Le mémorial de Pouchkine

Dans le souci de diversifier les marchés des voyages à travers le monde, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) a fait appel à un contingent de journalistes russes en vue de mettre en exergue les qualités de l’offre marocaine. En compagnie du délégué du département en question à Moscou, ce parterre des différents médias moscovites, s’est rendu, récemment, à la première station balnéaire du royaume.

Les hôtes de la place rouge ont eu droit à des entrevues accordées par les autorités administratives et représentatives de la région Souss Massa, ainsi que les opérateurs du tourisme, toutes entités confondues. L’objectif de cette tournée d’investigation étant de mettre en valeur le potentiel de cette destination huppée, la presse du continent des poupées russes s’est, sans nul doute, fait une idée sur ces atouts, en termes de structures d’accueil, de prestations et de services, d’animations et de patrimoines…

A première vue, une telle initiative est foncièrement louable puisqu’elle concerne l’un des marchés les plus émergents, en ces temps-ci. D’autant plus que les Russes sont en continuelle recherche d’autres destinations, autres que celles qui leur sont habituelles, depuis belle lurette. En effet, la Turquie, pôle d’attraction de choix à cette clientèle de bons vivants, semble déconcerter ces passagers avec ses frictions conflictuelles qui ne font que s’embraser de plus belle. L’Egypte, qui, depuis des lustres, a constamment séduit l’empire russe, révulse ses habitués pour des motifs sécuritaires, depuis le printemps démocratique.

En fait, les Russes, plus que jamais adeptes de l’exotisme et de la découverte, cherchent le bien-être et la sécurité. Le Maroc est sans conteste un lieu qui fournit, au grand jour, cette condition convoitée. Cependant, peut-on prétendre être à la hauteur de ce marché captivant qui inonde les meilleures destinations de la planète ?

Revenons à ce détour des journalistes russes dans la capitale du Souss ! On craint fort bien qu’ils se désillusionnent à voir toutes les difformités qui continuent à lester le produit Agadir. Au-delà de la convivialité humaine, qui a certainement marqué cette flopée de journalistes, on ne peut se targuer d’étaler grand-chose en matière de convenance touristique, qui puisse avoir des retombées médiatiques positives sur les récepteurs russes, toutes catégories réunies.

Sans nullement verser dans le pessimisme béat, il y a lieu de rappeler qu’Agadir abrite, depuis quelque temps, l’un des symboles historiques de la communauté russe, en l’occurrence Alexandre Pouchkine. En effet, une statue de bronze de cet illustre poète est dédiée à la ville, en reconnaissance de l’action commune, entreprise par des combattants associatifs et pédagogiques des deux pays. Ce somptueux mémorial, unique en son genre, puisque peu de nations dans le monde ont eu ce grand privilège de la part du pouvoir russe, se dresse aujourd’hui dans une école d’Agadir. Paradoxalement, personne n’a eu l’idée, lors de la visite des journalistes, d’organiser une visite à cette institution éducative en faveur des compatriotes de l’idole russe. Pas même, malheureusement, le consul honoraire de la Russie à Agadir, qui avait assisté à l’installation de la statue de Pouchkine dans l’esplanade de l’école Founty d’Agadir. Cette visite aurait, sans nul doute, donné un énorme effet dans les fibres des journalistes russes qui auraient, à coup sûr, trouvé quoi écrire sur une ville touristique, en quête de coups de cœur de cette envergure et de sursaut de compétence et d’imagination.

Saoudi El Amalki

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