Lutte contre l’habitat illicite

Le combat farouche contre l’habitat non autorisé se poursuit avec rigueur dans plusieurs villes du Royaume. A cet effet, les barons et les spéculateurs du foncier, en particulier des notables et des conseillers communaux qui ont l’habitude de prospérer dans ces rouages, ont été rappelés à l’ordre, sous peine de lourdes sanctions.
Dans plusieurs villes du pays, des constructions illégales ont été démolies à coups de bulldozers en présence des forces publiques sans que les populations n’esquissent aucune riposte. Les habitations illicites s’affaissent l’une après l’autre sous les heurts des engins rugissants.

Au côté de la prolifération des marchands ambulants dans les quartiers, la profusion des constructions illégales était telle que les contrevenants bâtissaient leurs idioties sur la buse de l’ONEP qui alimentait toute la ville de l’eau potable ou encore sur les bouches des égouts. Une réelle absurdité qui portait préjudice aux piétons aussi bien des parages que d’ailleurs. Cette matière vitale était donc une bombe à retardement dont se jouait une cohorte d’écervelés pour des convoitises aveugles. Par ailleurs, il convient de rappeler que des opérations similaires ont été entamées également dans des zones périurbaines et même au sein des localités à dominance rurale. Des milliers d’habitations irrégulières se sont effondrées sous les martèlements accrus des tracteurs et sous les yeux des victimes impuissantes. Toutes ces démarches qui s’insèrent dans une longue campagne de lutte contre la fraude urbanistique dans nombre de coins du pays transformés, à cause de la complicité et le laxisme, en un vivier de l’infraction et de l’insouciance. Il est à déplorer aussi l’attitude des populations qui courent des dangers criants, au regard du positionnement de nombre de constructions aux lits des oueds en hibernation et au cœur des insalubrités criardes. Les dérapages urbanistiques crèvent l’œil et altèrent le cadre de vie des habitants…Il est vrai qu’on ne peut que rendre hommage à ces actions salutaires de toutes les parties intervenantes qui se rendent sur les lieux de démolition, en dépit des jets de projectiles et des résistances manifestes. Cependant, d’aucuns s’interrogent sur le fait que nombre d’agents de cette même Autorité qui se secoue pour de bon et s’écarquille les yeux devant toutes ces immondice, avaient fait preuve, pendant longtemps, de profonde léthargie, alors que les constructions illicites s’élèvent par milliers dans toutes les contrées. Pourquoi ce long mutisme des autorités et des élus qui sont censés faire appliquer les lois avant que les contrevenants ne se propagent comme des termites dans le tissu urbanistique local ? N’y a-t-il pas là un véritable réseau de mafieux fonciers auquel se sont adjoints immanquablement des agents de l’Autorité, parmi les chioukhs, mokadems, caids, chefs de district…, en connivence avec les conseillers communaux, cherchant tous l’intérêt facile? Si aujourd’hui, on abat sans pitié l’épée de mort sur les contrevenants qui sont, à coup sûr, victimes de ce rouage urbanistique malsain, après avoir acquis des terrains ou bâtiments en infraction, la responsabilité incombe, en premier lieu, à ces rapaces du foncier qui ont semé, durant des années, dans l’impunité totale, les grains de la prolifération de l’hybridité urbanistique dont souffrent, aujourd’hui, nombre de villes marocaines.

Saoudi El Amalki

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