Le 13 Novembre dernier, une vidéo postée sur les réseaux sociaux par le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême-droite) montrait un homme coiffé d’un fez remettant sa carte de sécurité sociale à une assistance médicale avec comme commentaire : «Pour Ali, qui n’est pas assuré, le ciel est en train de s’assombrir car il ne pourra plus utiliser la carte de son cousin Moustafa. Cela faisait des années que le FPÖ réclamait des photos sur les cartes de sécu».
Cette petite vidéo de propagande, partagée par Beate Hartinger-Klein, la ministre FPÖ des Affaires Sociales à l’origine des mesures visant à lutter contre les fraudes, entre dans le cadre d’une vaste campagne xénophobe ciblant la communauté musulmane et attisant le ressentiment envers cette dernière.
C’est dans ce cadre que, dès sa venue aux commandes des affaires de l’Etat autrichien au début de l’année 2017, le FPÖ avait placé au premier rang de ses priorités la lutte contre l’immigration et l’islam radical. Dénonçant la naturalisation des membres de la communauté musulmane, il ne cesse même de réclamer leur exclusion des logements sociaux. Il accompagne toujours son discours raciste et ségrégationniste de visuels faisant apparaître des femmes en burqa ou en niqab alors même qu’à peine 8% de la population autrichienne de confession musulmane revendique son appartenance à un Islam rigoriste.
Aussi, pour le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), le massacre des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande de la semaine dernière est-il venu comme une cerise sur gâteau nourrir la haine à l’égard du musulman à telle enseigne que le 14 mars dernier, lors de la présentation d’un livre écrit par Thilo Sarrazin – un auteur allemand néo-conservateur dont les positions sur l’immigration sont proches de celles de l’extrême-droite autrichienne – le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache a affirmé que dans près de 150 jardins d’enfants contrôlés à Vienne par les islamistes, les élèves «sont éduqués à travers des sermons haineux à devenir des martyrs». Dans une autre déclaration, le vice-chancelier autrichien en vient même à faire un parallèle entre le «pourcentage de citoyens musulmans» dans un pays donné et «les conditions d’une guerre civile».
Il n’en fallait pas plus pour faire sortir de ses gonds IGGÖ, la principale fédération musulmane d’Autriche et la pousser à hausser le ton et crier bien fort : «çà suffit (…) les déclarations du vice-chancelier sont un dérapage que nous ne pouvons plus accepter (car) personne n’est au-dessus des lois, aucune carrière de politicien n’est plus importante que la paix sociale dans notre pays» et à déposer, ce mercredi 20 mars 2019, une plainte «pour incitation à la haine» contre Heinz-Christian Strache, le vice-chancelier autrichien.
Mais, le FPÖ que dirige ce dernier qualifie cette plainte d’initiative «populiste» prise par l’organisation musulmane dans le seul but de «détourner l’attention» de ses membres et de les éloigner des vrais problèmes que vit le pays.
Au vu de l’exacerbation, au fil des jours, de l’animosité qu’il y a entre le parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ) et la communauté musulmane, il semble que le bras-de-fer FPÖ-IGGÖ soit là pour durer, alors attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi