Avec 65,82% des suffrages exprimés contre 34,18% pour Marine Le Pen, sa rivale du Front National, Emmanuel Macron, inconnu du public avant 2014, date de son entrée au gouvernement de Manuel Valls en tant que ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, est parvenu, ce dimanche 7 Mai 2017, à s’imposer dans une élection où les partis historiques de l’Hexagone ont été incapables de recueillir l’adhésion d’une population désabusée et à devenir ainsi, à l’âge de 39 ans, le plus jeune président de la République Française et le huitième Chef d’Etat de la Vème République.
Diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), Emmanuel Macron a débuté sa carrière dans l’administration publique en tant qu’inspecteur des finances avant d’intégrer la Banque Rothschild en qualité d’associé-gérant. Sa solide expérience en matière économique et financière avait poussé le Président Hollande à le nommer,en 2012 et malgré son jeune âge, Secrétaire Général adjoint à l’Elysée en charge des questions économiques et financières. En 2014, Manuel Valls lui accordera le portefeuille de ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique. Il restera à ce poste jusqu’en Août 2016; date à laquelle il décidera de démissionner pour se consacrer entièrement au mouvement politique «En Marche» qu’il avait fondé le 6 Avril 2016 dans sa ville natale d’Amiens en prévision des élections présidentielles du week-end dernier ; un mouvement qui se veut être «citoyen» dès lors qu’il s’appuie sur la société civile et qui se fixe comme objectif une refonte politique basée sur un rejet des schémas partisans traditionnels.
Il convient de rappeler que le nouveau Président de la République Française avait prévu de visiter le Maroc durant sa campagne électorale – d’abord en Mars puis en Avril – mais que ces visites furent annulées «pour des raisons d’agenda» selon ses proches. Emmanuel Macron avait même dit, dans un entretien accordé à Jeune Afrique, «je me suis déjà rendu en Algérie et en Tunisie et si je n’ai pas encore pu aller au Maroc, je m’y rendrai très rapidement après mon élection, si les Français m’accordent leur confiance».
Interrogé sur la manière avec laquelle il appréhende «les relations de la France avec l’Algérie et le Maroc qui ne s’entendent guère», le candidat à l’élection présidentielle française avait souligné que la France entretient des relations très fortes avec les pays du Maghreb et qu’à ce titre, il ne lui appartient pas de commenter les rapports qui les lient entre eux puisqu’il s’agit d’Etats souverains avant d’ajouter «je crois profondément à l’intérêt des pays du Maghreb à coopérer davantage, à intensifier leurs relations économiques qui restent faibles de la même manière qu’ils développent leurs relations avec le reste du continent africain».
Ainsi, dès l’annonce de l’accession d’Emmanuel Macron à la magistrature suprême de la République Française, Sa Majesté le Roi Mohammed VI lui a adressé un message de félicitations disant : «Votre élection couronne votre parcours politique. C’est aussi un hommage rendu à vos hautes qualités humaines et intellectuelles par le peuple français qui, fidèle aux nobles valeurs qui fondent l’identité de votre pays, a fait le choix du progrès, de l’ouverture et de la confiance en l’avenir».
Et le souverain de poursuivre en rappelant «que les peuples marocain et français, qui sont liés par une amitié séculaire, fondée sur l’estime mutuelle et une communauté de valeurs humaines, ont su, au fil des années, construire un partenariat fort et multiforme qui s’illustre par sa pérennité et sa stabilité (et que) c’est un choix stratégique, voulu et assumé, que les deux pays ont pu constamment renouveler et consolider face aux multiples défis politiques, humains et socio-économiques qu’ils ont eu à relever des décennies durant».
Disons pour terminer que si Emmanuel Macron est bien parvenu à entrer haut la main à l’Elysée, son triomphe aura, tout de même, un arrière-goût d’inachevé s’il n’est pas conforté par une victoire lors des prochaines législatives qui se tiendront les 11 et 18 Juin 2017, s’il n’est pas corroboré par une réussite qui puisse lui assurer une confortable marge de manœuvre et lui permettre de réaliser les objectifs annoncés lors de la constitution du mouvement «En Marche».
Nabil El Bousaadi