Le Maroc plaide pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient

1ère session du Comité préparatoire des parties au TNP

L’ambassadeur représentant permanent du Maroc à Vienne, Azzeddine Farhane, a plaidé, mardi, en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massives au Moyen-Orient, y voyant un élément fondamental à la paix et la sécurité dans la région.

« Le Maroc est convaincu que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient est fondamentale pour la paix et la sécurité dans cette région et qu’elle s’impose de toute urgence dans le cadre d’une approche régionale de la paix et de la sécurité internationales », a souligné M. Farhane, qui a présenté la déclaration du Royaume lors de la première session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2026 des parties au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
« Le Maroc demeure convaincu que cet objectif ne peut se concrétiser qu’avec l’engagement de tous les États de la région”, a relevé le diplomate qui intervenait au titre du « Point 4 » de l’ordre du jour sur « le débat général ».
A cet égard, M. Farhane a exprimé les préoccupations du Maroc concernant les récents tirs de missiles balistiques effectués, en violation des résolutions du Conseil de Sécurité, et appelle au dialogue et soutient les efforts du Conseil de Sécurité pour parvenir à une solution durable afin de rétablir la paix dans la péninsule coréenne.
Le diplomate a en outre relevé que la session du comité préparatoire intervient dans un contexte international marqué par l’incertitude et des préoccupations majeures en matière de désarmement et de non-prolifération, y voyant « l’occasion de renouveler plus que jamais notre engagement à renforcer les 3 piliers du TNP ».

Au volet du désarmement, M. Farhane a fait remarquer qu’un consensus s’est dégagé, il y a plus d’un demi-siècle, au sein de la communauté internationale autour d’un instrument multilatéral destiné à servir le noble objectif de la paix et de la sécurité internationales et à favoriser les conditions propices au développement des nations.
Or, a-t-il ajouté, les arsenaux nucléaires ont continué à être modernisés et développés, en violation de la lettre, de l’esprit et de l’objectif du traité, exacerbant ainsi les tensions et précipitant la détérioration de la confiance.
De l’avis de M. Farhane, l’impasse persistante de la conférence des Nations unies sur le désarmement, l’absence de progrès tangibles en termes d’engagements pris au titre de l’article VI du traité, ainsi que le risque de voir des armes de destruction massive tomber entre les mains d’acteurs non étatiques, « sont autant de facteurs inquiétants qui nécessitent des actions collectives pour démontrer la bonne foi, la responsabilité et l’engagement ».
Le Maroc regrette que, 25 ans après son ouverture à la signature, le Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICE) ne soit pas encore entré en vigueur, et que son universalité semble encore un objectif difficile à atteindre, a déploré le diplomate, soulignant l’engagement ferme et permanent du Royaume « dans les efforts régionaux et internationaux en matière de désarmement et de non-prolifération », outre son attachement « à l’objectif de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, auquel nous aspirons tous ».
C’est avec cette ferme conviction que le Maroc a présidé les travaux de la 1ère Commission de la 76ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, a-t-il dit.

En ce qui concerne le volet de la non-prolifération », le diplomate a rappelé que le Maroc est partie à tous les instruments internationaux visant à éliminer les armes de destruction massive et qu’il adhère et soutient les initiatives internationales visant à renforcer le dialogue et la confiance en vue de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.
Fort de cet engagement, le Maroc a présidé la 64ème session de la Conférence générale de l’AIEA en 2020, et a contribué à la promotion du dialogue pour le renforcement du régime international de sécurité et de sûreté nucléaires.
Dans cette optique, le diplomate a relevé que le Maroc a ratifié le Traité de Pelindaba portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, et reste convaincu que la création de telles zones contribue à la paix et à la sécurité tant au niveau régional qu’international.
S’agissant du volet de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, le TNP accorde à tous les États le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, a poursuivi M. Farhane, notant que la sûreté et la sécurité nucléaires sont des conditions préalables essentielles pour soutenir la non-prolifération nucléaire et faire face aux risques d’incidents nucléaires.
En effet, dans son document final, la Conférence d’examen du TNP de 2010 a consacré une section de 20 paragraphes à la sûreté et à la sécurité nucléaires, couvrant plusieurs domaines d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, a-t-il rappelé.
Tout en soulignant le rôle central de l’AIEA dans la promotion de l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire, le Maroc réitère son engagement ferme à continuer à partager, soit dans un cadre bilatéral, soit en coopération avec l’AIEA, son expérience avec les pays africains visant à promouvoir l’utilisation sûre et sécurisée des applications nucléaires, en soutien à la mise en œuvre des initiatives de la DG de l’AIEA relatives à ZODIAC, NUTEC Plastics, et Rays of Hope Initiatives, a fait savoir le diplomate.
En outre, a-t-il ajouté, le Maroc a signé un protocole d’accord lors de la visite du Directeur général de l’AIEA à Rabat, en juin 2022, et a conclu, en mai 2023, un autre protocole d’accord avec la Commission africaine de l’énergie nucléaire, AFCONE, pour renforcer leur coopération sur les applications civiles de l’énergie nucléaire et la sûreté et la sécurité nucléaires.

« Ces mémorandums constituent une base solide pour partager davantage avec les pays africains l’expérience du Maroc dans l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, afin de stimuler et de promouvoir un développement industriel et économique durable en Afrique », a relevé le diplomate.
De l’avis de M. Farhane, l’esprit de consensus et de dialogue qui a présidé à l’établissement du TNP, il y a plus d’un demi-siècle, devrait être renforcé et maintenu pour un monde exempt d’armes nucléaires.
« Nous devons saisir les opportunités et réunir les conditions nécessaires à un débat fructueux pour assurer, à la fin de notre session, le succès de ce premier comité préparatoire afin de jeter les bases d’un processus d’examen du TNP réussi », a-t-il conclu.
Le premier comité préparatoire (PrepCom) du onzième cycle d’examen du TNP, qui réunit 191 États parties, se tient à Vienne du 31 juillet au 11 août.
Il a été précédé par la réunion d’un « groupe de travail sur le renforcement du cycle d’examen du TNP » destiné à améliorer la revue et la mise en œuvre du traité par ses États parties.
Ce nouveau cycle d’examen s’ouvre moins d’un an après la dernière Conférence d’examen du traité, qui s’était tenue en août 2022.

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