«Adopter les programmes en liant le financement aux résultats»

Le partenariat Public-Privé est un mode de gouvernance en plein développement au Maroc confie, à Al Bayane,  Anass Doukkali, DG de l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) qui explique  que le PPP a fait l’objet récemment d’un encadrement réglementaire fixant les principales orientations devant le régir.  Pour lui,  les prestations sur lesquelles le PPP pourrait porter dans le domaine de l’emploi peuvent concerner d’autres  populations spécifiques non couvertes par les mesures et programmes existants. D’ailleurs, c’est dans ce cadre que  L’ANAPEC organise ce mardi à  Rabat, en partenariat avec le Ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales et l’Agence de Coopération Internationale Allemande pour le Développement GIZ, un séminaire sur le thème : «Partenariat Public-Privé: levier de la promotion de l’emploi». Anass Doukkali rappelle l’engagement déterminé de l’agence à s’ouvrir à travers un offre de services adaptés dans un cadre partenarial, pas uniquement pour les personnes à mobilité réduite, mais aussi pour toutes les catégories de handicap. Il précise par ailleurs, que Le partenariat en emploi a le potentiel de professionnaliser le métier de conseil en emploi au Maroc d’une manière considérable.

AL Bayane : Quel bilan faites-vous, aujourd’hui, de l’expérience marocaine au niveau du partenariat public-privé pour la promotion de l’emploi des jeunes ?

Anass Doukkali : Le Partenariat Public-Privé, connu sous l’abréviation PPP, est un mode de gouvernance qui a connu un développement accru ces dernières années au Maroc, notamment avec la tendance générale d’optimisation de l’action et des dépenses publiques. Il a fait l’objet dernièrement d’un encadrement réglementaire via un décret qui fixe les principales orientations devant le régir.

Dans le domaine de l’emploi et du développement humain en général, d’autres formes de partenariat fructueux que celui du public-privé peuvent concerner d’autres parties prenantes, comme les associations, et peut se concrétiser de différentes façons : Public-privé sous forme d’une sous-traitance ou d’une externalisation, Public-associations avec conjugaison des efforts et complémentarité ou encore sous-traitance et externalisation, et enfin Public-public sous forme de contribution conjointe ou sous-traitance dans le cas des institutions publiques habilitées à réaliser des prestations payantes au même titre que les opérateurs privés.

D’une manière générale, les prestations sur lesquelles le PPP pourrait porter dans le domaine de l’emploi peuvent concerner des populations spécifiques non couvertes par les mesures et programmes existants. Je donne l’exemple de l’orientation professionnelle, l’amélioration de l’employabilité, la préparation au marché du travail et l’accompagnement à l’auto-emploi qui peuvent être externalisées dans un cadre partenarial, au profit des personnes en situations de handicap, avec les associations accompagnent cette population, ou encore à destination des immigrés régularisés en collaboration avec les ONG spécialisées dans l’immigration. Dans notre expérience, les partenariats dans ce contexte couvrent même la mutualisation des ressources, comme c’est le cas pour des associations qui mettent des espaces emploi à notre disposition.

A ce titre, plusieurs expériences ont été menées en partenariat avec des opérateurs de formation et des structures d’appui à l’emploi aussi bien publics, privés qu’associatifs, avec un financement basé sur les résultats. Par exemple, la Formation Qualifiante et de Reconversion (FQR) est une prestation de l’agence qui a comme objectif de faciliter l’insertion des jeunes diplômés en difficulté d’insertion par l’acquisition de compétences professionnelles et l’adaptation de leurs profils aux besoins du marché de l’emploi. Cette prestation est délivrée à travers des établissements publics et privés de formation professionnelle et d’enseignement supérieur et des cabinets de conseil en formation sélectionnés par le comité régional d’amélioration de l’employabilité suite à un appel d’offres. Comme résultat, la FQR a permis l’amélioration de l’employabilité de 2793 bénéficiaires en 2016.

Dans le même sillage, la Formation Contractualisée pour l’Emploi (FCE) est une autre prestation de l’agence qui est délivrée dans un cadre partenarial. Elle permet aux chercheurs d’emploi d’acquérir les compétences nécessaires pour occuper un emploi identifié et par conséquent, développer son employabilité d’une part, et permet aux employeurs de réaliser des recrutements pour lesquels ils ont des difficultés à trouver les candidats ayant les compétences requises, d’autre part. La FCE a pu bénéficier à 3986 personne en 2016, dont 1264 dans le cadre de programmes sectoriels (Cass Académie, Akadimyat Attadriss…).

Si ces deux mesures marchent encore, d’autres ont été discontinuées comme l’appui à l’auto-emploi, l’accompagnement intégral et l’accompagnement à l’insertion.

Selon vous, sur quoi devra reposer une politique de Partenariat Public-Privé dans le domaine de l’emploi?

D’après les différentes expériences que nous avons vécues ou étudiées, au Maroc comme à l’étranger, il est essentiel d’adopter des politiques d’appui à l’emploi qui reposent sur trois principes clés : Premièrement, il faut améliorer en continu les prestations et les mesures, voire même procéder à leur réingénierie, tout en adoptant une approche basée sur l’innovation permanente. Deuxièmement, les différents acteurs de la promotion de l’emploi doivent conjuguer leurs efforts, qu’ils soient publics, privés ou associatifs. Troisièmement, il faut adopter des programmes en liant le financement aux résultats pour un maximum d’efficience.

Qu’en est-il du développement de l’activité du conseil en emploi au Maroc?

Le partenariat en emploi a le potentiel de professionnaliser le métier de conseil en emploi au Maroc d’une manière considérable. L’absence de formations universitaires dans ce domaine nous pousse alors à chercher des solutions dans un cadre partenarial bien régi.

Vu la diversité des intervenants dans ce domaine, l’agence travaille actuellement pour la mise en place d’une stratégie qui identifie les prestations pouvant être sous-traitées avec des cahiers de charges et manuels de procédures claires.

En effet, les prestations dans ce cadre doivent être adaptées et de qualité et leur délivrance ne peut souffrir d’un manque de professionnalisme, compte tenu de la sensibilité de la problématique de l’emploi.

Qu’en est-il de la place réservée aux personnes à mobilité réduite?

Il est opportun de rappeler l’engagement déterminé de l’agence à s’ouvrir sur cette population à travers une offre de services adaptés dans un cadre partenarial, pas uniquement pour les personnes à mobilité réduite, mais aussi pour toutes les catégories de handicap.

A ce titre, nous nous joignons à divers partenaires publics comme l’Entraide Nationale et l’ADS et de la société civile comme l’association Espoir Maroc pour apporter des solutions aux énormes difficultés d’intégration au tissu économique que rencontre cette population, notamment dans les domaines de l’auto-emploi et de la création d’AGR et TPE.

En plus, nous travaillons actuellement avec la GIZ sur un projet axé sur l’amélioration des services rendus aux personnes en situation de handicap en matière d’orientation, de préparation et d’insertion dans la vie active.

Fairouz El Mouden

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