Lancées en février dernier, les négociations intergouvernementales du Pacte mondial sur une migration sûre, ordonnée et régulière, se poursuivent. Le 3e round de ces négociations a débuté mardi 4 avril à New-York. L’objectif étant d’élaborer un texte qui sera signé par tous les pays négociateurs à Marrakech lors de la Conférence internationale sur la migration prévue les 10 et 11 décembre prochains.
Après le deuxième round de mars, le troisième round, qui se tient jusqu’à vendredi à l’Assemblée générale de l’ONU, est présidé par les co-facilitateurs des négociations, à savoir les ambassadeurs Représentants permanents du Mexique et de la Suisse auprès de l’ONU.
Les co-facilitateurs devront ainsi «présenter et expliquer» les derniers changements subis par le projet de pacte, et procéder à une lecture complète du document et discuter ses différents objectifs un par un, a précisé Varma, lors de son briefing quotidien à la presse.
Ce sont six rounds de négociation qui sont prévus, à New-York, un par mois, jusqu’au mois de Juillet. Selon le projet de texte de cet accord, l’objectif ultime est de favoriser et surtout accroitre la coopération entre les Etats sur les migrations internationales et à tous les niveaux. Ce texte détaille également les fondamentaux et les principes sur lesquels reposera le pacte qui sera signé formellement au Maroc, notamment la «souveraineté des Etats», «la compréhension mutuelle», «les responsabilités partagées», sans oublier l’«unité de vues». Puisque le pacte part du postulat qu’aucun pays ne peut faire face seul à la migration, et met en avant la nécessité d’une «approche globale pour optimiser les avantages de la migration».
Le Pacte pour la migration en un mot
C’est dans le cadre de la déclaration de New-York pour les réfugiés et les migrants adoptée le 19 septembre 2016 que l’Assemblée générale de l’ONU a décidé d’élaborer un Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Ce pacte vise à améliorer la gouvernance de la migration, de faire face aux défis liés aux migrations contemporaines et de changer les points de vue sur les migrants et la migration. Il s’agit du premier accord négocié entre les Etats sur les migrations internationales, sous la conduite de l’ONU. Sa spécificité est de traiter tous les aspects des migrations internationales, moyennant une approche globale et exhaustive. Le pacte devra en quelque sorte définir le cadre des réponses à apporter et les actions à entreprendre en matière de migration.
Le projet initial du Pacte mondial sur la migration avait été rendu public début février à New York, avec 22 engagements visant à ce que les migrants, qu’ils recherchent une vie meilleure ou fuient la violence et la pauvreté, puissent le faire de manière sûre, prévisible et ordonnée. Le pacte s’inspire du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, ainsi que de la Déclaration du Dialogue de haut-niveau sur les migrations internationales et le développement adoptée en octobre 2013. Il souligne que la migration a toujours fait partie de l’expérience humaine à travers l’histoire, appelant les Etats membres à reconnaître qu’elle « peut être une source de prospérité, d’innovation et de développement durable dans notre monde globalisé ».
Retrait des Etats-Unis du Pacte
Si les négociations pour le Pacte mondial sur la migration ont débuté en février dernier et réunissent 192 pays, il faut surtout noter l’absence des USA des différents rounds de négociation. En effet, le pays avait annoncé en décembre 2017, son retrait de ce Pacte ambitieux et historique en matière de gestion migratoire. Même si c’est sur son sol que la décision d’élaborer ce Pacte avait été prise en 2016, les USA dirigés par Donald Trump n’ont pas hésité à se retirer de la course. L’actuel président avait jugé cet accord «incompatible» avec sa politique en matière de gestion migratoire, préférant faire cavalier solitaire et camper sur sa souveraineté sur la question. «L’Amérique est fière de son héritage en matière d’immigration et de son leadership dans le soutien aux populations migrantes et réfugiées à travers le monde. Aucun pays n’a fait plus que les Etats-Unis et notre générosité perdurera, mais nos décisions sur les politiques d’immigration doivent toujours être prises par les Américains et seuls les Américains», avait déclaré dans le communiqué, l’ambassadrice américaine aux Nations Unies, Nikki Haley. Cette décision avait été fortement critiquée à l’ONU et par les 192 autres pays négociateurs.
Le Maroc, parmi les négociateurs
Le Maroc participe aux négociations sur le Pacte mondial sur les migrations. D’ailleurs, il faut dire que l’année 2018 marque en réalité le leadership du Maroc en matière de gestion migratoire. C’est au Maroc, que se tiendront les 10 et 11 décembre 2018 la Conférence mondiale sur la migration. Cette conférence sera intitulée «Conférence intergouvernementale chargée d’adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières». C’est au cours de cette conférence que le Pacte mondial sur la migration sera adopté. Le Royaume abritera également du 5 au 7 décembre 2018 dans la ville ocre le Forum mondial sur la migration et le développement.
D.F.Engolo