À Tanger, l’âne a désormais son propre musée…

Au Donkey Museum of Tangier

DNES à Tanger Mohamed Nait Youssef

Dans la rue de la Kasbah, menant au cœur battant de la cité du Détroit, se trouve le musée de l’âne «Donkey Museum of Tangier». L’idée de créer un espace dédié à cet animal est un peu insolite, voire inédite. Or, Abderrahim Benattabou, photographe et activiste écologique, voit les choses d’un œil différent. «Au début, l’idée de créer un musée de l’âne était de répondre à un manque d’objets et d’offres touristiques et culturels.», nous confie le créateur de cet espace artistique.

L’âne, le maltraité…

Diplômé d’une école de Tourisme à Tanger, Benattabou, défenseur des animaux, invite, par le bais de l’art et de la création, à remettre en question les rapports qui existent entre  humains et animaux,  l’âne, entre autres,  qui est souvent proie de la maltraitance.

«Ce musée est une invitation à l’autre pour revoir sa relation avec l’âne parce que c’est un animal qui existe dans la culture marocaine, et qu’on trouve dans les anciennes médinas et dans les compagnes. À la base, le concept  était  une action écologique et du respect de l’animal, entre autres…», a-t-il souligné.

Infatigable, persévérant, l’âne est le moyen de transport privilégié des marocains, surtout dans les villages et zones rurales. En contrepartie, une mauvaise image l’a toujours accompagnée dans l’imaginaire et la culture populaires. À vrai dire, traiter quelqu’un d’âne est une pure insulte. Ça colle à la peau…telle une malédiction!  C’est ainsi le sort de cet animal qui a été, depuis la nuit des temps, victime des moqueries : animal stupide, têtu, ignare, lent…

Hommage au compagnon de l’homme…

Abderrahim Benattabou, propriétaire de «Donkey Museum of Tangier» voulait, de prime abord, lui rendre hommage, en invitant les gens à le traiter à sa juste valeur. C’était en effet sa première motivation en créant ce lieu.

«Au début, j’ai pensé à la tortue ou encore à la cigogne parce que l’exploitation de l’image d’un pays passe aussi par les animaux. Nous avons uniquement investis dans le dromadaire, mais on en n’a pas profité de ces animaux pour en faire des contes pour enfants, des cartes postales, des porte-clefs, des tee-shirts…», a-t-il affirmé. La preuve : le touriste quand il vient, dit-il, il ne peut pas acheter seulement un tajine ou un tapis, mais aussi d’autres choses et objets inspirés de notre patrimoine.

A cela s’ajoute, les retombées bénéfiques de cet animal sur l’économie. «Le Maroc est l’un des exportateurs de l’âne aux pays comme la Chine, les Etats-Unis et certains pays européens.», a-t-il rappelé.

Pour l’heure, «Donkey Museum of Tangier» est un projet participatif d’une valeur écologique que son propriétaire voulait rendre comme espace vivant en recevant des artistes, des auteurs de différents horizons. Il y est déjà en fait puisque le musée accueille actuellement  une collection d’œuvres des artistes marocains et étrangers.

 «Au début, j’ai contacté des artistes, des photographes, des auteurs qui ont déjà travaillé sur ce sujet pour enrichir la collection du musée. Par la suite, les artistes nous envoient leurs œuvres des artistes tels Damien Bonnaud, Manuel Cano et autres.», a-t-il fait savoir.

Une vitrine pour préserver la faune et la flore…

Au Donkey Museum of Tangier, l’âne est mis en valeur  à travers une collection d’œuvres artistiques, de revues et d’articles scientifiques ou littéraires visant reconnaître cet animal  à sa juste valeur et de lui rendre hommage. Pour qu’Abderrahim Benattabou, le «Donkey Museum of Tangier» est une plateforme pour les associations écologiques et scientifiques qui œuvrent pour la sauvegarde de la faune et de la flore locales.

Aujourd’hui, la ville s’est dotée des musées et espaces culturels qui renforcent son offre muséale pour le plaisir des visiteurs et des habitants de la ville.

«À Tanger, quand j’avais entamé ce projet, il n’y avait pas de musées. Et  quand le touriste arrive, il ne trouvait pas assez de produits et d’offres culturelles et artistiques pour meubler son séjour.», a indiqué Abderrahim Benattabou.

Afin de rendre cet espace vivant, ce dernier reçoit des artistes pour des éventuelles collaborations parce qu’un musée, c’est aussi un lieu d’échange, de rencontre et de créativité.

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