Le projet Tichka dans le collimateur

On reviendra sur le tunnel Tichka, qui suscite, ces derniers temps, un vif débat, partout dans les milieux populaires, notamment les plus concernés par cette réalisation. Nombre de structures associatives montent au créneau, depuis un certain temps, sur les réseaux sociaux ou encore dans les places publiques, pour réclamer ce chantier, parmi les grands travaux qui s’effectuent, tambour battant. On se souviendra des innombrables individus ou groupes qui ont succombé sur les routes fatales des montagnes du Grand Atlas, en particulier les victimes de la route Ouarzazate-Marrakech, en septembre de 2012.

Cette date funeste demeurera gravée dans les mémoires. Et depuis, une recommandation insistante, relative à l’édification du tunnel de Tichka, a été émise, non pas seulement par les habitants de ces lieux reculés, mais aussi par l’ensemble des citoyens, frappés par les élans de solidarité et de compassion. Cela est désormais une réalité lugubre : les routes marocaines font partie des plus meurtrières au monde. En dépit des efforts déployés pour contrecarrer ce fléau, les accidents ne font que multiplier les carnages. Chaque année, l’hécatombe routière ensevelit plus de 4000citoyens, à cause de l’excès de vitesse, de l’ébriété folle, de la vétusté du réseau routier, de l’état d’endommagement mécanique du parc automobile…

Ni la mise en vigueur de la stratégie inhérente à l’insécurité, ni l’entrée en en vigueur du code de la route etdu permis à points, n’ont pu juguler cette calamité. Les statistiques catastrophiques parlent d’elles-mêmes : selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la mortalité due aux accidents est deux fois plus élevée que la totalité des morts au Maroc. La tragédie du col de Tichka vient encore une fois confirmer l’insouciance dont font preuve les décideurs à l’égard des régions frappées par la précarité et l’enclavement. Depuis longtemps, on avait parlé d’un grand projet de tunnel dont le coût s’élèverait à plus de 10 milliards de dirhams.

Cette réalisation dont les études seraient mises en œuvre constituerait un vecteur d’envergure en termes de développement touristique et, surtout, de sécurité routière. Cependant, jusqu’à présent, l’accomplissement de ce rêve met beaucoup de temps, même si la nécessité s’intensifie d’un jour à l’autre. Non seulement l’attractivité en est affectée, en dépit de la splendeur des sites naturels dont regorgent ces régions du sud-est marocain (palmeraie, kasbah, gorge, bivouac, dune…). Mais, pareillement des vies humaines succombent à une cadence vertigineuse.

La construction de ce tunnel s’avère, en effet, une priorité incontestable. Certes,l’exécution de cette performance demande un budget colossal, en cette période de crise financière, d’autant plus que le pays s’est engagé dans d’autres grands travaux. Cependant, il ne fait pas de doute que les fonds ne feraient jamais défaut si la volonté réelle existait pour une telle entreprise.

L’essor du Maroc «inutile» passerait indiscutablement par la mise en place de projets à même de permettre,tout d’abord, l’émergence d’un sentiment de justice et d’équité chez les populations abandonnées ; ensuite, l’éclosion d’infrastructures de développement dans ces zones enclavées. En fait, ces régions du sud-est du pays, à savoir Ouarzazate, Tinghir, Zagora, Errachidia, renferment des potentialités énormes qu’il faudrait valoriser. Laliaison de ces régions émergentes par un éventail routier sécurisant, avec notamment l’incorporation du tunnel sur le col Tichka, serait un déclic des plus réconfortants.

Saoudi El Amalki

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