«Zéro mika»: Les sacs en plastique ont-ils vraiment disparus?

L’opération «Zéro mika» a-t-elle été un succès ? Le constat dressé par le ministère de l’Industrie, dans un communiqué publié dimanche, indique que le sac en plastique est définitivement banni des segments de la moyenne et grande distribution et du commerce de proximité organisé. On affirme que les commerçants recourent à des alternatives pratiques, conçues et calibrées pour répondre à leurs besoins spécifiques. «La demande en produits alternatifs s’est considérablement accrue et l’offre des entreprises a suivi le rythme», souligne le département de Moulay Hafid Elalamy.

Ainsi, la production de sacs non tissés est passée de 1,8 à 3,2 milliards de sacs et celle des sacs tissés de 1 à 1,2 milliard de sacs durant la deuxième année de mise en œuvre de la loi 77-15 interdisant la production et la commercialisation des sacs en plastique.

Ce bilan du ministère est considéré comme une réponse aux résultats de l’enquête de l’Association «Zéro Zbel» sur l’usage des sacs en plastique, publiée la semaine dernière. Contrairement au constat de la tutelle, l’enquête de cette ONG indique que les sacs en plastique sont encore couramment utilisés et que 65% des clients déclarent utiliser entre 5 et 15 sacs en plastiques à chaque fois qu’ils font les courses.

Néanmoins, la tutelle reconnaît que l’utilisation de sacs interdits persiste dans les souks et le commerce ambulant et non organisé qui s’approvisionnent auprès de réseaux clandestins et de la contrebande. Les opérations de contrôle effectuées se sont soldées sur la saisie de 89,9 tonnes de sacs au niveau des postes frontaliers et 757 tonnes dans des unités et ateliers clandestins.

De même, 3.826 infractions ont été constatées par procès-verbaux transmis aux Procureurs du Roi et 757 jugements ont été prononcés avec des amendes d’un montant global de 5 millions de dirhams. Pour renforcer le contrôle, la réglementation en vigueur a été étoffée, rappelle-t-on. En effet, la soumission à licence des importations de polyéthylène, matière première servant à la production de sacs interdits, a permis de réduire sensiblement le volume importé.

En effet, 28.495 tonnes ont été importées de janvier à mai 2018 contre 41368 tonnes durant la même période de 2017, soit une réduction de 31%. Le recours à des matières premières alternatives a été, par ailleurs, constaté lors des contrôles effectués qui ont mis en évidence l’utilisation par les unités clandestines de plastique récupéré dans les décharges, ainsi que de matières premières hautement toxiques et nuisibles à la santé servant à la base à la production d’emballages de produits industriels divers.

La tutelle explique que ce changement a été favorisé par le programme d’accompagnement à la reconversion des entreprises impactées. Selon le communiqué, 25 entreprises éligibles sur 29 candidates ont profité de ce programme avec une prime globale de 65,4 millions de dirhams. Ce qui a permis non seulement le maintien des emplois impactés mais aussi la création de 600 nouveaux postes. Parallèlement, 19 autres entreprises ont bénéficié de l’appui du Programme Imtiaz pour la production de solutions alternatives. Le montant global alloué à ces dernières sechiffre à 52,4 millions de dirhams.

Hajar Benezha

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