La politique de la ville en verve

Depuis déjà un bon bout de temps, le ministre de l’habitat et de la politique de la ville, Mohamed Nabil Benabdallah, se démène comme un beau diable pour mettre en marche les socles fondateurs de la nouvelle stratégie de refonte intégrée des villes. Une conception qui s’ingénie à se frayer son bonhomme de chemin, en dépit des cumuls néfastes des décennies de l’insouciance et de la débandade.

L’occasion de poursuivre le chantier national autour d’un phénomène qui figure parmi les préoccupations majeures de la ville contemporaine. Doter la ville des conditions fondamentales d’une vie décente et d’un cadre agréable, lui assurer des infrastructures de base et des équipements sociaux de qualité, garantir les cohérences et les équilibres requis, cerner les prolongements d’une croissance urbaine accentuée et bâtarde, telles sont, entre autres, les exigences essentielles de cette vision repensée et réactivée.

En effet, il s’agira d’une nouvelle vision qui balise et globalise les choix politiques en direction de la restructuration des espaces urbains, car il n’est plus question de construire n’importe comment et édifier n’importe où. L’habitat n’est pas tout simplement où loger, mais aussi où vivre et s’épanouir. L’enjeu n’est plus, en conséquence, une équation purement technique, mise entre les mains des promoteurs immobiliers et des professionnels du béton. C’est bel et bien une décision hautement politique qui trancherait sur le mode, la nature et la finalité de l’édifice.  Il conviendra de situer cette innovation judicieuse dans un contexte fondamentalement humain, dans la mesure où les populations ont perdu confiance aux institutions.

Il serait loisible, dans ce sens, de tendre des passerelles de réconciliation parmi les citoyens, en quête de recouvrement de ces droits les plus élémentaires, notamment le droit à la ville. Ensuite, partant de cette assise de fond, il s’avère impérieux de recouvrer le sentiment d’appartenance à la ville, chose inexistante actuellement, car les villes ne sont, en effet, que des dortoirs, au milieu des pénuries déconcertantes, en matière de viabilité et d’accessibilité. Un troisième atout n’est autre que la  notion de ville productive. En effet, plusieurs villes s’effilochent devant les contraintes et les insuffisances, puisqu’incapables de subsister à travers des unités de productivité, pouvant assurer des revenus pérennes.

La manière avec laquelle sont montées des zones industrielles ne saurait jouer ce rôle vital, car on a tendance à créer des distances entre les agglomérations urbaines et les lieux de travail, en l’absence de moyens de transport. On élaborera ensemble la politique de la ville du pays, sans trop se fier aux expériences des villes du monde. Celle du Maroc renferme des spécificités qu’il va falloir prendre en compte. La problématique est complexe et nécessite des années d’édification. Le débat national s’est déjà, il y a quelques temps, enclenché entre divers partenaires, et les populations n’ont plus envie d’entendre des discours sans effets concrets. Elles attendent aujourd’hui des signaux forts qui réhabiliteraient leur cadre de vie. On commencera avec ceux qui adhèrent à ce projet, pour édifier des villes ou, tout au moins, des quartiers modèles, comme disait constamment le ministre de tutelle.

Saoudi El Amalki

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