Stratégie de coopération entre l’OMS et le Maroc 2017-2021
La coopération entre le Maroc et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), vieille de plusieurs années, est appelée à se renforcer davantage, aux termes de la Stratégie de coopération entre le Royaume et l’OMS pour la période 2017-2021, dont la présentation et la signature ont eu lieu jeudi à Rabat.
Cette stratégie a été élaborée avec le ministère de la santé et en étroite collaboration avec les principaux acteurs nationaux et internationaux du secteur de la santé. Elle identifie les domaines de coopération pour lesquels l’expertise et les capacités de l’OMS vont constituer une valeur ajoutée pour la santé dans le Royaume.
L’élaboration de la stratégie a tenu compte du chemin parcouru en matière de mise en œuvre des réformes du système de santé marocain ainsi que du programme global de l’OMS, notamment l’effort déployé à l’échelle internationale en vue de la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD).
La stratégie de coopération s’aligne également sur le Plan Cadre des Nations unies d’aide au Développement (UNDAF) 2017-2021, qui constitue le cadre de coopération stratégique entre le Maroc et le Système des Nations unies.
La Stratégie de coopération repose sur quatre axes et priorités nationales d’intervention qui sont:
- Le renforcement de l’accès équitable des populations à des services de qualité à un coût abordable, en vue de tendre vers la couverture sanitaire universelle ;
- La contribution à la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD), notamment la réduction des inégalités en santé et de la charge de morbidité́ et de mortalité́ ;
- Le renforcement des fonctions essentielles de santé publique et la sécurité́ sanitaire ;
- Et l’accompagnement de la dynamique de la régionalisation avancée et le renforcement de la gouvernance du secteur de la santé.
Ces axes stratégiques sont déclinés en 16 domaines d’action qui concernent notamment :
– L’appui à la réforme des soins de santé primaires orientée vers le développement de la médecine de famille,
– Le renforcement de l’offre de services pour les personnes en situation de handicap, les personnes âgées et les migrants,
– L’accompagnement de la mise en œuvre de la stratégie nationale multisectorielle de lutte contre les maladies non transmissibles, particulièrement le développement de la santé mentale et des soins palliatifs,
– Le renforcement des bases factuelles en matière d’inégalités sociales, économiques et de parité homme-femme dans le domaine de la santé, afin de mettre en place des stratégies multisectorielles pour agir sur les déterminants sociaux de la santé,
– L’appui technique à la mise en œuvre de la stratégie de santé environnementale, orientée vers l’évaluation des risques sanitaires et de riposte face aux effets de la dégradation de l’environnement et des changements climatiques sur la santé,
– Le renforcement des capacités de surveillance, d’évaluation des risques et de contrôle des infections, y compris la résistance antimicrobienne,
– Le développement des capacités requises conformément au Règlement sanitaire international, en vue de faire face aux urgences de santé publique et d’assurer la sécurité sanitaire,
– La contribution à la mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale,
– L’accompagnement du développement et de la gestion des ressources humaines en santé,
– Et L’accompagnement de la mise en œuvre de la régionalisation dans le domaine de la santé.
La stratégie sera concrétisée par la mise en œuvre des programmes de travail biennaux couvrant la période 2017-2021, avec l’appui technique et financier de l’OMS.
Les défis du secteur:
Intervenant au cours de la cérémonie de présentation de cette stratégie, le représentant de l’OMS, Dr Yves Souteyrand, a indiqué que le système de santé marocain continue d’être confronté à d’importants défis : pénurie des ressources humaines et leur inégale répartition sur le territoire, régulation insuffisante d’un secteur privé en croissance, insuffisance des financements consacrés à la santé, revendications des usagers quant à la qualité de l’accueil et du service rendu, telles qu’avérées par les enquêtes Intidarate réalisées en 2012.
Au niveau épidémiologique et démographique, le Maroc est en transition. Le pays a connu de grands succès dans le contrôle des maladies infectieuses grâce à une politique de vaccination efficace et des programmes de santé bien structurés. La polio, le paludisme, la lèpre, la bilharziose, le trachome ont été éliminés. Les cibles des Objectifs du Millénaire du Développement relatifs au SIDA et à la tuberculose ont été atteintes. Il en va de même pour le 4e OMD relatif à la mortalité infantile. La mortalité maternelle a sensiblement diminué, mais elle continue d’être plus élevée que dans des pays comparables.
L’espérance de vie a augmenté de 20 ans en 4 décennies. Le revers de la médaille est l’explosion des maladies non transmissibles et chroniques (diabète, hypertension, cancer, insuffisance rénale, maladies cardiovasculaires et respiratoires), source aujourd’hui de 75% de la mortalité. Le système de santé doit répondre aux nouveaux besoins induits par ces transformations épidémiologiques. Les facteurs de risque associés à ces maladies – mauvaise alimentation, obésité, consommation de tabac et d’alcool, sédentarité – appellent à une réponse qui mobilise un ensemble large de départements ministériels et de parties prenantes.
En matière de sécurité sanitaire, le Maroc a été confronté à la crise de l’épidémie à virus Ebola, auquel il a apporté une réponse volontariste félicitée par la Directrice Générale de l’OMS. Cette épidémie a révélé la fragilité des systèmes de santé publique des pays, ceux-ci ne disposant pas des capacités requises par le Règlement Sanitaire International pour faire face à des menaces épidémiques majeures. Au Maroc, l’évaluation des fonctions essentielles de santé publique et plus récemment l’évaluation des capacités du pays en relation avec le Règlement Sanitaire International ont identifié les priorités pour renforcer la sécurité sanitaire. La Loi sur la santé Publique, qui devrait être soumise au gouvernement puis au parlement, constituera le levier législatif pour faire face à cette situation.
Il a par ailleurs souligné que le Maroc s’est approprié, à l’instar des Etats membres de l’ONU, les Objectifs du Développement Durables. Les cibles des ODDs engagent les Etats et les partenaires. Ainsi l’ODD 3, «Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être à tout âge», inscrit la couverture universelle en santé comme cible centrale. Il s’agit d’assurer que tout individu ait accès à des services de santé de qualité, en étant protégé contre le risque financier.
Le document a été signé par Dr Yves Souteyrand pour l’OMS et Dr Abdelali Belghiti Alaoui, secrétaire général du Ministère de la santé.
M’Barek Tafsi