La nouvelle perception de l’Autorité!

Il ne fait pas de doute que le rapport Autorité/Citoyen a connu une évolution tangible. Dans le sens positif, bien naturellement ! Elle est bien révolue l’ère où ce côtoiement était parsemé de tensions. L’agent de l’Ordre était perçu comme un ennemi qu’il fallait absolument bannir, voire anéantir sur toute la ligne. De même, l’individu du peuple était considéré comme un danger public qu’il était bon à proscrire, voire à décapiter à la moindre rébellion.

Depuis un certain temps, on a bien l’impression que l’image perçue par rapport à l’Autorité s’estompe, du fait qu’elle perd substantiellement de son aigreur, qualifiée dans les milieux populaires de «L’hiba». On sort dans la rue avec des slogans et des pancartes, on fustige les décideurs de tous les maux, on bloque les accès publics… sans que l’Autorité ne réagisse ou presque. Quoi que l’on dise, la riposte de l’Autorité n’a lieu que rarement, quand vraiment les manifestations dépassent toutes les limites tolérées, au risque de porter préjudice aux vies humaines et de saccager les biens des citoyens.

D’aucuns estiment alors que c’est là un réel signe de régression du pouvoir de l’Autorité, face à la montée ascendante des «libertés». En fait, si l’Autorité se garde de réprimer les mouvements protestataires, comme elle avait l’habitude de faire bien auparavant, c’est qu’elle le fait en toute conscience, par respect de cette évolution crescendo de la vie publique et de peur d’attiser des crispations, somme toute légitimes. Cependant, on ne peut passer sous silence ces réflexes nostalgiques des temps tristes auxquels l’Autorité fait appel, de temps à autre, pour faire avorter une manifestation ou procéder à des arrestations arbitraires.

Ces opérations outrancières, qui surgissent occasionnellement, sont heureusement de plus en plus rarissimes dans notre quotidien. Il faut bien dire que notre système sécuritaire accompagne l’évolution d’une démocratie marocaine galopante, certes d’une manière un peu versatile, mais se fraie des chemins sûrs dans la dynamique d’un essor national global. La preuve en est, à coup sûr, la façon sage et édifiante dont les forces de l’ordre traitent les dossiers de démantèlement des cellules terroristes. Si rapide et efficace, l’Autorité met la main sur les fauteurs sans, pour autant, semer la terreur dans les milieux communautaires par des poursuites et des arrestations à l’emporte-pièce, comme ce fut le cas naguère.

Les rapports Autorité/Population ont donc connu des améliorations notoires, du fait des avancées affichées dans tous les domaines, y compris celui de la Sécurité sous toutes ses formes. L’Autorité marocaine en sort grandie, et ce n’est nullement une faiblesse si elle s’abstient de se manifester dans des moments de bouillonnement massif. Toutefois, le gros du morceau reste à rectifier au niveau de la «grosse Autorité» qui continue à miner le pays, à travers les grandes manœuvres de détournement, de monopole, de trafic, de dépravation… C’est, en fait, le moment de secouer le cocotier pour mettre au pied du mur cette grosse Autorité dévastatrice, au grand bonheur de l’Etat de Droit et des Institutions. L’Autorité, de quelque niveau que ce soit, devra alors se conformer aux lois qui garantissent la stabilité, la démocratie et la prospérité de la Nation.

Saoudi El Amalki

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