Abdelkader Retnani : «Un capitaine ne doit pas abandonner le gouvernail en pleine tempête»

Abdelkader Retnani a marqué l’histoire du grand club Raja de Casablanca. Les Verts et blancs ont remporté leur premier titre de champion du Maroc sous son mandat. En intellectuel engagé mais également visionnaire averti et manager pragmatique, l’ancien président du Raja sort de son mutisme pour diagnostiquer la crise dans laquelle sombre le club mythique de la métropole. Il propose également des solutions…

«Les problèmes qui affectent aujourd’hui le Raja ne sont qu’une crise passagère», estime Abdelkader Retnani, ancien dirigeant du club Casablancais. L’enfant de la métropole n’y va pas par quatre chemins en diagnostiquant la situation dans laquelle sombre le président Mohamed Boudrika. «Il faut de la rigueur et de la rigueur et rien que la rigueur», martèle-t-il. En fait, «c’est la panacée idéale pour rectifier le tir et mettre toute l’équipe sur les rails», déclare Retnani à Al Bayane. Pour lui, «on ne peut point juger le club sur les mauvais résultats enregistrés récemment. D’ailleurs, cela pourrait se produire dans n’importe quel grand club du monde», ajoute-t-il.   Et de poursuivre, «la gestion moderne d’une organisation quelle qu’elle soit, exige avant tout de se doter d’une démarche d’écoute et d’impliquer tous les acteurs dans le processus décisionnel et non pas de déserter le terrain». Autrement dit, le président actuel doit assumer pleinement ses responsabilités et non pas s’arrêter à mi-chemin. «Un véritable capitaine de bord n’abandonne jamais son poste», souligne-t-il en substance, tout en mettant l’accent sur le fait que le comité des sages des verts est là pour accompagner Mohamed Boudrika dans sa mission jusqu’au bout. «Un bon général, c’est celui qui fait preuve de sagesse, de maturité voire d’une vision innovante et inscrit son action dans la durée et ne se laisse pas influencer par le climat ambiant», déclare-t-il. Abondant dans le même ordre d’idées, Abdelkader Retnani met en garde contre les bruits de couloirs et les polémiques vaines qui ne font qu’aggraver la situation et impacter le moral et le psychique des joueurs. Qui plus est, la démission de Boudrika en l’état actuel risque de plonger le club dans une spirale infernale et le mener vers un avenir incertain.

Manque de civisme !

Toujours selon Retnani, le moment est venu pour instaurer de nouveaux principes de management. Comment ? La solution insiste-t-il, consiste à procéder à une opération de «re-engineering » de tout le club et de réinstaurer un climat de stabilité, outre le fait de mettre en place des mesures de rigueur. « Le fait de changer l’entraineur à chaque fois que l’équipe perd, dénote un manque de stratégie, de maturité et de bon sens», laisse-t-il entendre. Connu par son franc-parler, Retnani tire à boulets rouge sur les entraineurs cupides qui n’ont que des intérêts pécuniaires. «Cela relève d’un manque de civisme et de professionnalisme, pur jus !», juge t-il.

D’une manière plus claire, «un entraineur qui perçoit un salaire faramineux dépassant parfois les 200 mille DH se trouve dans l’obligation de se donner à fond à son travail et sacrifier tout son temps pour le projet du club au lieu de jeter son échec sur les autres».

Ainsi, Retnani se souvient des années grandioses des verts, notamment à l’époque où le grand entraineur Fernando Cabreta a été propulsé aux commandes de l’équipe. «Quand j’étais à la tête de la direction du club, mon souci consistait à mettre de l’ordre et instaurer des mécanismes d’un nouveau management, à l’instar des équipes européennes», affirme-t-il, tout en soulignant que le Raja de Casablanca a été parmi les premières équipes du Royaume qui ont mis en place un système de professionnalisme. Arguments à l’appui, Retnani énumère les multiples actions initiées par le club à l’époque où il était président : contrat de parrainage, sponsoring, processus d’informatisation…Et les actions n’en finissent pas.

Pour l’ancien président du Raja, «notre devoir nous impose aujourd’hui d’être patients, de garder la tête froide et de mettre fin aux guerres intestines qui n’apportent aucune valeur ajoutée au club», car en fin de compte, «le Raja est une grande équipe, que ce soit par son fabuleux public, ses dirigeants, son palmarès et son histoire… », Conclut-il.

Khalid Darfaf

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