L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé mercredi à faciliter autant que possible l’accès des femmes à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), estimant que les restrictions ne réduisent pas le nombre d’avortements mais en augmentent les risques.
« Nous recommandons que les femmes et les jeunes filles puissent accéder à l’avortement et aux services de planning familial quand elles en ont besoin », a déclaré Craig Lissner, un cadre de l’OMS, dans un communiqué.
L’agence de l’Onu s’exprime alors qu’elle a révisé l’ensemble de ses recommandations sanitaires quant aux procédures d’avortement et à ce qui les entoure: conseils, suivi…
Si ces recommandations sont larges et comprennent désormais, par exemple, une incitation à développer les téléconsultations d’orientation, elles sont surtout l’occasion pour l’OMS de plaider pour de moindres restrictions à l’avortement.
De nombreux pays limitent drastiquement le droit à l’avortement, le réservant à des situations où la santé de la mère est en danger. Quelques-uns, comme le Salvador, l’interdisent même intégralement.
Les craintes des défenseurs de l’accès à l’avortement se sont récemment concentrées sur les Etats-Unis où plusieurs Etats ont adopté des mesures restrictives et où la Cour suprême semble prête à revenir sur l’idée que l’IVG constitue un droit inattaquable.
L’OMS recommande, elle, de « supprimer les restrictions inutiles sur le plan médical », citant « la criminalisation, des délais obligatoires d’attente, le fait d’imposer l’accord d’autres personnes – conjoints ou famille – ou d’institutions, et le fait d’interdire l’avortement au-delà d’un certain stade de la grossesse ».
Ce type de restrictions ne s’accompagne pas d’une baisse du nombre d’avortements, souligne l’OMS, qui cite une étude publiée en 2020 dans le Lancet Global Health.
Au contraire, « les restrictions vont surtout pousser les femmes et les jeunes filles à recourir à des interventions risquées », prévient l’OMS.
En recourant à des avortements illégaux, les femmes prennent donc des risques pour leur santé, alors que les IVG réalisées selon les règles sont extrêmement sûres, selon l’OMS.
Les restrictions font donc courir des risques de « stigmatisation et de complications médicales », insiste l’agence.
Il est à souligner que l’Etat de Sinaloa, dans le nord-est du Mexique, est devenu le septième du pays à dépénaliser l’avortement, ont annoncé mardi ses autorités.
Les nouvelles normes « permettent, de manière libre, l’interruption légale de grossesse jusqu’à 13 semaines de gestation », a précisé le Parlement de cet Etat dans un communiqué, précisant que cet acte serait gratuit dans les institutions publiques.
Cette décision a été célébrée par des dizaines de jeunes femmes rassemblées à l’extérieur du Parlement.
Une décision prise le 7 septembre par la Cour suprême déclarant inconstitutionnelle l’interdiction de l’avortement, a ouvert la voie à la légalisation de l’IVG (interruption volontaire de grossesse) dans l’ensemble des 32 Etats du pays.
Pour l’instant, ce n’est le cas que dans la ville de Mexico et plusieurs autres Etats mexicains. Mais, comme les Etats-Unis voisins, le Mexique est un pays fédéral où les Etats ont leurs propres lois, qui deviennent illégales si elles sont contraires à la jurisprudence de la Cour suprême.