Dans sa quête de sacre suprême, Lionel Messi s’est trouvé un lieutenant: en provoquant un penalty puis en marquant un doublé en demi-finale contre la Croatie (3-0) mardi, le jeune attaquant argentin Julian Alvarez a propulsé son équipe vers la finale du Mondial-2022.
Initialement, le rôle d’assistant privilégié de « La Pulga » devait être joué, comme au Mondial-2018, par Angel Di Maria, ou par l’attaquant de l’Inter Milan Lautaro Martinez, si précieux dans la conquête de la Copa America en 2021.
Mais le premier revient de blessure et semble en méforme et le second est en crise de confiance, n’ayant guère réussi dans ce Mondial que le dernier tir au but contre les Pays-Bas en quarts, celui de la qualification.
Suffisant pour donner sa chance à Alvarez, jeune buteur de Manchester City, 22 ans, arrivé il y a un an de River Plate où il a été lancé dans le grand bain par Marcelo Gallardo.
Scaloni l’a d’abord utilisé comme remplaçant, contre l’Arabie saoudite (défaite 2-1) puis surtout face au Mexique, quand sa rentrée à l’heure de jeu a rendu dynamisme et imagination au jeu argentin, qui en était fort dépourvu (2-0).
Dès le match suivant, contre la Pologne, Lionel Scaloni le titularise. Le jeune attaquant va le remercier de sa confiance, en convertissant une passe dans la surface d’Enzo Fernandez, son ex-coéquipier à River, pour le 2-0 (67e). Puis il récidive en huitième de finale contre l’Australie, également pour le 2-0 (l’Australie a ensuite réduit le score), en interceptant un ballon hasardeux avant de le pousser au fond des cages (57e).
Mardi, au Stade Lusail, c’est lui qui a forcé le verrou croate, jusqu’alors si efficace dans ce tournoi. D’abord en arrivant en avance devant le gardien Dominik Livakovic, dont l’intervention a été sanctionnée d’un penalty transformé par Messi (34e).
Ensuite, Alvarez s’est lancé dans un raid de plus de 50 mètres pour marquer le but du break, avec deux contres favorables qui doivent autant à sa puissance qu’à la réussite (39e).
Enfin, juste avant d’être remplacé par Paulo Dybala, il a conclu une offrande en retrait de Messi, auteur d’un numéro sur le côté droit de la surface (69e, 3-0).
À Manchester City, Alvarez joue aussi les rôles de doublure. Barré par Erling Haaland, il ne joue que des bouts de match.
Cela ne l’empêche pas d’avoir inscrit trois buts cette saison en Premier League, et de s’attirer les éloges de son entraîneur Pep Guardiola: « Je sais à quel point c’est difficile quand on ne joue pas régulièrement… Mais depuis le premier jour, beaucoup de choses nous impressionnent chez lui. »
« C’est un joueur fantastique », abonde son partenaire à City, le défenseur néerlandais Nathan Aké. « Il est très technique, très difficile à marquer, avec une bonne finition. Un mec super, un peu timide. »
Sa générosité est précieuse pour les Argentins. Quand Messi est dispensé des tâches défensives, lui ne compte pas ses efforts, gênant la relance adverse.
Les supporters argentins ne se trompent pas concernant l’importance nouvelle d’Alvarez, entonnant les « Julian, Julian » en tribunes.
« J’essaie toujours de donner le meilleur, sur le terrain ou depuis le banc en encourageant mes coéquipiers », disait Alvarez après le match contre l’Australie. Gageons qu’en finale, ce ne sera pas depuis le banc.
Difficile d’imaginer Scaloni se passer de son nouvel artificier. Avec Alvarez aux côtés de Messi, l’Argentine sera un finaliste redoutable.