À Tanger, on crie au scandale !

Hausses des prix durant le mois sacré 

Karim Ben Amar

J-1 avant le début du mois sacré de Ramadan. Comme à l’accoutumée, l’équipe d’Al Bayane entame ses pérégrinations dans le souk du quartier M’sallah, très fréquenté lors du mois de jeûne ou des fêtes religieuses. Dès l’entrée du marché le stresse est palpable, et pour cause, la criée annonce des prix faramineux. Aucun légume ne se négocie à moins de 10 Dhs le Kg. Les acheteurs choqués par les prix appliqués rebroussent chemin, la plupart du temps, avec les couffins vides. Tour d’horizon peu reluisant.

 Au Maroc, le Ramadan est un mois où la consommation des produits alimentaires explose. Légumes, fruits, viandes et poissons sont prisés durant cette période, au même titre que les pâtisseries et autres douceurs. Mais la hausse vertigineuse des prix appliquée depuis l’avènement de ce gouvernement, gâche l’ambiance pourtant festive de ce mois d’abstinence.   

Dès notre arrivée au souk de M’sallah, l’ambiance y est délétère. Les consommateurs sont sous le choc au vu des tarifs appliqués la veille du mois sacré. Dans les dédalles de ce quartier tangérois mythique, nous avons rencontré Anouar Serroukh, un trentenaire, certes célibataire, mais qui a toute sa famille à charge. « Comme vous pouvez le constater, les légumes sont aussi chers que les fruits aujourd’hui.  Cela fait près de 15 ans que je fais les courses pour ma famille, mais les tarifs appliqués depuis ces derniers mois c’est du jamais vu. On avait espoir que les prix diminueront à l’approche du Ramadan, mais c’est le contraire qui se passe », a-t-il affirmé la boule au ventre.

Durant les périodes de fêtes religieuses, l’ambiance est festive, les gens sont tout sourire, les habitudes des consommateurs changent. Cette année, force est de constater que la musique est tout autre.

« La pomme de terre se négocie à Tanger entre 10 et 13 Dhs. Quant à la patate à frire, elle est à 16 Dhs. La tomate, ingrédient nécessaire pour préparer la Harrira, (soupe marocaine très prisée durant le mois de jeûne) coûte entre 10 et 12 Dhs », a-t-il pesté.

Signalons tout de même que le gouvernement a baissé le prix de la tomate il y a peine quelques jours, mais voilà qu’elle grimpe au sommet au pire moment.  À cours d’idées et d’imaginations, l’exécutif nage dans le ciment.

Anouar Serroukh, tangérois habitant le quartier M’sallah a signalé que « les piments verts sont proposés à la vente entre 13 et 14 Dhs. Quant aux petits pois, il faut compter 15 à 16 Dhs le Kg ».

Lors de notre tournée, nous avons constaté que les aubergines se négocient à 12 Dhs le Kg, quant aux concombres, ils dépassent la barre des 10 Dhs pour se hisser à 11 Dhs le Kg.

« Le plus choquant concernant les prix appliqués, c’est le tarif de l’oignon, qui relève désormais du luxe. Le prix d’un Kg atteint la bagatelle de 17 Dhs, rien que ça », a révélé une habitante du quartier M’sallah se prénommant Hanane. Et d’ajouter, force est de constater que les prix des légumes talonnent les tarifs des fruits. Cela veut peut-être dire que l’apocalypse n’est pas loin ». 

Durant notre visite au marché de M’sallah, tangéroises et tangérois se plaignaient des tarifs en invoquant Dieu et ses prophètes. Un type d’achat, qui était jusque-là réservé aux célibataires se généralise. Les marocains sont désormais dans l’obligation de faire leurs courses au jour le jour. Autrefois, les couffins étaient pleins à craquer. Aujourd’hui, même les parents achètent « au détail ». Deux tomates, deux oignons, deux pommes de terre, c’est du jamais vu dans notre pays, qui est pourtant un pays agricole, plus que cela ; exportateur de fruits et légumes.

Les revendeurs quant à eux ne sont pas satisfaits de cette hausse puisque d’après Jamal, un vendeur de légumes qui a pignon sur rue, « nos clients sont en colère, mais nous n’y sommes pour rien, bien au contraire, nous sommes tout aussi touchés par cette hausse vertigineuse. Nous achetons la marchandise à un prix élevé, pour gagner entre 0,5 et 1 Dh le Kg, pas un centime de plus ».

Tout au long de nos pérégrinations, il y avait une phrase qui revenait souvent : que fait le gouvernement pour le pouvoir d’achat du marocain ? Relevons tout de même que l’exécutif n’utilise aucun levier pour stopper cette hécatombe. Rappelons-lui que la mission principale d’un gouvernement qui se soucie du pays et des citoyens est de réguler le marché. Barrer la route aux spéculateurs et de mettre en place des contrôles appropriés, en plus de L’ONSA, par le biais d’un capital humain afin de stopper ces pratiques malsaines.

Le chefaillon du gouvernement avait déclaré durant sa campagne qu’il avait pour ambition, tenez-vous bien, d’éduquer le peuple marocain millénaire… À Tanger tout le monde s’accorde à dire qu’il l’a élevé à rester sur sa faim. Triste constat après moins de deux ans au pouvoir.

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