A la veille de son quatrième mandat, Poutine arbore sa tenue de combat…

A deux semaines des prochaines élections présidentielles russes qui se tiendront le 18 mars et qu’il est certain de remporter haut la main, en l’absence de son principal opposant Alexeï Navalny écarté pour cause d’inéligibilité, donc de rempiler pour un quatrième mandat de six années, Vladimir Poutine dont la dernière présidence a été marquée par une importante baisse du niveau de vie du fait notamment de la chute des prix du pétrole et des sanctions occidentales, a prononcé ce jeudi un important discours entrant dans le cadre de son intervention annuelle devant les parlementaires et les gouverneurs de Russie.

Dans la première partie de son exposé, l’orateur a dressé la liste de ses priorités en matières économiques et sociales pour les six prochaines années. Celles-ci porteront notamment sur l’amélioration de la productivité, la modernisation des moyens de production, l’accélération des exportations de biens manufacturés et l’augmentation des investissements. Mais le président russe est resté, cependant,  assez vague sur les mécanismes qu’il compte mettre en place pour rattraper le retard. Il a même évité de parler d’une quelconque «réforme». Et s’il est de notoriété que c’est la corruption qui gangrène le pays, le président Poutine a, d’un simple revers de manche, éludé la question, en déclarant que « l’immense majorité des gens travaillent dans la gestion du pays sont honnêtes».

Dans la deuxième partie de son discours, Vladimir Poutine s’est comporté en parfait chef de guerre «invincible, hégémonique et vindicatif».

Evoquant d’emblée «les efforts considérables entrepris pour consolider l’armée et la flotte», le Commandant-en-Chef des armées russes s’en est violemment pris aux puissances occidentales qui n’avaient pas hésité à regarder la Russie d’un air hautain, voire même à la mépriser, après l’éclatement de l’URSS. Aussi, pour permettre au pays de reconquérir son prestige d’antan, Vladimir Poutine s’est attelé à le doter de toute une série d’armes nucléaires offensives qu’aucune autre armée au monde ne possède et qui sont «capables de percer n’importe quel système de défense».

Présentant à l’assistance la Russie comme étant un pays cernée de toutes parts par des systèmes défensifs et offensifs américains, le Président russe a roulé les biceps et s’est fait menaçant en lançant à l’adresse du monde occidental : «Personne ne voulait nous écouter, écoutez-nous maintenant !». Et celui-ci de préciser – en continuant sur sa lancée avec l’espoir de «calmer tout agresseur potentiel» – que le nouvel arsenal dont dispose la Russie rend désormais totalement inopérant le bouclier antimissiles américain placé par l’OTAN aux frontières de la Russie.

Signalant, par ailleurs, que Moscou dispose, désormais, d’un nouveau missile intercontinental à capacité nucléaire, de petites ogives nucléaires qui peuvent équiper des missiles de croisière, de drones nucléaires sous-marins et d’un missile supersonique, le chef de l’Etat Russe a tenu à signaler aux puissances occidentales et en particulier Washington que toute attaque nucléaire contre un de ses alliés sera considéré comme étant une attaque contre la Russie et entraînera, à ce titre, une riposte immédiate quand bien même la doctrine nucléaire russe qui reste purement défensive oblige Moscou à ne jamais dégainer la première.

Et le Chef de l’Etat Russe de poursuivre en disant : «Ils n’ont pas réussi à freiner la Russie, ils doivent maintenant tenir compte d’une nouvelle réalité et comprendre que tout ce que je dis aujourd’hui n’est pas du bluff».

Pour illustrer ses propos Vladimir Poutine s’était fait aider par des images de synthèse projetées sur un écran géant. Mais si dans l’une d’elles on voit des missiles plonger sur un territoire ressemblant étrangement à la Floride, Heather Nauert, la porte-parole du  Département d’Etat américain qui a suivi avec un grand intérêt le discours de Poutine n’aurait point apprécié une telle méprise. Aussi, en dénonçant le comportement «irresponsable» du Président russe, cette dernière a signalé que Moscou contrevient aux dispositions dûment arrêtées par le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.

Disons pour terminer qu’au vu de tout ce qui précède, il semble donc que le fameux concept d’arrêt de la course aux armements nucléaires brandi par les uns et par les autres au gré des circonstances ne soit, dans les faits, qu’un paravent derrière lequel tout le monde se cache pour mieux bondir quand le besoin se fait sentir…

Nabil El Bousaadi

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