Alliance nature et contre-nature!

L’alliance PPS/PJD constitue désormais une référence dans les annales de la pratique politique marocaine. Le rapprochement de deux formations aux identités idéologiques hétéroclites voire conflictuelles de par le passé, qui parviennent à trouver des terrains d’entente momentanés pour la bonne cause nationale est, en fait, un modèle de courage et de maturité. Durant presque un mandat, jour pour jour, les deux partenaires ont fait preuve de beaucoup de tact politique pour casser le tabou d’antan et prioriser ce qui les assemble, tout en mettant à l’écart ce qui les dissemble.

En tant qu’étapistes consciencieux, les deux associés, diamétralement opposés et au passé des extrêmes, avaient «cru» en l’avenir, au lieu de l’insulter, au lendemain du printemps démocratique. Ils s’en trouvent, maintenant, fiers de ne pas avoir failli à leur mission, sans pour autant faillir, non plus, à leur référentiel respectif. Pour ce faire, il leur a fallu des concessions, de part et d’autres, même quand le compromis frôle les limites de leurs convictions mutuelles. Un bel exemple de sens de la coexistence !

On aura donc apprécié ce haut degré de discernement que nul ne peut contester actuellement aussi bien chez l’intelligentsia qui reconnait, sans bavure, l’audace hors pair de cet antagonisme idéel, que chez les populations qui ressentent, à coup sûr, le «sérieux» des deux partis, en dépit de l’aspect spécifique de ce dernier pour chacun d’eux. Ceci étant, il importe de préciser que, pour le PPS, ce côtoiement avec le PJD n’a pas été chose aisée, tant au début que durant cette coalition contre-nature. Tout d’abord, il fallait s’attendre à des états d’âme grincheux de la part des alliés-nature, en particulier de l’USFP, alors que la vraie raison de son non-ralliement, d’ordre interne, se trouvait bien ailleurs. Ensuite, bon nombre d’intellectuels trouvaient beaucoup de peine à comprendre ce qu’ils ont appelé, à tort, «revirement» de la ligne politique des communistes.

En fait, le choc du réalisme du PPS, judicieux et percutant,  était tel, qu’il avait dérouté les uns et les autres. Tant de positions qui pouvaient paraître «bizarroïdes» d’antan eurent le même effet aussi bien sur les avertis que les profanes, notamment l’invasion de l’armée iraquienne dans le sol koweitien. Et bien d’autres exemples qu’on ne peut pas tous évoquer ! Ce n’est qu’après des années que tout le monde reconnaissait la justesse des décisions du PPS pour tel ou tel événement tant national que planétaire.

Aujourd’hui encore, après cette alliance du PPS avec le PJD qui avait semblé, par moments, «insolite» et «aventureuse», suscite actuellement l’approbation voire l’admiration d’une bonne partie des marocaines et des marocains, sauf bien naturellement les renégats et les hégémonistes politiques. Y compris certains cadres de l’USFP qui s’en mordent les doigts, affirment avoir raté le coche et fait fausse route, mais estiment qu’il est toujours temps de se ressaisir…Ce retour à l’évidence, dicté par les rapports de forces et le devoir national de la situation qui prévaut dans notre pays, ne fait alors que commencer.

La nature est l’ennemi du vide, a-t-on l’habitude de rétorquer à cette sorte d’errement politique…

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