Abdelaziz
« Celui qui sauve une vie humaine est un héros; celui qui en sauve cent est une infirmière, probablement stressée et sous-payée », dixit Margaret Chan, ancienne directrice générale de l’OMS 2015.
Face à la pandémie Covid, dont le premier cas a été notifié le 2 mars 2020 au niveau de l’aéroport Mohamed V de Casablanca, les professionnels de santé (médecins-infirmières-infirmiers et bien d’autres sont restés mobilisés pour accueillir, soigner, des malades du Covid,
Depuis mars 2020, les malades étaient de plus en plus nombreux. Ils emplissaient les hôpitaux, qui se sont retrouvés débordés par des arrivées massives de patients présentant des formes graves de la maladie covid-19. Une situation qui a mis à mal notre système de santé,
Dans l’urgence, les autorités ont opté pour la mise en place d’hôpitaux de campagnes, pour faire face à toutes situations sanitaires complexes.
C’est ainsi qu’un hôpital de campagne provisoire d’une capacité de 700 lits, a été réalisé à la Foire internationale de Casablanca.
Les professionnels de santé n’ont jamais baissé les bras depuis le début de la pandémie. Ils ont travaillé sans relâche des heures durant, de jour comme de nuit pour faire face à la pandémie de coronavirus. Ils continuent d’ ailleurs en ce sens.
Grace à leurs actions continues dans le temps, à leur savoir et grande maitrise de l’art de soigner, les infirmiers, les infirmières, les médecins, ont pu sauver milliers de vies, souvent au détriment de leur propre santé. Mais nous ne devons pas oublier qu’au Maroc, plusieurs médecins et infirmier et infirmiers, ont payé le prix fort. Leur dévouement, présence aux cotés des malades a fini par emporter plus d’une dizaine de médecins et autant d’infirmiers à cause de la maladie de la Covid 19.
Au niveau mondial entre 80 000 et 180 000 professionnels de la santé sont morts du Covid-19, entre janvier 2020 et mai de cette année, selon une estimation publiée jeudi par l’OMS.
2021, Année des professionnels de la santé
Pour rendre hommage aux personnels de santé, pour leur exprimer notre reconnaissance et estime, l’organisation mondiale de la santé ( OMS ) a désigné l’année 2021, telle une année internationale exclusive aux personnels de santé, en hommage au dévouement indéfectible à ces derniers, dans la lutte contre la pandémie de covid-19.
Quoiqu’on fasse ou que l’on dise, nous ne pourrons jamais remercier assez les personnels de santé pour leur dévouement et leur sacrifice. Mais il est temps d’en faire plus.
Oui, nos politiques, notre gouvernement, nos décideurs, nous tous, nous devons investir plus de moyens, consacrer un budget conséquent, digne de ceux qui s’investissent quotidiennement pour nous. Donner plus de moyens, plus de personnels, de médicaments, offrir des conditions de travail pour garantir la sécurité des patients et des professionnels, dans des structures sanitaires adaptées à chaque situation ; si nous voulons instaurer la couverture sanitaire universelle.
L’objectif escompté, c’est de permettre à chaque citoyens Marocain de pouvoir être correctement et dignement soigné, en toutes circonstances pas seulement durant la pandémie de covid-19.
Que ces soins soient de qualité, délivrés par des professionnels qualifiés, selon les besoins de chaque malade, sans que cela n’entraîne des difficultés financières pour le patient ou sa famille.
Ce défi, nous allons le relever, et comme d’habitude, nous pouvons y arriver, si chacun de nous y met du sien, à son niveau, selon ses responsabilités, son rang, ses prérogatives et ses capacités.
Faire face à la pénurie de professionnels de santé
Le problème auquel fait face actuellement notre système de santé, et dont pâtissent tous les hôpitaux et les centres de santé, c’est celui des ressources humaines.
La pandémie de la Covid-19 est venue mettre à nu une pénurie chronique, puisque le nombre de médecins exerçant au niveau des établissements publics de santé sont au nombre de 12.454 dont 3.616 généralistes, 8.337 spécialistes, auxquels il faut adjoindre 323 dentistes et 178 pharmaciens.
S’agissant du personnel infirmier et des techniciens de santé, qui exercent dans le secteur public, leur nombre est de 33.837, dont 15.087 infirmiers polyvalents et 4.943 sages-femmes. Pour répondre aux besoins de santé de notre population, nous avons besoin de 32.000 médecins et 65.000 infirmiers.
Tout cela pour dire que le personnel de santé au niveau des établissements hospitaliers et centres de santé, travaillent quotidiennement dans des conditions difficiles, mais toutes et tous assurent avec altruisme et humanisme leurs missions.
Une telle abnégation, un tel dévouement au service de nos concitoyens malades, qui s’adressent aux hôpitaux pour être soignés, doivent être reconnue par tous.
Une profession à valoriser
En ce qui concerne les professionnels de santé, et plus particulièrement les infirmières, les infirmiers soignants, ceux qui sont en première ligne, mais aussi les techniciens et tous les autres profils, nos politiques, nos décideurs, nos responsables doivent absolument s’y atteler davantage. Notre pays se doit d’investir davantage dans la formation de ces personnels de santé.
Nous devons veiller en permanence à ce qu’un nombre suffisant d’infirmières et d’infirmiers soient formés au niveau des instituts supérieurs des professions infirmiers et techniques sanitaires ( ISPITS ), qui permettent aux bacheliers après trois années d’études théoriques et pratiques, de décrocher une licence en soins infirmiers. Mais il ne suffit pas de former des infirmières et des infirmiers, il faut que leurs compétences soient reconnues et utilisées, que ces professionnels soient estimés à leur juste valeur, et surtout qu’ils soient bien payés. Car pour le moment, leurs salaires sont trop bas au regard de la pénibilité des taches à accomplir souvent dans des conditions très difficiles.
En effet, à cause de la pénurie d’infirmiers, de la charge de travail qui est lourde, éreintante, un infirmier soignant sur deux n’hésite pas à dire vouloir changer d’emploi, ou à partir travailler à l’étranger.
Aujourd’hui, le département de la santé et celui des finances doivent être à l’écoute des infirmières et infirmiers. Le temps est venu de tout mettre en œuvre pour réussir la mise en place de la couverture médicale universelle (CMU), et pour en assurer la réussite, il est essentiel d’augmenter le nombre des soignants, d’encourager leur formation, et de prévoir dés à présent des mesures pour améliorer les conditions de travail et rendre la profession plus attrayante.
Au moment où l’année 2021 s’achève, et où la pandémie Covid-19 est toujours là, et qu’un nouveau variant (Omicron) fait craindre le pire ; l’année 2022 s’annonce très difficile, inquiétante même, en raison de l’émergence du variant Omicron dont la contagiosité est plus élevée. Il se transmet rapidement, ce qui explique la flambée soudaine des nouveaux cas Covid. Ce qui a incité le Maroc à fermer ses frontières jusqu’au 31 janvier 2022.
L’ année 2022 risque d’être synonyme de crise économique, d’augmentation des prix, de réchauffement climatique, de nouveaux variantes potentiellement plus résistantes.
On peut comprendre que les professionnels de santé seront de nouveau sollicités, et qu’ils répondront tous présents. Ils seront en première ligne malgré le manque de ressources humaines.
Aussi, est-il légitime d’insister une nouvelle fois sur l’urgence de la hausse du nombre de postes budgétaires qui sont accordés par les finances au ministère de la Santé. Aujourd’hui, le nombre de postes budgétaires est très insuffisants (2.000), avec une exception pour l’année 2020, où on a accordé 4.000 postes. Cependant, cela ne suffit pas et ne permet pas au ministère de la Santé de s’exprimer pleinement et de mener à bien sa politique de ressources humaines.