Khalid Naciri : Beaucoup de souvenirs partagés

Témoignages

Par Abdelmoughit Benmassoud Tredano *

Notre ami, collègue et camarade, le défunt Khalid Naciri nous a quittés le mercredi 6 avril dernier

 Ce n’est pas sacrifier à un usage que de faire un témoignage sur le regretté khalid ; faire un témoignage pour certains qui ont connu le défunt, ce n’est pour s’acquitter d’un devoir, mais parce qu’il y a un besoin quasi irrépressible² de dire un mot, sur un personnage qui ne  laisse personne indifférente ; ses qualités en tant ami, camarade sont unanimement reconnus : affable, aimable, agréable et de bonne compagnie.

     Sur   le plan professionnel, en tant qu’avocat et professeur universitaire, il n’y a pas un qui peut contester sa compétence, sa rigueur, sa concision, sa précision dans ses interventions dans les différents espaces là où je l’ai connu :  au PPS d’abord, au SNESUP, à l’OMDH et à Alternatives.

     Dans ces différents espaces de débat (politique, syndical et associatif), jamais Khalid ne prône la rupture ; toujours à la recherche de solutions équilibrées, du consensus et de la cohésion du groupe…

Une rencontre en 1970 A Torremolinos !

     Je le connaissais de nom à travers le parti ou grâce à ses visites dans l’ancienne médina de Rabat où il rendait visite à un de ses oncles ; il se trouve qu’un de ses neveux était un ami du Derb …(O. Naciri ) ; c’étaient des contacts furtifs sans possibilité de le connaitre réellement .

Mon premier contact approfondi remonte à l’année 70 ! Déjà !

 En effet, la première fois où j’ai pu connaitre l’homme, c’est lors d’un voyage en Espagne (Costa d’EL Sol) ; d’une manière fortuite, on s’est retrouvé dans la même résidence à Torremolinos ; c’est là où j’ai découvert l’homme avec pleine de qualités.

   Depuis, nos rapports    sont restés quasi permanents ; sauf une parenthèse de quelques années : c’est au moment où je  me rendais en France pour un 3ᵉ cycle, Khalid la quittait pour rentrer au Maroc après la fin de ses études.

     C’est grâce aux différents espaces de débat, et à l’occasion de conférences, de forums et de congrès, que nos rencontres se renouvelaient.

De l’ensemble de ces expériences académiques, syndicales et associatives, j’en retiens deux ; l’expérience de l’OMDH et celle de l’Association ALTERNATIVES.

    Mais d’abord en matière d’enseignement, c’est grâce à Khalid que je me suis donné un profil de politologue ; en effet, initialement de profil internationaliste, j’ai pu acquérir une expérience en matière d’enseignement de science politique parce que le défunt, a pensé à moi en me confiant généreusement une matière portant sur les systèmes politiques des pays du Tiers- Monde.

L’OMDH : Une expérience originale

Rappelons le contexte :

       En 1988, un groupe de plus d’une trentaine de personnes s’est investi, des mois durant, dans la création d’une organisation des droits de l’homme ; des universitaires, des écrivains, des avocats, des politiques et des syndicalistes : une élite de toutes les obédiences politiques et de pensée   était là pour donner naissance à une structure originale.

      Originale parce que l’OMDH, à la différence d’autres organisations de même nature (La ligue de droit de l’homme dépendant du parti de l’Istiqlal et l’AMDH composée essentiellement de membres de la gauche), regroupait en son sein des membres encartés dans les partis de gauche et d’autres dits indépendants…

     Par sa doigtée, sa perspicacité et son sens de compris, souvent, il était là pour permettre de dépasser des moments de crise ; je me rappelle lors d’une réunion homérique du Conseil national de l’Organisation, suite à la volonté du premier président de l’OMDH, en l’occurrence Omar Azziman , qui

s’apprêtait à démissionner de son poste, et grâce à ses interventions apaisantes et conciliantes, avec d’autres membres  comme le défunt Maitre Mohammed Bouzoubaâ, la crise a été provisoirement dépassée.  

L’Association Alternatives : Une organisation entre le politique et la société civile

Un autre espace et une autre espérance.

Pour l’histoire, l’idée de   la création de l’association ALTERNATIVES a été proposée lors d’une réunion tenue chez un dirigeant du PPS (IA).

 Une conférence au CERAB a été organisée pour approfondir l’idée.

Par la suite, un comité de 5 personnes a été constitué ; au terme de huit mois de travaux (élaboration de la charte,  et des statuts) l’organisation a été créé en décembre 1995 dont le congrès constitutif a eu lieu à Mohammedia.

 Rappelons que l’USFP et l’Istiqlal étaient contre cette association ; ils voyaient en elle un embryon de parti politique ; et ils l’ont fait avec véhémence primaire.

  En revanche, le défunt encore une fois était au rendez-vous ; son concours et sa participation étaient très significatifs et  sans faille.

Parce qu’il sentait qu’Alternative avait un rôle à jouer en vue de secouer le champ politique qui était dans une mort quasi cérébrale.

D’ailleurs, c’était un des buts de l’Association : d’être un vecteur de réflexion et un acteur d’inflexion pour faire évoluer les partis politiques dans la perspective d’une mutation du politique.

Sa présence dans la quasi-totalité des activités de l’Association (Conférences, séminaires et universités) était quasi permanente et sa contribution à nos débats était significativement riche et enrichissante.

Allah Yerhmou !

  • Directeur de la Revue Marocaine des Sciences Politiques et Sociales
  • Président du Centre de Recherche et d’Etudes en Sciences Sociales (CRESS)
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