Saoudi El Amalki
Dans n’importe quel gouvernement du monde, la Politique est la notion clé qui anime la gestion des affaires publiques, durant tout son mandat. On ne saurait prétendre gouverner sans se fier à une vision politique claire qui codifie diverses approches. Cette règle universelle semble fuir à notre Exécutif qui consacre une gouvernance au jour le jour, sans aucun fil conducteur. Le slogan brandi, « État social » qu’il est en passe de trahir n’a jamais été dans ses veines, en contradiction avec sa nature paupérisante. Depuis son entrée en lice, il y a plus de la moitié de son itinéraire, il s’est recroquevillé sur les questions courantes et s’est carrément autocensuré d’ouvrir le débat politique au grand public, en vue de mettre en œuvre le Nouveau Modèle de Développements ( NMD ) aux conclusions desquelles, toutes les composantes de la Nation ont réfléchi et livré le fruit de ce que devrait être le Maroc de demain. Jamais le gouvernement ne s’est donné la peine de le reprendre et le soumettre au chantier de la consommation. Il l’a complètement tu, au lieu d’en faire usage au grand jour et d’en dégager le contenu dont auront besoin les institutionnels à grandes échelles…
Il est donc bien certain que cet Exécutif manque de prélude à son acte, de boussole à son action et de ligne à son activité, qu’est la politique. La carence de cet exercice fondateur handicape le chef de l’Exécutif à tenir un discours cohérent et persuasif devant l’assistance et l’intelligentsia, au point de tomber dans la dérision caricaturale à travers des propos désarticulés et décousus. A voir ainsi cette pénurie politique qui déraisonne dans la caisse de résonance, on a l’impression qu’une araignée est dans le plafond. En somme, quand la politique échappe à l’esprit étriqué, on peut se permettre les platitudes d’analyse et de traitement, sans aucune tentative de relever les consciences et rehausser les conditions de vie des populations fort accablées par la flambée et la cherté…
La politique, cela s’apprend dans les rouages de la section et la cellule où on s’initie à respecter le collègue qui parle, s’approprier les outils de la pensée et se soucier du jeu de la démocratie interne. Lorsqu’on émane de « l’entreprise de la rente », sans passer par les écoles politiques de droite ou de gauche, imbues de patriotisme et de civisme, on s’affronte à de multiples écueils, car on ne peut concilier business et politique en conflit d’intérêts. A l’époque, dans la littérature marxiste, quand un petit bourgeois « descend » de sa classe sociale aux côtés des ouvriers et des petits agriculteurs, on appelle cet acte « suicide de classes ». Aujourd’hui, les deux classes sont similaires puisque la classe moyenne se tord de la crise inflationniste, à cause de la faillite de ce gouvernement de « compétences » qui a mal à la politique… Le philosophe allemand du 19ème siècle, Arthur Schopenhauer disait la plus triste phrase du monde : « Ainsi, la vie oscille comme une pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ! ». Cette citation ferait certainement penser au bas jeu de l’Exécutif !