A quoi ça sert les Ultras d’un foot qui tue…?

Le football marocain vit toujours sur le choc des incidents dramatiques ayant émaillé le match Raja Casablnaca- Chabab Rif Al Hoceima, samedi dernier au complexe Mohammed V. Cette fois, la facture est plus lourde, au moins deux personnes sont décédées et 54 autres ont été blessées dans des affrontements ayant éclaté dans les gradins du stade entre 2 groupes de supporters du Raja à l’issue dudit match.

En attendant les résultats de l’enquête ouverte juste après le match par la préfecture de police de Casablanca sous la supervision du parquet pour déterminer les circonstances des affrontements, le Raja a déjà payé les pots cassés. D’ici la fin de saison, le club des Verts devra jouer tous ses matches de la Botola sans public, la Fédération réunie sur le champ et représentée par sa commission de discipline n’a pas tardé  pour lui infliger 5 matches à huis clos et une amende de 100.000 dirhams, soit un peu plus de 9.000 euros sans compter les dommages causés au complexe sportif Mohammed V de Casablanca que le club devra également prendre en charge.

Voilà pour ce nouveau drame du championnat du Maroc qui reste régulièrement le théâtre de violences entre supporteurs. Un drame qui nous en rappelle beaucoup dont les derniers actes de violence survenus au même complexe Mohammed V, au terme d’autres affrontements entre supporters des deux clubs casablancais Wydad et Raja lors de leur récent derby, incidents qui ont débauché sur des blessures graves d’un policier principal et d’un brigadier en plus de l’endommagement  de plusieurs véhicules de police, ce qui a coûté au WAC une sanction de 4 matches à huit clos dont un en sursis.

On se rappelle également du drame de la saison écoulée où un homme avait trouvé la mort à Khouribga, dans le centre-ville, après avoir été atteint par un fumigène lors de heurts entre supporteurs de l’OCK et du Raja au terme d’un match entre les deux équipes. Trois ans auparavant, d’autres violences avaient éclaté après l’arrivée de fans des FAR Rabat à Casablanca, en marge d’un match face au Raja en 2013. Plus de 200 personnes avaient été interpellées et plus de 130 ensuite condamnées.

Ce sont là quelques scènes regrettables qui sont en train de nuire au football national d’aujourd’hui qui n’a rien à voir avec celui d’hier. Dans le temps, le championnat du Maroc fut des plus animés grâce à ses supporters qui font le spectacle sur les gradins, des supporters qui sont séduits par le niveau footballistique élevé des clubs, des joueurs, des entraineurs… sans oublier les dirigeants. Tout le monde était conscient de la sa mission qui lui échoit. Tout le monde faisait bien son boulot, chacun dans sa spécialité, le technicien sur terrain et le dirigeant sur papier. Et dire que tout cela était réalisé en dépit du manque des moyens logistiques, infrastructurels et financiers contrairement à aujourd’hui où  le football marocain connait une nouvelle ère, celle du professionnalisme au lieu de l’amateurisme…

Aujourd’hui, et à défaut de la bonne mentalité, le football marocain dit professionnel a tous les atouts surtout financiers et infrastructurels pour aller de l’avant. Mais avec de telles réactions des différents ultras on ne peut guère combattre le phénomène de la violence dans les stades. On ne peut même pas évoluer avec des Ultras qui ne remplissent pas leur mission et leur rôle comme il faut et comme et il se doit. Des missions qui se résument dans l’emprise des jeunes, des supporters et des clients des stades en général. Nos Ultras qu’on se demande s’ils ont véritablement leurs statuts, s’ils ont leur programme d’éducation et d’animation, Nos Ultras qui, au lieu d’encadrer et d’orienter les jeunes et les supporters de leurs clubs respectifs, au lieu de corriger leurs tifos, au lieu de soigner leurs slogans et choisir les meilleurs, au lieu de faire le spectacle dans les gradins, au lieu de chercher le bien du football national… ils ne font que du mal à un foot qui est déjà malade et qui est victime de sa gouvernance sous la houlettes des dirigeants dont la majorité n’a rien à voir  avec la gestion de la chose footballistique en particulier et sportive en général.

Les Ultras du Raja ont bien donné l’exemple d’une Botola victime d’une passion qui tue…

Qu’en pensent les différentes instances nationales concernées dont le gouvernement, le ministère de tutelle, le Parlement, la Police, le Tribunal, les clubs, les dirigeants, les entraineurs, les joueurs… et bien sûr les supporters et leurs Ultras… ?

Rachid Lebchir

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