Ali Benmakhlouf: «La philosophie arabe est «anonymisée» et «occultée»

Il y a des zones d’ombre dans l’histoire de la philosophie. Ce qui exige entre autres une relecture avec de nouvelles lunettes de cet héritage de pensées et de réflexion universelles.

Il y a quelques années, le philosophe  hédoniste Michel Onfray avait  créé l’université populaire pour enseigner la «contre histoire de la philosophie», en se focalisant  sur des philosophes anarchistes et en essayant de présenter  un savoir alternatif. Le principe consistait à déconstruire les légendes qui accompagnent la philosophie et certains philosophes.

Evidemment Michel Onfray et Ali Benmakhlouf ne partagent pas la même démarche, ni les mêmes visions et matériaux de travail, mais leur finalité ultime demeure la recherche de la vérité, des vérités «relatives». Le titre du nouveau livre d’Ali Benmakhlouf «Pourquoi lire les philosophes ? » demeure une question légitime qui ouvre de nouvelles pistes de réflexion et de questionnement. Et comme il avait déjà évoqué lors d’une rencontre organisée le jeudi 19 mai au café littéraire du Piétri à Rabat, le penseur a recouru à une philosophie comparée.

Le philosophe mène une quête/enquête de la vérité chez les philosophes médiévaux. «La philosophie arabe est «anonymisée» et «occultée» », a déclaré le philosophe Ali Benmakhlouf. En effet, le penseur essaye de jeter la lumière sur les philosophes du VIIIe et du IXe siècle, en remettant en question leur place prépondérante dans le paysage philosophique mondial et dans l’évolution du processus de réflexion et de pensée humaines.

Benmakhlouf  compare les écrits de certains philosophes arabes et occidentaux comme Montaigne, Aristote et bien d’autres qui ont utilisé cette philosophie à travers la traduction sans jamais citer la  référence.

Pour lui, les philosophes arabes ont joué un rôle prépondérant pour l’évolution de la philosophie moderne. Pour lui, il faut mettre en évidence l’apport important de cette philosophie écrite en arabe, notamment à travers les manuscrits dont disposent aujourd’hui les arabes. Qui plus est, pour lui, les philosophes arabes étaient des commentateurs et non pas des traducteurs contrairement à certains philosophes occidentaux.

Le philosophe réinterroge les concepts de la transmission et de l’éducation.  Il appelle à une lecture vigilante et minutieuse de la philosophie arabe pour tracer un cheminement de pensée saine, claire et qui mène à la «vérité».

Mohamed Nait Youssef

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