«A terme, nous ciblons pas moins de 900.000 membres!»

Après avoir lancé au début des années 2000 les clubs premium Lady Fitness, le voilà qui revient, mais cette fois-ci avec un concept de chaine de fitness low cost et un complexe de restauration haut de gamme.  Avec les City Club, Jonhattan Harroche compte séduire pas moins de 900.000 Marocains pour 2450 dirhams par an, le prix d’un abonnement annuel. D’après une étude réalisée par Créargie pour le compte de City Club, c’est le nombre de Marocains potentiellement intéressés par l’inscription dans un fitness pour peu qu’il soit situé à environ 15 minutes de leur domicile.

Al Bayane : Quel est l’investissement global consenti depuis le démarrage de City Club en 2015?

Jonhatta Harroche : Il faut savoir que le business model selon lequel nous nous développons repose sur le locatif car nous n’avons pas pour objectif d’endetter le bilan et de l’alourdir par des investissements immobiliers. Aujourd’hui, nous souhaitons avant tout faire naitre un business et de démontrer que ce business fonctionne ici au Maroc. Et effectivement le locatif, c’est l’option la plus facile pour nous aujourd’hui.  Mais pour revenir à votre question, nous avons investi quelque 180 millions de dirhams depuis le début de l’aventure.

Etes-vous accompagnés par des investisseurs et/ou institutionnels dans le tour de table?

Non, l’ensemble du projet est financé par des fonds propres et je suis seul dans le tour de table.

Comment vous est venue l’idée de lancer des clubs de fitness low cost?

Il y a 4 ans, des amis sont venus me voir en me proposant de développer un concept dont ils sont les initiateurs et qui a fait ses preuves en Europe. Il s’agit de la chaîne Basic-Fit, la plus grande chaîne de fitness en Europe avec plus de 388 clubs accessibles pour un prix imbattable à partir de 19€99/mois. Des clubs low cost certes, mais qui permettent au plus grand nombre de faire du sport à un prix défiant toute concurrence.  Cette chaîne de remise en forme  vient des Pays-Bas. Elle a été créée il y a une dizaine d’années. L’enseigne est arrivée en France il y a deux ans et sème petit à petit ses clubs à travers l’Hexagone. Le concept m’a séduit, alors j’ai décidé de me lancer dans l’aventure mais au Maroc en créant le groupe dès 2013. Bien évidemment pour affiner le concept et surtout connaître le potentiel de développement d’un tel projet, nous avons commencé par réaliser une étude avec le cabinet Créargie.

Les résultats ont été plus que concluants puisque in fine le nombre de Marocains potentiellement intéressés par l’adhésion à un club de fitness a été estimé à 900.00 personnes à travers le Royaume. En clair, le marché marocain est plus que réceptif à ce genre de concept. Ceci dit, l’étude a également fait ressortir deux éléments clés dans la prise de décision : le prix et surtout la proximité. C’est ce qui explique le rythme de nos ouvertures et notre stratégie en matière de maillage territorial. Depuis août 2015, date d’ouverture du premier City Club, nous avons inauguré un nouveau club toutes les trois semaines. Rendez-vous compte de la prouesse que nos équipes ont pu réaliser! Aujourd’hui, nous comptons 23 clubs et plus de 125.000 adhérents. Et à terme, nous ciblons donc pas moins de 900.000 adhérents!

Vous avez donc complètement calqué le modèle de Basic-Fit?

Non, pas tout à fait. S’ils ont démarré comme moi, en mode locatif, très vite un fond d’investissement immobilier est rentré dans le tour de table. Le fonds détient les murs et Basic Fit se charge de la gestion et de l’exploitation. Pour notre part, nous bénéficions de l’accompagnement d’institutionnels qui nous offrent leurs locaux à la location et appuient ainsi la volonté du groupe  qui est, conformément aux directives Royales, de démocratiser la pratique du sport au Maroc, et ce à travers la mise en place d’un tarif annuel à 2450 dirhams qui met à disposition du plus grand nombre des infrastructures de qualité dédiées au bien-être et à la condition physique. Il s’agit en l’occurrence de la CDG et sa filiale La Foncière Chellah, l’ONCF, Amundi,… Le Ministère de la jeunesse et des Sports nous soutient également dans notre développement.

Quelles sont justement vos perspectives de développement plus globales?

Et bien pour atteindre ce chiffre de 900.000 adhérents qui fait rêver, nous comptons dans un premier temps  étendre notre réseau à 60 clubs d’ici fin 2018 avec un objectif de 400.000 adhérents. A moyen terme, nous envisageons également l’ouverture de 6 clubs premium, un concept un peu plus haut de gamme, cette fois-ci à 6500 dirhams, pour la frange de notre clientèle qui souhaite avoir davantage de qualité de services. Il y aura aussi 6 City Club Power, exclusivement dédiés aux clients désireux de pratiquer des activités de combat et de résistance. Enfin, nous inclurons bientôt dans notre package du golf, du football, du tennis,…

Pourquoi le premium alors que vous vous positionnez en tant que low cost?

Parce qu’il y a toujours des insatisfaits et qu’on ne veut pas les perdre, parce qu’il  y a un paquet de clients qui veulent un service meilleur avec du coaching personnel. Certains adhérents voudront tout de même faire appel en sus à un coach personnel pour 100 dirhams l’heure, …

Comment parvenez-vous à réaliser autant d’ouvertures, à offrir des infrastructures de qualité à 2450 dirhams par an, et surtout à réaliser des bénéfices puisque c’est l’objectif premier de tout business?

D’abord, parce que notre business model repose sur du volume, beaucoup de volume. Calculez le chiffre d’affaires pour 900.000 membres à 2450 dirhams par an. Ce n’est pas rien ! Ensuite, une clientèle qui paie 2450 dirhams par an est cent fois moins exigeante qu’une clientèle qui s’acquitte de 10.000 dirhams pour s’offrir son abonnement. Par ailleurs, il faut savoir que le concept est basé principalement sur des cours en vidéo de 7 heures du matin à minuit.  Toutefois, nous avons de cours avec des coachs mais uniquement pendant des horaires de grande affluence , à savoir de 17 heures à 21 heures.

Avant de démarrer  l’aventure City Club, vous aviez également lancé la chaîne premium  Lady Fitness qui depuis a baissé le rideau. Pensez-vous que le marché marocain soit un marché de low cost ? En clair, pourquoi Lady Fitness n’a pas pu ou su durer?

Tout d’abord, je tiens à préciser que je suis le fondateur de Lady Fitness, après plus de 25 ans d’expérience dans le fitness en France, notamment avec le lancement de la chaîne Moving en France. Aussi, je vous rappelle que de 2005 à 2010 , Lady fitness a été un succès retentissant, une superbe success story ! Il se trouve que j’ai revendu la chaîne en 2010, car je souhaitais m’essayer à l’immobilier et au tourisme. Par ailleurs, pour un positionnement tel que celui de Lady Fitness, il faut consentir sans cesse des investissements colossaux en Europe pour pouvoir se maintenir, et au Maroc ces investissements deviennent juste titanesques. Or Lady Fitness était arrivée à bout de souffle, car on sous-estime souvent la difficulté de gestion de ce type de clubs. Gérer un ou deux clubs, c’est accessible. Pour en gérer plus de 20, ce sont d’autres techniques et méthodes qui doivent être mises en place.

Justement, vous venez tout juste d’inaugurer cette semaine le City Club d’Aïn Sebaâ aux dimensions et équipements XXL. Ne pensez-vous pas que vous voyez un peu trop grand?

En effet, le club de Aïn Sebaâ, c’est plus de 5500 m2 de fitness, 1500 m2 d’espace 100% femmes, 800 machines de musculation, une piscine de 40 mètres, 40 coachs,… C’est le plus grand espace de crossfit au Maroc, et nous avons déjà plus de 6000 inscrits. Contrairement à ce que l’on peut croire, nous n’avons pas une boulimie d’investissement. Nous ne faisons que répondre  au besoin du marché.

Soumayya Douieb

Related posts

Top