On croyait que ça relevait du passé mais il n’en est rien. La «guerre froide» est toujours là même si, cette fois-ci, ses protagonistes ne sont plus uniquement les Etats-Unis et l’ancienne U.R.S.S. redevenue Russie mais, également, la Chine avec, très souvent, pour «théâtre des opérations», la Mer de Chine méridionale.
Erigé au rang de très grande puissance économique mondiale, l’Empire du milieu ne s’empêche plus, désormais, de bomber le torse face à ses voisins et de revendiquer « un droit de regard » sur la Mer de Chine ; ce qui met à mal ses relations avec ses proches voisins que sont la Corée du Sud, le Japon, le Vietnam et les Philippines mais aussi ses rapports avec ces « gendarmes du monde » que sont les Etats-Unis.
Profitant de la pandémie du Covid-19 qui a obligé aussi bien la Maison Blanche que les pays de l’Asie du Sud-Est à se concentrer sur les effets que pourrait avoir la crise sanitaire sur leurs populations, la Chine a renforcé ses positions en mer de Chine méridionale quand bien même cette dernière est également revendiquée par les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Taïwan et le Sultanat de Brunei. Tournant le dos à toutes ces convoitises, Pékin en était même arrivé jusqu’à envoyer, le 3 mars dernier, un bâtiment des garde-côtes chinois éperonner et couler un bateau de pêche vietnamien qui opérait dans le secteur des îles «Paracels».
A la même période, Pékin avait procédé à l’installation de deux «centres d’études» dédiés officiellement à la recherche écologique, minérale et géologique sur les récifs de Fiery Cross et de Subi qui se trouvent dans les îles Spratleys, une zone revendiquée à la fois par les Philippines et par le Vietnam et rattaché ceux-ci à son Académie des Sciences.
Mais, si l’on en croit certains experts, l’ouverture de ces «centres» sur ces récifs qui sont, en réalité des îles artificielles «poldérisées» sur lesquelles Pékin avait déjà construit des pistes d’atterrissage pour bombardiers et avions de chasse, aurait pour objet des recherches «stratégiques» afférentes à la présence de pétrole et de métaux rares dans les fonds sous-marins.
Mais, en entreprenant, entre le 1er et le 5 juillet dernier, des manœuvres en mer de Chine autour des îles «Paracels», Pékin a provoqué la colère du Vietnam et des Philippines qui y voient une «grave provocation» mais aussi celle de Washington. Aussi, après avoir déclaré, dans un communiqué de son département d’Etat aux Affaires étrangères, en date du 3 juillet 2020, que « les actions de la République populaire de Chine contredisent son engagement de ne pas militariser la mer de Chine du Sud et la vision des Etats-Unis d’une région indo-pacifique libre et ouverte», Washington s’est empressé de dépêcher, dans la zone et pour une démonstration de force «inhabituelle par son ampleur», ses deux importants porte-avions que sont le «Ronald Reagan» et le «Nimitz».
Pour rappel, si les îles «Paracels» sont occupées, depuis 1974, par la Chine, elles sont toujours revendiquées par le Vietnam qui, en considérant que les manœuvres entreprises, la semaine dernière, par Pékin «violent sérieusement (sa) souveraineté», n’exclut pas de déposer une requête auprès des tribunaux internationaux comme l’avaient fait les Philippines, en 2013, et ce, à l’effet de faire condamner la prétention de la Chine à revendiquer des «droits historiques» sur la totalité de la mer de Chine méridionale.
La mer de Chine méridionale est-elle, désormais, le théâtre de la nouvelle «guerre froide» à laquelle se livrent Pékin et Washington ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi