L’appel à la raison

La marche de Casa a, sans nul doute, suscité des réactions multiples. La polémique va bon train, aussi bien dans les milieux politique que syndical. Outre le succès ou non de ce mouvement, le nombre des manifestants aurait retenu toute l’attention. Des sources syndicales auraient avancé des chiffres démesurés pour « flatter » leur autosatisfaction. D’autres minimiseraient cette action au point de la couvrir d’ironie, puisque, faut-il le rappeler, nombre de syndicats, notamment quatre des plus représentatifs, y prenaient part.

Cependant, à croire les plus objectifs des observateurs, il n’en était pas plus que quelques milliers qui ralliaient cette manifestation, dont la plupart relevaient de l’Union Marocaine de Travail (UMT). Ces mêmes avertis du contexte politique national auraient, à coup sûr, déploré le fait que toutes ces organisations réunies n’auraient pu rassembler que cette modique foule, venue de tous les coins du pays. En fait, la question se pose au niveau de la capacité de mobiliser les populations autour d’une cause qui a trait à leurs intérêts légitimes. Or, il ne fait pas de doute que le slogan syndical, tel que perçu aujourd’hui, n’a plus cette aptitude d’accrocher les grandes masses, depuis qu’on verse dans le bobard politicien. Alors que les formations politiques dont relèvent ces courroies de transmission traversent des phases turbulentes de leur existence.

D’après les slogans répétés et les banderoles brandies, les manifestants en veulent beaucoup plus à la personne qu’à son programme. D’autant plus que l’alternative aux critiques arborées fait défaut. Que veut-on au juste ? Quel remède attend-on ? Rien n’est clair dans tout ce remue-ménage ! Ces instances syndicales ont donc appelé à une marche sans en connaitre les raisons tangibles ni les éventuelles conséquences. Une action que d’aucuns jugent insolite si l’on sait que les doléances sont dépourvues de tout sens concret ou raisonnement acceptable. Le mouvement est donc enveloppé de connotation populiste, loin d’émaner d’arguments purement revendicatifs. L’action syndicale tombe encore en panne. Et il est déplorable de constater que les calculs réducteurs l’emportent sur la le bon sens. Et le peuple dans tout cela ?

Il est alors déplorable d’en arriver ! Il serait beaucoup plus judicieux de se munir de pondération, en ces temps cruciaux que vit l’intégrité territoriale. Pour sa part, le gouvernement est appelé à faire preuve de beaucoup plus de souplesse afin de décrisper l’atmosphère générale, même si la riposte syndicale pourrait paraitre sans beaucoup d’effet qualitatif, encore moins quantitatif. L’appel à la raison, pour un retour immédiat à la logique du débat, est plus que jamais de mise, au moment où le modèle de développement du pays ne cesse de faire le tour du monde, en termes de stabilité, de sécurité, d’essor économique et social. Il n’y a pas lieu d’hypothéquer tout cet échafaudage pour une logique conflictuelle intestine.

Saoudi El Amalki

Top