Environnement: le Maroc se fixe de nouveaux objectifs

L’année 2018 s’achève sur de nouvelles ambitions du Maroc en matière climatique. Face aux effets de plus en plus marquants du changement climatique au cours de cette année (ouragans, incendies, inondations) dans plusieurs régions du monde, le Maroc a opté en 2018 pour l’accroissement de ses efforts afin de préserver la planète. Il a entre autres porté à la hausse sa contribution déterminée nationale (CDN), élaboré des projets ayant obtenu des financements du Fond vert pour le climat…

Même si le Maroc, comme tous les autres pays africains, participe très faiblement au réchauffement climatique dans le monde, il s’est toutefois  engagé à contribuer à limiter le réchauffement sous le seuil des 2°C, en signant l’Accord de Paris de 2015. En 2018, suite à la publication d’un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en octobre, appelant les Etats à revoir leurs engagements initiaux (CDN) à la hausse, sans quoi la bataille du climat risquerait d’être perdue, le Maroc a décidé de relever ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ainsi, le royaume a décidé de porter sa CDN à 42% de réduction des GES et de dépasser l’objectif de générer plus de 52% l’électricité à travers les énergies renouvelables à l’horizon 2030. Au cours d’une réunion, un mois après le rapport du GIEC, le Souverain a enjoint le ministère de l’énergie, des mines et du développement durable, MASEN et l’ONEE de relever les engagements climatiques du royaume, en développant entre autres la biomasse, comme source de production électrique aux côtés du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique et en valorisant les décharges de biogaz. Il s’agira également de mettre à contribution l’efficacité énergétique au sein de l’administration publique.

En effet, selon le rapport du GIEC, le monde a atteint 1°C d’augmentation de mercure en 2017-2018. Si cette même tendance est maintenue, cette hausse de température pourrait se situer à 1,5°C  d’ici 2030 et 2050, soit 48 ans avant l’échéance fixée par l’Accord de Paris en 2100. Selon le GIEC, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C ne pourrait donc être atteint que si les GES au niveau mondial baissent de 45% d’ici 2030 et les énergies renouvelables passent à 85% d’ici 2050. D’où la nécessité pour les Etats de fixer de nouveaux engagements.

Le Maroc, 1er pays africain à bénéficier du Fonds vert pour le climat

Dans le cadre de ses efforts pour réduire les émissions de GES, le Maroc a bénéficié en 2018 du financement du Fonds vert pour le climat, devenant ainsi le premier pays africain à l’obtenir. En 2018, ce sont 19 projets de lutte contre le réchauffement climatique initiés par 17 pays, parmi lesquels le Royaume, qui ont décroché le financement d’un montant global de 1,04 milliard de DH. Il partagera ainsi avec les 17 pays un montant de 279,7 millions  dollars pour financer la transition vers un système financier pour le climat. Une vraie récompense pour ses efforts en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Sans oublier qu’il fait également partie de 11 pays financés par le «Climate Investor One» pour le développement et le financement des projets d’énergies renouvelables dans les pays en développement.

La loi 13-09, le talon d’Achille

Si le Maroc peut se targuer de ses efforts au niveau climatique, au niveau juridique, son texte de loi sur la libéralisation des énergies renouvelables continue de faire l’objet de critiques acerbes de la part des investisseurs privés. D’ailleurs, suite à la réunion en novembre avec le Souverain, le ministère de l’énergie a été sommé d’accélérer le processus de publication des textes d’application de cette loi.

Adoptée en 2010, la loi 13-09, qui aurait nourri des espoirs au tout début, ne satisfait plus les investisseurs, qui en appellent d’ailleurs à un nouvel amendement, après celui de 2015. Jugeant, qu’au bout de 8 ans, la loi n’a pas favorisé les investissements dans le secteur des énergies renouvelables comme prévu initialement. Elle a plutôt freiné les ambitions du Royaume en la matière, visant à générer plus de 52% l’électricité à travers les énergies renouvelables à l’horizon 2030.

Les opérateurs privés réclament un amendement de la loi, pour rendre le marché plus intéressant et la libéralisation plus poussée. Il s’agit entre autres, de favoriser l’accès au réseau basse tension, ce qui profitera énormément aux PME, notamment celles qui sont spécialisées dans le photovoltaïque (PV) et qui ne tirent pas leur épingle du jeu.

En effet, ladite loi a favorisé l’ouverture de la production et la vente d’électricité générée par les sources renouvelables (éolien, biomasse…) au secteur privé, de même que l’accès aux réseaux Très haute, haute et moyenne tensions. A noter que la loi 13-09 a déjà fait l’objet d’un amendement en 2015, permettant notamment la hausse du seuil de la puissance installée de 12 à 30MW pour les centrales, la vente des excédents d’énergie produite…

Danielle Engolo

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