Al Bayane, une présence constante à la fête de l’HUMA

Depuis fort longtemps, le quotidien Al Bayane est constamment présent aux festivités de l’humanité, organe de presse du Parti Communiste Français (PCF). Une constance dictée par une forte volonté du journal marocain, organe de l’héritier du Parti Communiste Marocain (PCM), de s’allier au mouvement progressiste mondial, à travers ce traditionnelle événement. La présence continuel du quotidien marocain à la fête de l’HUMA, à travers d’un stand joliment pavoisé pour la circonstance, revêt une dimension toute particulière, en tant que support progressiste et libérateur, partisan des valeurs de la paix, de la démocratie et de la lutte contre l’exploitation, l’hégémonisme et l’oppression.

Depuis des lustres, Al Bayane est présent à l’HUMA et présente, en cette occasion, un spécial édité et dédié aux participants de ce rendez-vous annuel, avez des témoignages, des textes et des chroniques relatant la situation politique et socioéconomique dans notre pays , mais également des réflexions et et opinions sur les questions d’ordre universel. C’est une tradition qui a toujours d’Al Bayane un support médiatique de choix parmi les plus prestigieux des médias écrits.

C’est également une opportunités par les camarades du PPS et  les chroniqueurs du quotidien marocain de favoriser l’échange et le partage dans le monde de l’édition et de la politique internationale. Il faut bien dire que les camarades de la section de Paris et d’ailleurs ont toujours joué un rôle décisif dans la concrétisation des contacts et des rencontres aussi avec les organes de presse présents dans les différents et forums de ce rassemblement planétaire que les responsables du mouvement communiste, socialiste et ouvrier du monde entier. On retiendra tout particulièrement certains militants dévoués, des décennies durant, notamment feu Mohamed Zograni qui nous a cruellement quitté, au mois de septembre dernier.

Il va sans dire enfin que cette expérience de la contribution de la presse du presse, la seule d’ans le pays, est à même d’ancrer encore davantage les idéaux internationalistes du mouvement communiste, socialistes et ouvriers partout dans le monde dont Al Bayane est et restera partie prenante. Sa présence et sa contribution effectives à la fête de l’HUMA en est une parfaite illustration

Saoudi El Amalki

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Un homme profondément humble et fraternel

On m’a demandé de parler de Si Mohamed Ferhat.

Si Mohamed Ferhat, je l’ai rencontré pour la première fois, un jour de l’été 1974, à l’imprimerie de nos journaux. Abou Mounia venait remettre sa chronique à la Rédaction d’Al Bayane, chapeautée à l’époque par Si Khalid Naciri et Si Mohamed Bennis.

Je ne l’ai plus revu jusqu’en 1981, quand j’avais intégré AL Bayane.

Et c’est feu Si Mohamed Kouakji L’fkih qui me facilitera de me rapprocher du défunt.

Mais c’est particulièrement quand il est devenu membre permanent de la rédaction, au milieu des années 80, que nos liens ont commencé à se tisser et à se consolider.

Depuis, une profonde amitié nous a liés.

Si Mohammed Ferhat avait de nombreuses qualités et vertus dont certaines ont été relevées par mes amis Abdelkader Jamali et Moha Mokhliss.

Pour ma part, je retiendrais quelques traits qui m’ont frappé chez le regretté défunt.

Il avait une culture qui dépassait largement son savoir politique.

Il disposait également d’une réserve courtoise dans l’expression de ses connaissances et de sa pensée, et d’une faiblesse face à l’amitié et à la confiance.

C’est le fond de son personnage.

Une belle leçon de la vie…

Il m’a raconté souvent la vie militante de ses compagnons de lutte, Ali Yata, Abdeslam Bourquia, Abdallah Layachi, Hadi Messouak, Aziz Belal, Simon Levy et d’autres, et a jeté des faisceaux de lumières sur bien des aspects de l’histoire du pays et du parti.

Son talent de conteur et sa fraternité exprimaient ce que doit être le militant d’aujourd’hui.

J’ai aimé cet homme, tel un père, tel un grand-frère.

Il a continué son combat politique autrement. En se consacrant totalement à l’écriture et à la culture.

Il est utile de relire ses écrits en ce moment où un vent de liberté, nouveau, souffle sur le monde arabe, pour se donner l’ampleur de la force de ce qu’il a pu léguer en tant qu’artiste des mots et professeur.

Je n’oublierai jamais ces moments partagés, dans le travail et lors de nos rencontres amicales. Il était brillant dans son œuvre, tout en restant si discret, si humble.

Doté d’une énergie calme, il était un fin organisateur du travail.

Il était le plus âgé de l’équipe de la Rédaction, mais il était le premier à venir au boulot, bien matinal.

A l’arrivée des autres journalistes, il avait déjà fait l’essentiel du travail. Les deux rouleaux de la MAP et de l’AFP ont été dispatchés et mis dans des chemises improvisées, en fonction des rubriques du journal.

Les dépêches qu’il jugeait importantes sont triées à part. Un véritable travail de préparation de l’édition du jour.

Si Mohamed Ferhat était un grand homme connu aussi pour ses gestes de générosité, toujours prêt à aider, dans l’élégance, l’humilité et la discrétion.

Une belle leçon de la vie qu’il nous a donnée, sur le plan humain et professionnel.

Outre sa profonde connaissance de la Révolution française et celle des Bolchevicks, il a accumulé un fin savoir encyclopédiste et des hommes des Lumières.

En homme de lettres, il avait une prédilection pour certains écrivains du mouvement surréaliste, notamment Philippes Soupault, André Breton, Aragon et d’autres.

Un excellent porteur des douleurs et espoirs humains

Mohamed Ferhat avait beaucoup d’admirateurs, de fans et de lecteurs qu’il a émerveillés par son talent et le contenu de ses écrits, tant il était exigeant envers lui-même dans le travail des mots, des lignes et des phrases, et, je dirais, de leur musique.

Il était un excellent porteur des douleurs et des espoirs des Marocains.

Nous pouvons dire, sans exagération aucune, que le Maroc, le Parti et le journal ont perdu en Si Mohamed Ferhat un porte-voix, un créateur de qualité et un artiste du verbe et du langage. Une humilité authentique qui valorise l’autre sans fausse autodépréciation ou fausse modestie.

C’est le signe d’une grandeur de l’âme, de la vie, d’une disposition au bonheur de découvrir, au plaisir de la bonté humaine, à la rage de la grandeur de la vie. Mais peu importe si cela allait à contre courant du nouveau monde où la loyauté et la confiance n’ont plus cours dans les relations, face à la perdition de l’idéal commun, même si cela ne cadrait plus avec les exigences de l’époque et n’était pas au goût du jour.

Il s’exprimait sur un ton mineur. Et n’eussent été l’admiration et le respect dont il jouissait auprès de ses camarades et amis, on l’aurait à peine remarqué. Car il écoutait attentivement ses interlocuteurs et utilisait très peu le « je» et le «moi». Et pour le faire parvenir à parler de lui, c’est tout un parcours de combattant.

Sur le plan des écrits, il possédait la capacité de donner sens et vie aux mots simples, aux gestes et actes les plus ordinaires.

Il s’avait traduire, par les mots, les maux de pans entiers de citoyens, des damnés de la terre, pour semer l’espoir de lendemains meilleurs.

En témoignent ses nombreux reportages sur la condition inhumaine, les faits de société, les drames sociaux, les massacres environnementaux, le combat de la femme.

Son combat pour le gente féminin est connu. Il est resté fidèle au muguet du Premier Mai, offert régulièrement aux collègues femmes de l’Administration du journal.

Et meilleure illustration de cet engagement, sa compagne de toujours LallaRkia, qu’il a connue grâce à feu Germain Ayache. Il l’a aidée à apprendre à lire et à écrire. Autodidacte, elle a fini sa carrière comme haut cadre commercial dans une entreprise privée…

A la fin de ses jours, le défunt a vécu une solitude profonde, endémique, quand les yeux l’ont trahi et quand ses amis et camarades l’avaient perdu de vue, abandonné.

J’avoue, pour ma part, avoir failli au devoir d’amitié, de fraternité.

Réparer les manquements consiste aujourd’hui à compiler puis à éditer ses écrits pour que leur mémoire se prolonge longtemps avec ses textes littéraires et poétiques.

Mohamed Khalil

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Al Bayane au chevet du cinéma

Une école. C’est ainsi que Hamid Mohamed, de son vrai nom Hamid Nahla, décrit son expérience à Al Bayane. Sa première contribution dans le journal remonte à 1972, alors qu’il n’avait que 17 ans.

Quarante-cinq ans après, il se souvient du moindre petit détail de son expérience à Al Bayane. «Tout à commencer avec ma nouvelle, intitulée naissance d’un révolutionnaire. Mon professeur de langue arabe m’avait orienté vers le journal Al Bayane pour publier ce texte», confie-t-il. D’autres articles touchant notamment aux problèmes des jeunes et des affaires internationales comme le coup d’Etat du 11 septembre 1973 au Chili s’en sont suivis. En décembre 1973, il fut contacté par Feu Ali Yata. Hamid Nahla se rappelle encore de la lettre postale dans laquelle Feu Ali Yata l’avait félicité pour ses contributions et convié à une réunion au siège du journal. « A l’époque, le siteétait petit, comprenant six salles dont le bureau du directeur dans lequel était affiché un tableau réunissant Marx, Lénine et Engels », se rappelle-t-il encore.

L’ambiance était à la décontraction. « Ma tenue vestimentaire et mes cheveux en l’air avaient beaucoup étonné Feu Ali Yata au point qu’il m’avait demandé si j’étais vraiment Hamid Mohamed, celui qui trempe sa plume dans la critique cinématographique et dans des dossiers touchant des questions importantes », nous confie-t-il. Passé ce moment d’humour, Feu Ali Yata lui propose de rejoindre l’une des organisations parallèles d’un parti en gestation, en l’occurrence le PPS. Une invitation qu’il décline pour préserver, explique-t-il, sa marge d’indépendance journalistique.

Le témoignage de Hamid Nahla éclaire surtout sur la place singulière du journal Al Bayane dans la presse marocaine. « Le 1er numéro d’Al Bayane est sorti le 24 novembre 1972 pour compléter le parcours des journaux partisans interdits comme Al-Moukafih. Il a d’abord été diffusé comme hebdomadaire en langue arabe sous format tabloïd avant d’être publié plus tard en français », rappelle-t-il. En août 1974, le PPS est officiellement reconnu. « Pendant toute cette période, le journal a joué un rôle pionnier en influençant l’élite, notamment les universitaires, les écrivains et les cinéastes, principalement ceux qui affichaient leur compassion envers le parti », affirme-t-il.

Hamid Nahla décrit essentiellement le rôle qu’a joué Al Bayane dans le développement du paysage cinématographique. Le journal consacrait, en effet, une page hebdomadaire à la critique cinématographique. Il lui arrivait parfois de dédier pas moins de trois pages au cinéma, en plus du supplément culturel, contribuant ainsi à l’enrichissement de la critique cinématographique. Ce qui a d’ailleurs inciter plusieurs plumes à collaborer avec le journal. « SiYata a veillé à réunir toutes les conditions pour réussir cette expérience qui a duré sept ans. Et le succès fut au rendez-vous grâce à la persévérance du personnel d’Al Bayane », affirme Hamid Nahla qui garde encore les quelques 330 éditions dans lesquelles ses textes critiques ont été mis en valeur avant qu’il ne soit contraint de quitter le Maroc, échappant aux pratiques de harcèlement dont il a été victime. Depuis, « les deux versions d’Al Bayane ont connu d’importantes mutations, en dépit des contraintes, en l’occurrence la baisse des lecteurs et la concurrence de la presse électronique ».

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