Il était une fois Abdelkrim Benabdallah…

Le passé militant d’un peuple n’est jamais délébile. Il résonne à jamais dans les fibres de sa progéniture, quoique nombre d’elle ignore les symboles de la survivance. Certes, de nos jours, la vie est beaucoup plus tournée vers ses exigences actuelles que les nostalgies de l’histoire surannée. Cependant, il importe de revoir ce rétroviseur bourré de bravoure et de gloire.

Abdelkrim Benabdallah dont on revit, aujourd’hui, son 60ème anniversaire fut de ces sommités qui ont scellé cet illustre parcours. Mais, qui connait actuellement cet éminent zénith du mouvement national, parmi cette jeune génération ? On pariera un sou troué que personne ne serait capable d’en bredouiller quelques propos à son propos ! Quelle amnistie que de passer sous silence une myriade de flammes qui a illuminé le firmament d’une Nation virevoltante !

Comme dirait l’autre, ces figures emblématiques de notre histoire tumultueuse s’estompent au fil des jours et n’en restent plus que des noms d’avenues, de rues ou encore de bâtisses. Les jeunes d’aujourd’hui connaissent par cœur, à titre d’exemple, boulevard Zerktouni ou avenue Allal Benabdallah, mais, à coup sûr, ne sauraient déceler le renvoi historique de ces appellations. A qui incombe la responsabilité de cette indigence dans l’esprit des mémoires contemporaines ? Certainement pas à ces jeunes qui n’ont ni vécu ni appris ces épopées de l’histoire de naguère.

Abdelkrim Benabdallah dont on encense aujourd’hui l’âme fut, sans nul doute, un combattant hors pair qui a choisi de, comme on dit dans le jargon communiste du conflit des classes, « se suicider », en faveur des causes suprêmes du peuple et de la nation. Car, il aurait bien dû, en tant que haut cadre de l’administration, gravir sa hiérarchie pour mener la vie aisée de la bourgeoisie. Bien au contraire, il a préféré quitter bien tôt sa profession et militer dans la clandestinité ardue, en compagnie de ses camarades du PCM, jusqu’à ce qu’il périsse par les mains sales de la répression.

Si aujourd’hui, on se rappelle cet icône du mouvement national, c’est qu’on est imbu de gratitude et de respect à son égard et que, du même coup, on est révolté de se rendre compte que la nation est encore ingrate envers ses nationalistes et toujours incriminée vis-à-vis de ses génération montantes auxquelles elle continue à taire son histoire patriotique. Et c’est, à coup sûr, à cause de cette occultation que les jeunes méconnaissent les artisans de leur histoire militante et, de ce fait, manquent de sens d’appartenance patriotique et pêchent par civisme.

Rien que feu Abdelkrim Benabdallah représentera pour toutes ces générations le modèle de militant généreux et de citoyen attaché à la nation, si l’on se donne de la peine de leur inculquer, à travers les manuels scolaires et les passages médiatiques, les actions des grands bâtisseurs du Maroc d’aujourd’hui, les vrais et les authentiques du mouvement national dont le nom d’Abdelkrim Benabdallah figurerait incontestablement, parmi les plus en vue.

Saoudi El Amalki

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