Les contusions des droits d’auteurs

La capitale du Souss était récemment le théâtre d’un profond débat autour de la problématique des droits d’auteurs, en présence du ministre de tutelle. On aura vécu, de bout en bout, un échange frontal animé par nombre d’acteurs dans le domaine de l’édition, de l’art et de la culture. Le problème est donc âprement soulevé par les intervenants qui ne cessent de cumuler les complaintes et les doléances à cet égard.

Il ne fait pas de doute que l’Etat, à travers son instance en charge de ce domaine, considéré comme le plus ancien office des droits d’auteur en Afrique, a déployé des efforts considérables pour protéger les intérêts légitimes des producteurs et des créateurs, toutes spécialités confondues. Dans ce sens, on s’est résolument conformé aux conventions universelles, tout en fortifiant la législation marocaine, notamment à l’adresse du bureau ad hoc et de ses succursales régionales. En parallèle, on procédera à l’incitation de la création des divers moyens d’expression et d’information, en particulier la libéralisation des antennes radiophoniques et des supports électroniques…

Cependant, il va non plus sans dire que le phénomène est entaché d’irrégularités dont la plupart constitue une réelle entrave à la sécurité et à la qualité de la production. A ce propos, on retiendra, non sans amertume, l’ignorance des droits et des obligations dont font preuve les auteurs eux-mêmes qui «pleurnichent» beaucoup plus qu’ils ne se donnent la peine d’assimiler les règles régissant la profession, par le truchement de l’agence nationale en question. Ce constat qui concerne une multitude d’auteurs, plus particulièrement les jeunes artistes non sensibilisés et mobilisés contre les effets néfastes des rouages de leur domaine, bourré d’arnaques et d’escroqueries, au grand jour.

Face à ces nonchalances, la piraterie prolifère dans le marché, commanditée par des « professionnels » en la matière, au point de noyer la production littéraire et artistique dans le bourbier de la médiocrité. Cette situation anarchique assène des coups durs aux auteurs authentiques dont les productions artistiques sont reléguées à l’indifférence totale, devant les produits piratés. En plus, cet état de fait favorise l’écroulement de la qualité artistique, car à quoi bon se casser la tête pour un bon produit dont la répercussion qualitative et pécuniaire laisse à désirer, face à la profusion du brigandage, finissent, malheureusement, par se persuader les auteurs !

La problématique est donc préoccupante d’autant plus qu’elle porte préjudice à la fiscalité de l’Etat en termes de rentes et à l’amélioration de la qualité du produit national. Il importe alors de s’y atteler sérieusement, par une approche inclusive en vue de mettre un terme à ce désordre qui infeste le marché de la production artistique marocaine et de préserver les droits d’auteurs et, de ce fait, concourir concrètement au relèvement de la création et du mérite dans les domaines de la littérature, de l’art et de la culture.

Saoudi El Amalki

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