Les concepts qui font la force de la nation

On aura beau soulever les dysfonctionnements qui émaillent l’évolution de la nation, il demeure que les avancées notoires dans maints domaines contredisent toute appréciation négative. Hormis les renégats, cette expansion dissuade les récalcitrants.

De tout temps, notre pays a constamment procédé par progressivité. Cette approche lui a permis d’éviter la précipitation qui, généralement, entraîne la casse. En effet, la fameuse trilogie, chère à feue Nawal Saâdaoui, à savoir Politique, Religion et Sexe, était abordée, chez nous, avec la plus grande minutie. D’autres concepts aussi délicats, tels l’intégrité territoriale et l’amazighité, entre autres, étaient pareillement entretenus dans la grande sagesse. Au fil du temps, on parviendra à banaliser nombre de tabous qui, il y a quelques années, s’érigeaient en sujets prohibés, pour des raisons excessivement sécuritaires.

On se rappellera la prudence dont était enveloppée la langue amazighe, au point de l’acculer à la quasi-ignorance. Aujourd’hui, on la hisse au tout premier plan constitutionnel, au même titre que l’arabe. A ce propos, la cause nationale a toujours été l’apanage d’une minorité de décideurs qui en détenaient toutes les ficelles, en la couvrant d’une opacité sèchement verrouillée. Actuellement, la diplomatie populaire, brandie par la société civile, partout dans le monde, vulgarise cette exclusivité, tout en notant la perméabilité relative de la diplomatie officielle à cet effet.

A mesure de cumuler les expériences électorales, en dépit de ses déchéances néfastes, la notion de la politique ne fait plus peur dans les milieux populaires, car, afin de monopoliser les centres de décision, on faisait croire aux masses que la politique, particulièrement celle de la gauche, était attentatoire à « l’ordre public ». Maintenant, les marges de liberté et des droits humains acquises dans un climat plus avenant, malgré le maintien de nombre de déficiences, donnent au concept de la politique plus d’ampleur et d’accessibilité.  Dans ce sillage, si les diverses libertés ont sensiblement évolué, la liberté sexuelle, quant à elle, est continuellement mise en « camisole », puisqu’intimement liée aux préceptes cultuels. De prime abord, on ne manquera pas de mettre en évidence la justesse de la « monarchisation » de la chose religieuse, autour du Commandeur des croyants, afin de garantir la stabilité, dans une société résolument conservatrice.
Nonobstant, on soulignera également l’effet de modération qui couvre les pratiques cultuelles traduisant, en fait, nos valeurs de tolérance et d’ouverture, des décennies durant. Dans ce sens, plusieurs comportements interdits par la Charia et la Loi, ne sont pas systématiquement « annihilés », du moins en discrétion… Toutefois, la police des mœurs interviendra quand il s’agira d’un flagrant abus en public contre des contrevenants imprudents. Dans ce contexte où les courants modernistes gagnent du terrain, de front avec l’obscurantisme importé, le débat s’amorce autour des thématiques qui s’insèrent, au fait, dans ce rapport de forces de cette dualité, sérieusement enclenchée dans notre société aux valeurs authentiques et aux tendances modernes. Personne donc n’a le droit d’occulter le droit à la différence, encore moins de menacer de liquidation corporelle le détenteur d’une opinion qui n’est pas nécessairement celle de l’autre. On ne peut alors remettre en question tout un édifice fondé, dans la sérénité et la conviction, au terme duquel on a pu ancrer, dans une optique du non-retour, les pierres d’une Nation dépositaire des principes cultuels et attachée aux fondements du progrès moderne.

Saoudi El Amalki

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