De report en report, la signature du nouveau contrat-programme liant le gouvernement aux professionnels du BTP a finalement eu lieu mardi à Al Hoceima en marge du 10e congrès national de la route. Ce 2e contrat programme, qui couvre la période 2018-2022, trace les grandes orientations qui visent le développement à moyen terme de l’ingénierie et des entreprises de BTP. Sa signature est une victoire pour les professionnels du secteur, plongés dans l’attentisme depuis l’expiration du premier contrat en 2007.
En effet, cette nouvelle feuille de route représente une bouffée d’oxygène pour un secteur en déclin depuis plus de quatre ans. L’ambition est d’augmenter la part de ce secteur dans le PIB pour atteindre 81 milliards de DH contre 53 milliards. Les prévisions relatives à la productivité apparente par employé tablent sur une hausse annuelle de 3% sur les cinq prochaines années, soit 67.000 dirhams par an en 2022 contre 53.000 dirhams en 2014. Il s’agira aussi de créer 220.000 emplois additionnels, ce qui permettra de porter les emplois du secteur de 990.000 à 1,21 million. Pour atteindre ces objectifs, il s’agira de mettre à niveau le secteur du BTP et d’encourager l’excellence et le rayonnement de ses entreprises à l’international. Il s’agit là des deux piliers du contrat-programme.
En gros, les professionnels du BTP tablent sur le nouveau contrat-programme pour faire émerger une entreprise compétitive, créative de valeur, innovante, citoyenne, qui concrétise les besoins du pays. Contacté par Al Bayane, El Mouloudi Benhamane, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics, indique que le nouveau contrat-programme se décline en 10 contrats d’application lesquels prévoient une révision des textes régissant les relations de la profession avec chaque département ministériel signataire du contrat-programme. L’ambition est notamment de parvenir à des solutions pour réduire les délais de paiement ainsi que d’améliorer les relations avec les banques afin de faciliter l’accès au financement, souligne t-il.
Cette nouvelle vision s’articule aussi autour d’un Etat qui favorise la pérennité des entreprises en donnant de la visibilité, en accompagnant et encourageant et surtout en développant les conditions d’un environnement favorable. Concrètement, 11 objectifs stratégiques ont été fixés. Le pilier relatif à la mise à niveau du secteur vise, entre-autres, à actualiser le cadre réglementaire du secteur, à renforcer la représentation professionnelle, à encourager l’interprofession et à faire émerger une entreprise citoyenne. Selon El Mouloudi Benhamane, les critères de classification et de qualification vont être révisés. La préférence nationale est aussi au cœur de la nouvelle feuille de route, ajoute t-il.
Quant au 2e pilier, qui porte sur l’excellence et le rayonnement à l’international, il s’assigne plusieurs objectifs dont l’émergence de champions nationaux et le développement de partenariats public-privé. Ainsi, une révision du décret sur les marchés publics est dans le pipe.
A noter que l’ensemble des départements ministériels a été interpellé. Finances, habitat, emploi, commerce extérieur et autres ont apposé leur signature. Du côté des professionnels, le contrat a été signé par le président de la FNBTP, El Mouloudi Benhamane, accompagné du patron de la Fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie (FMCI), Nabil Benazzouz. La mise en œuvre des engagements du contrat programme sera assurée par des comités de pilotage et de suivi réunissant des membres des deux fédérations et les représentants des ministères concernés.
Hajar Benezha
Une 2e école BTP au Maroc
La formation est au cœur des préoccupations de la profession. Après Settat, le choix a été porté sur Fès pour abriter un nouvel institut de formation dans les métiers du BTP. Selon El Mouloudi Benhamane, les négociations sont en cours pour concrétiser ce projet prévu par la stratégie de la Fédération.