Le masque de protection obligatoire
Après l’abandon des consignes officielles initiales, qui voulaient que le port du masque était inutile pour les personnes qui ne sont pas infectées, les pouvoirs publics ont corrigé l’erreur pour rendre ce port obligatoire, sous peine d’amendes, voire plus.
Depuis hier, il est obligatoire de porter un masque de protection, lors de tout déplacement hors domicile. Que l’on se dirige vers son travail, ou pour faire des courses ou encore pour se soigner ou acheter des médicaments.
En cas de non respect de cette obligation, des amendes allant de 300 à 1300 DH ou un emprisonnement de 3 mois, voire des poursuites pénales, ont été décidées par les autorités marocaines.
Et si la journée d’hier devrait connaître de nombreuses violations de cette nouvelle règle, l’on croit savoir que des consignes de modération, pour cette première journée de port du masque, ont été données aux agents verbalisateurs, afin de procéder, de manière didactique, à une démarche d’explications aux contrevenants, avec des injonctions d’en porter aussi rapidement que possible.
Mais à partir d’aujourd’hui, les contrevenants n’auront plus aucune circonstance atténuante pour justifier le non port du masque de protection. Car les citoyennes et les citoyens auront déjà eu l’occasion d’avoir l’information, diffusée lundi soir sur les chaines de télévision nationales et tous les autres médias. Et, évidemment, le bouche-à-oreille, en l’absence des «barrahas» (personnes qui annoncent à haute voix ou par mégaphone une décision administrative) aura bien marché.
Dès lors, nul ne sera censé ignorer le nouveau règlement, décidé, conformément aux hautes instructions royales, par trois ministères.
Ainsi, le gouvernement a mis à la disposition de la population des masques de protection jetables dont le prix de l’unité est de 0,80 DH, fortement subventionnés par le Fonds de solidarité nationale de lutte contre le covid-19.
En principe, ces masques sont disponibles dans presque tous les points de vente ouverts (grandes surfaces, petits et moyens commerces, pharmacies).
Nous ignorons, cependant, les quantités écoulées sur le marché, mais, depuis lundi, c’est la ruée vers «le masque»…
Il s’agit de masques basiques qui font l’affaire et permettent une bonne protection (pendant au moins 3 à 4 heures), surtout pour les sorties autorisées par l’urgence sanitaire. Et si, pour les personnes obligées de travailler, par manque d’opportunités de télétravail, le masque devra être changé 2 à trois fois par jour, en fonction de nature du travail, les citoyennes et citoyens amenés à faire des courses (magasins, pharmacies) devront se contenter d’un seul masque si les courses et achats sont bien regroupés.
Une protection indispensable
Avec les mesures barrières, déjà ancrées dans le vécu de notre quotidien et les réflexes induits, le port du masque permettra une protection complémentaire, en évitant que les éventuels malades et les porteurs sains (asymptomatiques) ne contaminent les personnes avec lesquelles ils sont en contact. Et pour les personnes non infectées d’éviter la contagion par d’autres. C’est donc pour se protéger tout en protégeant autrui.
La décision des pouvoirs publics intervient à un moment précis. Celui de la phase d’activation du virus qui a une période d’incubation d’une durée allant jusqu’à 14 jours.
C’est donc en ce moment que le virus pourra se propager de manière très forte, notamment au sein des familles. D’où l’augmentation assez sensibles des cas confirmés d’atteinte au coronavirus.
C’est pourquoi, il est aussi conseillé de porter le masque médical même à domicile, surtout pour les familles nombreuses et disposant de petits espaces de vie.
Port du masque et autorisation de sortie, l’obligation
Mais la décision de porter le masque médical n’est pas destinée à permettre à tout le monde de se déplacer. Les sorties, pour raisons extrêmes, doivent toujours être justifiées par une attestation permettant le déplacement vers le lieu de destination.
C’est dire qu’il ne faudrait pas croire que, en mettant un masque médical, l’on est à l’abri des contrôles policiers.
Reste à savoir, car nous avons toujours en mémoire l’expérience du port de «casque» pour les motocyclistes, dont le commun des mortels connait les difficultés d’application et les peines qu’ont les agents verbalisateurs de la police de la circulation à maîtriser les motocyclistes récalcitrants, qui ont pris l’habitude de brûler les feux sachant qu’ils ne seront pas l’objet d’une course poursuite.
C’est pourquoi, la situation ne doit pas prêter pas à confusion. Il est hors de question que le port du masque soit un motif, pour certains, pour faire de longues promenades, voire à commettre des vols ou agressions.
La force publique, nettement renforcée par une présence militaire de grande utilité, saisira, certainement, cette opportunité pour sévir avec force et détermination, contre ceux qui ne veulent pas se soumettre aux règles du confinement fixés par l’état d’urgence sanitaire ou qui se sont habitués au laxisme ambiant.
Nous avons déjà observé plus de deux semaines de confinement. Ayons patience, pendant encore 10 à 15 jours au maximum, pour atténuer drastiquement le nombre de victimes du coronavirus chez nous, et aller vers un dé-confinement progressif.
Car tout manquement aux règles ne pourra que retarder la sortie du confinement et aggraver le bilan macabre.
Mohamed Khalil