A Rome, la débâcle gagne du terrain…

Avec des chauffeurs de taxis et des éboueurs en grève, des vendeurs ambulants amassés devant le Parlement et hurlant  leur exaspération dans des mégaphones, des bennes à ordures pleines à craquer, des détritus qui s’amoncellent sur des chaussées où les nids-de-poules abondent et plus de 600 autobus en panne sur les 1500 que compte la ville, on ne peut vraiment pas dire qu’il fait bon vivre dans la capitale italienne.

Mais quoiqu’il en soit, il semblerait qu’il faille beaucoup plus que çà pour «ébranler»  la jeune maire Virginia Raggi qui paraît être plus «perturbée» par le fait qu’elle vient de perdre l’un de ses bras droits, l’ingénieur Paolo Berdini, qui a choisi de démissionner à la suite d’un désaccord portant sur la construction d’un nouveau stade de football que par la situation catastrophique dans laquelle se débat une capitale à l’agonie endettée à hauteur de près de 15 milliards d’Euros.

D’ordinaire réservé, le chef de l’urbanisme, démissionnaire, avait, tout de même, confié dernièrement à un journaliste de «La Stampa» que la jeune maire, désormais empêtrée dans moult scandales, était « structurellement incapable » de gérer la capitale.

Accusée d’avoir délibérément menti aux magistrats pour «couvrir» son ancien chef du personnel Raffaele Marra, eminence grise de l’ancien maire d’extrême-droite Gianni Alemanno, arrêté en décembre dernier dans le cadre d’une affaire de corruption immobilière, la jeune maire de la Ville éternelle se trouve dans une situation peu réjouissante après qu’un grand nombre de ses collaborateurs, rattrapés par leur passé, aient été contraints de démissionner et risquerait même une mise en examen pour avoir promu son frère Renato au poste, bien rémunéré, de chef du développement touristique.

Membre très influent du Mouvement 5 étoiles, deuxième force politique du pays derrière le Parti démocrate, fondé en 2009 à Gênes par l’humoriste Beppe Grillo et par le «gourou» Gianroberto Casaleggio, Virginia Raggi, jolie brune de 38 ans, qui, bien que dénuée de toute expérience politique, avait pourtant été accueillie avec un grand enthousiasme par des Romains désabusés et exaspérés par les affaires de corruption dans lesquelles étaient empêtrés ses prédécesseurs. Brandissant  l’étendard de «l’onesta» (l’honnêteté), celle qui était apparue comme un sauveur et qui se voulait être un modèle de probité dès lors qu’elle ne faisait pas partie de cette «casta incompétente et corrompue» en se positionnant en complète rupture avec l’establishement risque, désormais,  d’entraîner dans sa chute, en cas d’échec aux législatives prévues à l’automne prochain, tout un parti dont la force, selon Romano Prodi, l’ancien Président du Conseil italien et de la Commission Européenne, venait du fait même qu’il se tenait à l’écart des querelles idéologiques et des clivages droite-gauche.

Enfin, il semble qu’à l’heure qu’il est, ce serait aller trop vite en besogne que de dire que la capitale italienne et, par ailleurs, Ville éternelle, va pouvoir se débarrasser de la gangrène d’un « désastre populiste » qui gagne du terrain jour après jour…

Nabil El Bousaadi

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